Le président coordinateur de la commission nationale consultative pour une nouvelle République, Sadok Belaïd, a considéré que la nouvelle constitution devait éviter de retomber dans les situations de blocage vécues durant les douze dernières années. Invité le 13 juin 2022 par Insaf Yahieoui à l'émission Al Wataneya Al An sur la Télévision nationale, Sadok Belaïd a souligné la gravité de la crise financière. Il a considéré que la nouvelle constitution devait apporter des solutions et mettre fin à la dégradation de la situation économique. Il a considéré que les climats national et étranger devenaient de plus en plus difficiles. Il a insisté sur l'importance de la mobilisation de ressources et de la planification pour la réalisation de projets d'investissement et pour la réalisation de programmes de développement économique. Il a considéré que le principal obstacle était l'instabilité politique.
Sadok Belaïd a assuré que la politique et les institutions de l'Etat joueront le rôle de mécanisme de réalisation des objectifs économiques. Il a considéré que Montesquieu avait élaboré une théorie de séparation des pouvoirs sans penser à leur fonctionnement. Il a estimé que la théorie de la séparation des pouvoirs était caduque et dépassée. Il a affirmé que les pays ne cherchaient plus à adopter ces vieilles méthodes et théories. « Nous allons appliquer la théorie de la séparation des pouvoirs tout en la modifiant… Nous allons adapter et modifier les pouvoirs. Nous allons créer une instance de gouvernance qui sera chargée du pouvoir exécutif. Il s'agit d'une autorité chargée de dynamiser et de contrôler l'action dans les domaines économique et social. Le rôle du parlement se limitera aux questions d'ordre législatif… Il y avait une ingérence de la part du parlement dans les affaires du pouvoir exécutif. Il n'était pas à la hauteur… L'instance de gouvernance sera la dynamo de l'économie. Il y aura un président de la République. Il aura une liste de prérogatives afin de créer un équilibre entre lui et le gouvernement », a-t-il poursuivi.
Il a estimé que la désignation du président du parti vainqueur aux élections par le président de la République était l'une des raisons principales des échecs politiques successifs. Il a considéré que ceci a démontré l'incapacité du mouvement Ennahdha et des personnes désignées à gouverner. Le président de la République procédera lui-même à la nomination du Premier ministre, a précisé le doyen. Selon la même déclaration, le chef de l'Etat est le président de tous les Tunisiens et il est le seul à voir les choses de façon objective. Sadok Belaïd a estimé que certaines instances ne devaient pas être citées dans la constitution. Le prochain parlement aura aussi la possibilité de créer des instances en fonction des besoins « L'économie solidaire représente 20% de l'économie nationale en France. Aux Etats-Unis d'Amérique, il y a autant de banques spécialisées en économie solidaire que de McDonald's… Nous nous sommes principalement focalisés, durant cette période, sur l'axe économique, social, culturel et environnemental. Il n'y a pas de politique. L'aspect principal est économique… Une constitution politique ne s'adresse qu'aux politiciens. Nous devons inverser les choses. Les problèmes sont d'ordre économique. Nous devons donc mettre en place les mécanismes et les institutions permettant de mettre en place les solutions aux problèmes économiques et sociaux », a-t-il dit.
Sadok Belaïd a estimé que le rôle de l'Etat devait être révisé. Il a considéré que l'administration tunisienne était la principale cause de l'inefficacité de l'Etat. Sadok Belaïd a affirmé ainsi que chaque citoyen devait contribuer à la création de la richesse et participer dans la dynamique économique. L'Etat, selon lui, doit faciliter cela en évitant de monopoliser des secteurs ou des activités. « Il est immoral à un Etat de vendre du tabac… Nous allons prochainement annuler certaines autorisations. Ceci signifie une libéralisation de l'initiative… Nous allons inclure un article affirmant le principe sur lequel se baserait l'activité économique. L'autorisation sera l'exception et elle devra découler d'une loi… Nous allons, également, évoquer la question des énergies renouvelables et des véhicules à hydrogène », a-t-il expliqué. Par ailleurs, Sadok Belaïd a estimé que la suppression ou le maintien de l'article premier stipulant que la religion de l'Etat était l'Islam représentait un faux débat et n'avait pas à avoir lieu.