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Baisse du déficit budgétaire, une nouvelle contrevérité !
Publié dans Business News le 04 - 09 - 2022

Presque tous les pays du monde ont été pris au dépourvu par la hausse phénoménale des cours de produits de base, des matières premières et du prix de pétrole, ce qui a engendré une inflation record jamais atteinte depuis des décennies et dépenses supplémentaires imprévues. En Tunisie, les résultats provisoires de l'exécution du budget de l'Etat à fin juin 2022 font état d'une baisse du déficit. Des chiffres édulcorés qui ne reflètent pas la réalité de la situation économique du pays.

Selon les résultats provisoires de l'exécution du budget de l'Etat, le déficit budgétaire a baissé de 75,23% au premier semestre 2022, passant de -1.900,9 millions de dinars (MD) fin juin 2021 à - 470,8 millions de dinars fin juin 2022. Les recettes de l'Etat ont augmenté de 22,16% pour cette période évoluant de 15.818 MD à 19.323,3 MD. Les dépenses se sont accrues avec un rythme moins soutenu de 7,69% atteignant 18.980,7 MD contre 17.624,6 MD pour la même période un an auparavant.
Commentant le déficit budgétaire, le docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur à l'Université de Carthage et expert-consultant, Aram Belhadj, a estimé, dans une déclaration à Business News que le chiffre présenté est « étonnant » car selon la Loi de finances 2022, le déficit prévu est de 9.308 MD sur l'ensemble de l'année. Donc, le déficit aurait dû se situer au moins à la moitié de ce chiffre, soit à 4.650 MD. Or, il n'est que 470 MD à fin juin 2022.
M. Belhadj a affirmé, dans ce cadre : « Des interrogations se posent alors. La situation des finances publiques s'est-elle miraculeusement améliorée permettant de réaliser un déficit budgétaire minime ? La réponse est non ! Alors qu'est ce qui explique ce chiffre ? Deux choses expliquent ce résultat. Premièrement, le rythme de l'accroissement des recettes est bon : sur les 38.618 MD de recettes prévues par la Loi de finances 2022, 19.323,3 MD ont été collectés. L'Etat est donc en train de collecter normalement les recettes fiscales et non-fiscales, ce qui est une bonne chose. Cela dit, il ne faut pas oublier que ce rendement englobe les recettes exceptionnelles issues de l'amnistie fiscale. Deuxièmement, le rythme ralenti d'exécution des dépenses a impacté le déficit. Ainsi, on remarque que pour les dépenses d'interventions, qui englobent le payement des fournisseurs et des compensations, sur les 14.267,3 MD prévus dans la Loi de finances 2022, seulement 4.051,9 MD ont été réalisés à fin juin 2022. Idem pour les dépenses d'investissements, sur les 4.183,2 MD prévus, 1.520,2 MD ont été exécutés ».
Et de rappeler que le déficit provient de la soustraction des dépenses des recettes, sans tenir compte des dons, des recettes de privatisation ou les saisies.


La conclusion pour lui est que l'Etat n'est pas en train de réaliser les dépenses prévues. Il n'est pas en train de payer les fournisseurs, il n'est en train de payer que la compensation et il collecte normalement les recettes.
« Les répercussions de cette stratégie seront révélées plus tard, car le rythme d'exécution des dépenses est appelé à s'accélérer alors que le rythme de collecte des recettes va rester normal. Ce qui va engendrer une problématique importante, surtout qu'il n'y a pas d'accord avec le Fonds monétaire internationale (FMI), alors que la Loi de finances 2022 a était bâtie sur l'hypothèse de la conclusion d'un accord avec l'institution financière.
L'actuel déficit ne traduit pas une bonne situation des finances publiques, mais bien au contraire. Les problématiques risquent de s'aggraver d'ici la fin de l'année actuelle », a-t-il martelé.


Le député et dirigeant d'Attayar, Hichem Ajbouni, continue sur cette même lancée et a commenté les chiffres officiels dans un post Facebook. Ainsi, il fait remarquer que si on comptabilisait les dons de 813 MD accordés à l'Etat tunisien, on aurait un excédent budgétaire de 343 MD. Et de rappeler que le déficit prévu de plus de 9 milliards de dinars n'avait pas pris en considération les nouvelles pressions sur le budget de l'Etat et qui provient de la hausse du prix du baril de pétrole, de celui des céréales, de la baisse de la croissance ainsi que du glissement du dinar face au dollar.
En outre, on aurait dû spécifier le montant des recettes provenant de l'amnistie fiscale afin de pouvoir comparer les chiffres.
Le politicien a souligné que si le gouvernement ne paye pas ou temporise le payement de ses dettes, de ses fournisseurs, des promoteurs, de la compensation et des transferts, il est normal que le déficit budgétaire baisse et il est carrément possible de réaliser un excédent budgétaire. Et de marteler que si le déficit avait pris en considération les conséquences des hausses des cours au niveau mondial, il aurait été plus conséquent !
Et de s'interroger : « Qu'attend le gouvernement Saïed pour la publication d'une Loi de finances rectificative qui prend en considération le changement des hypothèses, notamment la non-conclusion d'un accord avec le FMI et qui permettrait de dévoiler la réalité de la situation des finances publiques ? ».

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Mais concrètement comment expliquer ce déficit budgétaire ? Le commis de l'Etat, Mustapha Mezghani, a bien expliqué cette « soi-disant performance qui est une contreperformance », réagissant à l'euphorie des certains internautes à la publication des chiffres.


Et de souligner que « l'origine principale de cette réduction du déficit budgétaire n'est pas une amélioration des recettes budgétaires, mais une diminution des paiements, et cette diminution des paiements n'est pas due à des restrictions budgétaires volontaires mais au non-paiement des fournisseurs de l'Etat ».
Et de mettre en relief la relation entre cette réalisation avec :
* les nombreuses ruptures de produits de base que l'Etat importe (produits pétroliers, céréales, café, sucre, etc.)
* les nombreux bateaux en rade pour non-paiement des fournisseurs étrangers
* les difficultés financières rencontrées par les nombreuses entreprises tunisiennes fournisseurs de l'Etat
* les ruptures de médicaments, les difficultés rencontrées par les hôpitaux, la CNAM, etc.
* l'incapacité de l'Etat à s'endetter sur le marché international
* l'incapacité de l'Etat à s'endetter plus sur le marché local
* la quasi-absence d'investissement de la part de l'Etat et la réalisation du Titre 2 du budget

M. Mezghani a profité pour rappeler qu'« il y a quelques années, un ministre des Finances avait laissé une grande ardoise auprès des entrepreneurs et autres fournisseurs locaux at avait refusé de payer des dettes envers la Pharmacie centrale pour lui permettre d'importer des médicaments (pour ne citer que ces deux cas) afin de limiter le déficit budgétaire en fin d'année ». Des faits qui ne remontent pas à si loin que ça.

Ce budget n'est qu'une partie de l'iceberg et des contrevérités servies quotidiennement aux Tunisiens. Il ne reflète pas la véritable situation financière du pays et cache la vérité aux citoyens.
La gravité de la situation est telle que les fournisseurs étrangers refusent de nous servir avant paiement. Les Tunisiens, quant à eux, subissent de gros problèmes financiers à cause des retards des paiements et certains sont en péril, au bord de la faillite ou ont carrément déposé le bilan. C'est le cas de plusieurs entreprises de bâtiments et travaux publics.
Un expert du pétrole avait précisé la semaine dernière qu'«il y a des bateaux en rade aux ports de Tunis, Bizerte et Skhira, mais ils refusent de livrer tant que la Stir ne paie pas » et que les banques avaient refusé d'avancer à la Stir les crédits nécessaires. Chose qu'avait indiquée il y a une quinzaine de jours la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques, relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui avait précisé que deux pétroliers étaient arrivés au port de Bizerte, le 3 août 2022. L'Etat a pu opérer, le 10 août dernier, le règlement financier du premier chargement d'essence sans-plomb, qui a, donc, pu être déchargé, mais n'a pas pu le faire pour la seconde cargaison qui est toujours au quai de Bizerte.
Mieux, le syndicat avait avoué que le gouvernement a dû recourir au stock de sécurité, qui a baissé depuis juin 2022.
Rappelons aussi l'affaire du renvoi en juillet dernier de la cargaison d'huile de soja, non-conforme selon le ministère du Commerce. Chose qui avait été démentie par l'association Alert qui a assuré, jeudi 21 juillet 2022, que les tests de conformité se font avant le chargement de la cargaison par un établissement indépendant sur accord des deux parties mais que c'est le manque des ressources de l'Etat qui a fait capoter la transaction.

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Dans ce cadre, il faut également évoquer le non-versement de la compensation ou la non-augmentation des marges. C'est le cas du secteur laitier, l'Etat n'ayant pas payé la compensation aux industriels depuis treize mois, quatorze en comptabilisant le mois de juillet 2022. Aujourd'hui, l'Etat doit aux quatre usines qui restent sur les huit qui existaient, 260 millions de dinars jusqu'à fin juin 2022. Ce qui a obligé les industriels à recourir à l'emprunt pour combler cet afflux de trésorerie manquant mais ils ont atteint les limites de leurs capacités d'emprunt.
Pire, le président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie (Synagri), Maidani Dhaoui a soutenu que 35% du cheptel de vaches laitières a été cédé à la contrebande ou aux bouchers. Ce qui a entraîné la baisse de notre stock stratégique de lait de 50 millions de litres à 20 millions de litres, sachant que la consommation quotidienne est de l'ordre de 1,5 million de litres (soit un stock de moins de quinze jours de consommation).

Idem pour les boulangers. Ils avaient décidé de ne pas augmenter leurs salariés n'ayant pas reçu leur dus de la Caisse de compensation depuis plus de douze mois. Et la grève a été évitée de justesse, grâce à la promesse du ministère du Commerce et du Développement des exportations de verser une partie des dus des boulangers de la Caisse de compensation.
Même chose pour les stations-service qui refusent de signer l'avenant de l'augmentation salariale. Le gouvernement n'ayant pas augmenté leur marge bénéficiaire. En effet, sur les cinq augmentations successives du prix du carburant opérées depuis 2021, aucune hausse de la marge brute bénéficiaire des kiosques n'a été réalisée. Ainsi, leur marge est passée de 4,5% à 3,3%, soit un manque à gagner de 21 millimes par litre. Or, les professionnels ne réclament que 6,5 millimes de hausse, afin de faire face aux différentes hausses qu'ils ont subies et pour faire face à la prochaine augmentation salariale de leurs employés.

On doit également évoquer dans ce cadre que les pénuries ont touché le secteur industriel qui se trouve à l'arrêt. A titre d'exemple, deux filiales de la SFBT ont arrêté leur production par manque de sucre : SGBIA pendant deux jours et STBG pendant un jour. Idem Pour l'usine de biscuit de Saïda. Plusieurs employés des usines précitées se sont retrouvés ainsi en chômage technique et des salariés ont manifesté devant le siège du gouvernorat de Ben Arous pour dénoncer la gravité de la situation. En outre, le manque de café, de sucre, d'eau minérale, etc. a perturbé le fonctionnement des cafés et salons de thé. Mais la plus grave perturbation d'approvisionnement est celle du carburant, qui dure depuis quelques semaines, et a occasionné des pertes de temps mais aussi des pertes financières notamment pour le transport non régulier (louages, taxis, taxis collectifs) mais aussi pour le transport de marchandises, les uns et les autres devant faire plusieurs stations-services pour trouver du carburant et puis subir des longues files d'attente. Bien sûr, tout cela engendre une baisse de productivité, donc une baisse de croissance et surtout une baisse de recettes pour l'Etat.

La baisse du déficit budgétaire est une grossière contrevérité. Elle traduit une grave crise des finances publiques et l'incapacité de l'Etat à faire face à l'ensemble de ses engagements, ce qui se traduit notamment par les diverses pénuries constatées. Pire, une grande majorité des sociétés qui collaborent avec l'Etat, est en péril. Idem pour plusieurs pans de l'économie.
Trouver un accord avec le FMI devient urgent et primordial, afin d'assurer les ressources nécessaires pour le bon fonctionnement de l'Etat. Chose qui ne pourra se faire sans l'engagement de réformes structurelles, un dossier épineux qui est bloqué depuis des années.

Imen NOUIRA
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