« Le simulacre de vote représente l'étape finale dans la consolidation des pouvoirs absolus par Saïed. Ceci a débuté en juillet 2021, lorsqu'il a limogé le gouvernement élu et a suspendu le parlement. Il a, par la suite, accéléré la chose en entravant l'indépendance de la justice... Il a mis la main sur l'instance chargée des élections, a réduit les médias au silence et a emprisonné des opposants politiques... Saïed avance bénéficier du soutien du peuple. Or, lorsqu'ils avaient la possibilité de l'exprimer, les Tunisiens ont clairement indiqué à quel point ils désapprouvaient sa monopolisation des pouvoirs. Durant l'été dernier, moins d'un tiers des électeurs enregistrés avaient participé au référendum portant sur l'adoption d'une nouvelle Constitution lui octroyant plus de pouvoirs que ceux dont jouissait l'ancien dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Ce dernier avait été renversé lors du printemps arabe de 2011. Le taux de participation embarrassant au cours du week-end représente l'opposition des Tunisiens à ce qui sera au mieux une législature de décor, avec peu de pouvoir pour contrôler le président », c'est ainsi que l'analyste Bobby Ghosh a résumé la situation en Tunisie. Dans un article d'opinion intitulé "Biden devrait mettre le dictateur tunisien au pied du mur" (Biden Should Call Tunisian Dictator's Bluff) publié par Bloomberg et repris par plusieurs médias de renommée internationale tels que le Washington Post, Bobby Ghosh a considéré que Joe Biden avait reflété une négligence de la part de l'administration américaine envers les pays Africians et a exposé l'inconsistance de la prétendue volonté américaine de promouvoir la démocratie. Il a critiqué la réaction des Américains, suite à l'annonce des résultats des premières élections tenues quelques jours après le sommet "US-Africa Leaders Summit" et l'a qualifié d'un simple haussement d'épaules diplomatique. Il a indiqué que moins de 9% des électeurs avaient participé aux législatives du 17 décembre 2022. Il a critiqué la déclaration du porte-parole du département d'Etat, Ned Price qui avait déclaré que cet événement représentait une première étape essentielle de retour vers la démocratie. L'article relève que l'administration de Biden aurait dû tenir Kaïs Saïed responsable de la situation au lieu de se contenter de quelques allocations portant sur l'importance de la démocratie. Ceci, selon lui, n'a fait qu'encourager le dictateur. Il a rappelé que le ministère des Affaires étrangères avait considéré les mises en garde du Secrétaire d'Etat, Antony Blinken, contre la désintégration de la démocratie comme étant une ingérence dans les affaires tunisiennes. Le secrétaire d'Etat a repris les mêmes arguments lors de sa rencontre avec le président tunisien. Ce dernier a de nouveau rejeté toute critique portant sur ses actions. Bobby Ghosh a considéré que l'administration Biden pourrait se rattraper en révisant sa position quant aux élections législatives. Il a considéré que celles-ci devaient être considérées comme étant une farce. Joe Biden avait usé du même mot pour décrire les élections tenues le 7 novembre 2021 au Nicaragua. Il l'a appelé à soutenir l'opposition tunisienne appelant le président de la République à démissionner et à œuvrer pour la réinstauration de la démocratie dans le pays. La même source a considéré que l'entêtement de Kaïs Saïed impactera considérablement la situation économique du pays. La Tunisie se retrouvera dans l'impossibilité de bénéficier de l'aide américaine, mais aussi d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Le conseil d'administration du FMI devait se pencher sur la demande de financement déposée par le gouvernement tunisien au cours du mois, mais a décidé quelques jours avant la tenue de la réunion en question de retirer la chose de son ordre du jour. « Le report du dossier donne aux Etats-Unis un avantage énorme leur permettant de faire pression en faveur de la démocratie, l'objectif de politique étrangère souvent déclaré de Biden. Saïed a indiqué qu'il pouvait se passer du prêt, mais l'état de l'économie tunisienne suggère le contraire. Cela ferait un bon changement pour que Biden mette le dictateur tunisien au pied du mur », a ajouté l'analyste.