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Diplomatie tunisienne : la semaine des trois gifles
Publié dans Business News le 16 - 12 - 2022

Jamais dans l'histoire de la Tunisie, notre pays n'a été aussi humilié que cette semaine. Du jamais vu ! Il n'y a point d'exagération, les faits sont là. En trois jours, nous avons eu droit à trois gifles. Echec de la visite de Kaïs Saïed aux Etats-Unis où il s'est fait sermonner comme un cancre, déprogrammation du dossier tunisien déposé au FMI et son renvoi à une date ultérieure indéfinie et boycott de l'observation des législatives par le parlement européen.

Triste semaine pour la Tunisie et la diplomatie tunisienne. Notre pays n'a plus cet éclat de jadis du temps de Habib Bourguiba et Béji Caïd Essebsi et même de Zine El Abidine Ben Ali et Moncef Marzouki. Ce pays qui a raflé le Prix Nobel de la Paix, il y a à peine huit ans est devenu objet de moqueries ou, au mieux, de compassion. La faute à Kaïs Saïed, indéniablement.
En visite aux Etats-Unis pour participer au sommet américano-africain "US-Africa Leaders Summit", le président de la République a fait preuve d'un amateurisme incroyable devant les officiels américains. Devant Antony Blinken, secrétaire d'Etat américain, il parle comme s'il était face à son bodybuilder Ezzedine Chelbi, gouverneur de Ben Arous. Bonheur national brut, reconnaissance de la déclaration d'indépendance des USA par la Tunisie, illustration du premier drapeau américain, pacte fondamental de 1961 et d'autres détails folkloriques de l'Histoire.
Ramené par l'Américain sur le terrain politique actuel et la réalité historique tunisienne de 2022, Kaïs Saïed s'est mis à attaquer ses adversaires politiques et à proférer des contrevérités.
Il répète le même manège populiste devant le Washington Post puis devant deux sénateurs.
Croit-il sincèrement qu'il pouvait embobiner les Américains ? La suite montre clairement le peu d'estime qu'ils avaient du président. Le Washington Post, réputé proche de la Maison Blanche, ne l'a pas ménagé dans un article publié mercredi dernier.
Du côté protocolaire, le président américain Joe Biden s'est suffi de la photo classique qu'il fait avec tous les présidents invités au sommet. Aucun tête-à-tête, en dépit des sollicitations de la présidence et la diplomatie tunisiennes. On est loin, très loin, de cette photo où l'on voit Joe Biden regarder le match de foot Maroc-France aux côtés du chef du gouvernement marocain et d'un panel de présidents africains. Quant aux photos de Béji Caïd Essebsi aux côtés de Barack Obama et celles de Habib Bourguiba aux côtés de JFK, elles semblent à des années-lumière de celle de Kaïs Saïed. Cela en dit long sur la considération des Américains à l'actuelle présidence tunisienne.

Le deuxième affront à la diplomatie tunisienne, cette semaine, est la déprogrammation du dossier tunisien déposé au FMI.
Business News a consacré hier un article pour expliquer les raisons de cette déprogrammation. En une phrase, pour résumer ces raisons, disons que les Tunisiens n'avaient pas tenus leurs engagements dans les délais impartis.
Le dossier du FMI est cogéré par le ministère des Finances, le ministère de l'Economie et la Banque centrale. Aucun de ces trois organismes n'est sorti s'expliquer à la presse, en dépit de la polémique suscitée.
Si l'on avait une diplomatie digne de ce nom, si l'on avait un lobbying digne de ce nom, jamais au grand jamais le FMI ne se serait comporté de la sorte à l'égard de la Tunisie. Cette déprogrammation sine die est pire qu'un désaveu, c'est un vrai mépris opposé aux autorités tunisiennes.
Ici aussi, jamais la Tunisie n'a été aussi méprisée qu'en cette période.

Troisième gifle de la semaine, l'annonce du parlement européen de boycotter l'observation des législatives tunisiennes.
Officiellement, le parlement européen a justifié sa décision par le rapport de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples et l'avis urgent de la Commission de Venise sur le cadre constitutionnel et législatif sur les annonces référendaires et électorales en Tunisie.
Officieusement, « le parlement ne veut pas s'associer à un processus entaché de tant d'irrégularités. Sa seule présence lui donnerait une légitimité qu'il ne mérite pas », explique un diplomate tunisien (anciennement en Europe) à Business News.
Bon à rappeler, la Tunisie n'a toujours pas répondu au rapport incendiaire de la cour africaine, publié depuis le 22 septembre.
Quant à l'avis de la Commission de Venise, il a été moqué ouvertement par Kaïs Saïed. C'était le 30 mai dernier quand il a reçu, devant les caméras, son sinistre ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi. Il a tiré à boulets rouges sur la commission, s'est moqué d'elle et a annoncé l'expulsion de ses membres. Plutôt que d'expliquer au président le vrai rôle de la commission, M. Jerandi s'est suffi de hochements de tête et n'a prononcé qu'une seule phrase et elle était fausse !

Depuis son élection, Kaïs Saïed a toujours défendu la souveraineté nationale, criant sur tous les toits qu'il faut adopter de nouvelles méthodes de gouvernance. Partant, il a multiplié les invectives et les moqueries contre les instances internationales (Commission de Venise, ONG internationales, Agences de notation…). À plusieurs égards, il rappelait l'ancien président libyen Mouammar Gueddafi ou l'actuel président du Nicaragua, Daniel Ortega.
Sauf que Kaïs Saïed n'a pas les moyens pour agir comme eux et c'est pour cela qu'il s'est pressé à Washington pour participer à l'"US-Africa Leaders Summit" et que son gouvernement ne cesse de quémander de l'argent au FMI. Il y a un gap entre la politique annoncée et celle pratiquée.
C'est donc tout naturellement qu'il reçoive des claques de la part de ceux-là mêmes qu'il invective.

Si la diplomatie de Kaïs Saïed était digne de ce nom et s'il s'était comporté en vrai chef d'Etat responsable et respectueux de la démocratie et des institutions, jamais le FMI n'aurait éjecté le dossier avec autant de mépris et jamais il n'aurait été ignoré par Joe Biden.
Après la claque marocaine, en août dernier, la diplomatie tunisienne reçoit trois gifles d'un coup cette semaine. C'est dur à admettre, très dur. Et le pire, c'est qu'il n'est pas sûr que Kaïs Saïed (ni Othman Jerandi d'ailleurs) en soient conscients.


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