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Combien pèse Abir Moussi
Publié dans Business News le 08 - 02 - 2023

Malin est celui qui peut compter le nombre de batailles que mène Abir Moussi. Même si elle lâche un peu les islamistes, ces derniers temps, la présidente du PDL tire présentement sur le président de la République, les instituts de sondage, les médias, l'Union européenne, l'ONU… Une chose est certaine, c'est qu'elle sait faire du bruit. Mais pèse-t-elle réellement encore sur l'échiquier politique au point de mériter toute cette présence médiatique ? Rien n'est moins sûr.

L'élève a surpassé le maître. Introduite au RCD au milieu des années 2000 par l'ancien ambassadeur tunisien à Rome, Habib Achour, Abir Moussi a dépassé en popularité tous les RCDistes en un temps record grâce à sa verve.
Au lendemain de la révolution, elle était une des rares à défendre son parti devant les prétendus révolutionnaires (particulièrement les islamistes) qui voulaient faire taire toute voix discordante. Elle a été injuriée et agressée physiquement à l'intérieur même des tribunaux, a été suspendue de l'Ordre des avocats et a subi un nombre indéterminé d'injustices. À l'époque, très rares étaient les médias qui relayaient ses propos et encore moins ceux qui la défendaient. Bien qu'esseulée, elle a résisté et réussi à se faire une place sur l'échiquier politique en tant que militante anti-islamiste et défenseure de l'ancien régime.
Huit ans après la révolution, elle a pensé avoir une destinée nationale en récompense à ses années de militantisme. Se présentant à la magistrature suprême, elle n'a obtenu que 135.461 voix, se classant à la neuvième place. Elle a beau crier du matin au soir que le peuple a vomi les islamistes, ces derniers étaient mieux classés qu'elle. Abdelfattah Mourou est arrivé troisième et Seïf Eddine Makhlouf est arrivé huitième. À eux deux, ils récoltaient près de 582 mille voix.
Abir Moussi ne désespère pas pour autant, elle se présente avec son parti PDL aux législatives et réussit à décrocher la troisième place du scrutin avec 189.356 voix. Elle obtient, grâce à elles, 17 sièges au parlement.

Forte de cette légitimité électorale, c'est une bataille d'un autre genre que livre Mme Moussi. Avec succès. Elle était une des rares à faire front aux islamistes, majoritaires et leur président Rached Ghannouchi. Sous l'hémicycle, elle ne laisse rien passer. Elle était là pour contrer toutes leurs manœuvres politiques, leurs fraudes et leurs petites triches pour faire passer les lois.
Remake des années 2011-2014, elle est de nouveau intimidée, injuriée, harcelée, agressée verbalement (quotidiennement) et physiquement. Une nouvelle fois, elle résiste. Tout le temps munie de son téléphone portable, elle diffuse en direct ce qui se passe à l'assemblée prenant à témoin « le peuple tunisien ». Les islamistes tricheurs, les islamistes fraudeurs, les islamistes violents, les islamistes machos étaient dénudés.
Après avoir acquis le public (et une bonne partie des médias) à sa cause, Abir Moussi aurait pu se suffire de cette victoire, sauf que l'avocate-députée ne sait pas s'arrêter là où il faut et, surtout, ne sait pas limiter le nombre de ses ennemis et de ses batailles.
Après les islamistes, elle s'est attaquée aux autres blocs, aux sécuritaires et aux médias se créant gratuitement des ennemis de toutes pièces. Alors que ses vidéos étaient des témoignages vivants des abus des députés islamistes, ils sont devenus par la suite des violations de l'image de ses collègues députés. Alors qu'elle dégageait l'image d'une députée sensée défenseure des lois et de la réglementation, elle a joué la victimisation à outrance en frisant le ridicule avec un casque de motard et un gilet pare-balles. Elle pensait gagner en popularité, mais la vérité est différente de sa perception, sa popularité ne faisait que chuter, d'après les instituts de sondage. Celle-ci passe de 42% en février 2021 à 37% en juin de la même année, selon le sondage effectué par Emrhod consulting pour le compte de Business News et Attessia.

Le 25 juillet 2021, coup de théâtre du président de la République qui gèle l'assemblée, avant de la dissoudre quelques mois plus tard. Tout le travail accompli par Abir Moussi depuis 2019 est tombé à l'eau, Kaïs Saïed lui a volé la vedette et la popularité.
Abir Moussi n'a jamais retrouvé sa popularité de députée et n'avait que 33% en mai 2022 (dernier sondage à notre disposition).
Plutôt que de chercher à comprendre ces chiffres, la présidente du PDL a joué le déni. Plutôt que de chercher à séduire des pans de la société et des corps intermédiaires, elle a joué la confrontation et le spectacle se créant ainsi de nouveaux ennemis.
Un sit-in devant l'ONU par ci, une manif devant un événement de l'institut de sondage Sigma par là. Une fois elle dénigre cette radio, une autre elle décrie cette télé. Un journaliste la critique ? Il est tout de suite envoyé aux gémonies. Elle s'offre en spectacle et pense embellir son image avec ça. Ses aficionados injurient du matin au soir les adversaires et les médias dans les réseaux sociaux pensant ainsi les intimider et les faire taire.
Une chose est certaine, Abir Moussi et ses fans pensent qu'elle est la plus populaire et la plus aimée des personnalités politiques tunisiennes. À la limite, ils accepteraient bien qu'elle soit juste derrière Kaïs Saïed.

Quelle est la vérité, quelle est le véritable poids de la dame ? Loin de la perception et de la subjectivité, il faut des chiffres réalisés par des méthodes scientifiques pour répondre à la question.
En la matière, les seuls points de repère dignes de ce nom sont les derniers résultats des élections et les chiffres réalisés par les instituts de sondage. Abir Moussi peut bien les dénigrer et les discréditer du matin au soir, on ne saurait remettre en doute le travail élaboré par des instituts tunisiens et des statisticiens tunisiens. D'autant plus que ces instituts ont fait leurs preuves avec des chiffres conformes aux résultats des urnes aux élections de 2019.
En ce qui concerne les résultats des élections, le PDL n'a récolté que 189.356 voix aux élections de 2019. Abir Moussi un peu moins à la présidentielle avec 135.461 voix.
Pour des raisons tout à fait logiques, elle a choisi de boycotter et à raison, les élections de 2022. Le revers de la médaille de ce choix, certes sensé, est qu'elle se prive du chiffre de son poids réel. Concrètement, elle ne pèse plus rien, puisqu'elle n'est plus présente dans l'assemblée.
Sur le plan des sondages, Sigma la crédite de 3,8% du corps électoral. Ce qui a valu à son directeur Hassen Zargouni un nombre indéfini d'injures basses de la part du « jomhour » de la présidente du PDL. Concrètement, ces 3,8% représentent exactement 347 mille voix.
Scientifiquement, c'est le seul chiffre digne d'être cru. Il est comparable au résultat palpable obtenu dans les urnes en 2019.
Abir Moussi peut se croire populaire, peut se voir en présidente de la République ou être le porte-drapeau des mouvements anti-impérialistes de la planète, elle n'a au meilleur des cas que 347 mille personnes derrière elle. Elle peut aller manifester devant les bâtiments vides de l'Union européenne samedi prochain, elle ne convaincra que ses aficionados. Comme samedi dernier, elle ne provoquera que moqueries et antipathie, car les chiffres sont têtus quoiqu'elle dise.
À partir de là, et si elle veut vraiment être une femme politique sensée et responsable, elle devrait s'interroger pourquoi sa popularité a chuté autant en si peu de temps. La réponse n'est pas si difficile à trouver, il lui suffit de se rappeler combien elle était posée et rationnelle après la révolution de 2011 et juste après les élections de 2019.
L'injure, l'agression verbale, l'intimidation, la destruction ou encore les manifestations ne participeront en rien à sa popularité. Et elle se leurre si elle pense gagner des points en s'attaquant aux médias, bien plus crédibles qu'elle (ici aussi, c'est une histoire de chiffres). N'est pas Mélenchon ou Trump qui veut.


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