Un point de presse s'est tenu mardi 14 février 2023 au siège de Tunisie Valeurs à l'occasion de la sortie de la revue de recherche de décembre 2022 de l'intermédiaire en bourse. La rencontre a permis une rétrospective boursière de 2022, d'évoquer les perspectives boursières de 2023, mais surtout de connaître les recommandations pour l'année en cours. Etaient présents plusieurs hauts cadres de la société notamment son DG Walid Saibi, les deux orateurs de la réunion, le directeur du développement Sofiane Hammami et directeur du Service Etudes et Recherches Hamza Ben Taarit ainsi que le directeur département international Issam Ayari et directrice département corporate finance Raja Ben Mahmoud.
Il en ressort que 2022 s'est avérée âtre une année porteuse pour l'investissement en bourse. Le marché a manifesté, selon les experts de Tunisie Valeurs, une résistance statuaire, dopé par les valeurs bancaires, malgré une inflation galopante, une croissance molle, le resserrement de la politique de la Banque centrale, le manque de visibilité politique, la situation économique difficile, les finances publiques exsangues et l'érosion des recettes en devises. Le Tunindex a affiché un parcours en deux temps, après un démarrage en beauté et des performances qui se sont poursuivies à fin septembre 2022, la fin d'année a été mouvementée en raison de l'exacerbation des tensions politiques à l'approche des rendez-vous électoraux et la dégradation de la situation des finances publiques ébranlant la confiance des investisseurs. Ainsi et malgré un nombre record de jours de bourse, le volume transigés sur le compartiment actions de la bourse a atteint 1,6 milliard de dinars : soit une moyenne quotidienne de 6,3 millions de dinars (MD) en 2022 contre une moyenne de 6,5 MD un an auparavant. En outre, le marché des blocs qui jouait un rôle tremplin pour les échanges du marché a souffert de l'assèchement de la liquidité. 53 transactions de bloc ont eu lieu en 2022 cumulant 325,5 MD contre 89 transactions de bloc en 2021 cumulant 563,7 MD. La capitalisation boursière de la cote a légèrement augmenté de 3,3% pour atteindre 24 milliards de dinars (16,7% du PIB du pays, ndlr). On notera qu'en 2022, deux introductions en bourse ont été réalisées, STA et Assurances Magherbia vie, portant le nombre des sociétés cotées à 82. Autre point à relever, la baisse de la capitalisation boursière détenue par les étrangers de 2,2% en 2022 à environ 5 milliards de dinars (20,9% de la capitalisation globale). Par contre, l'industrie de gestion d'actifs confirme « sa pleine forme » : l'actif net de la gestion collective a repris du poil de la bête enregistrant une hausse de 8% (+383,4 MD) pour se situer à 5,2 milliards de dinars.
Côté perspectives, Tunisie Valeurs reste mitigée avec des opportunités, mais aussi des facteurs de risques. S'agissant des opportunités, les réalisations des sociétés cotées illustrent « l'étonnante résilience du secteur privé » et « l'adaptabilité de son management à la conjoncture ». « Les sociétés cotées ont globalement réussi à faire progresser leur chiffre d'affaires de 15,7% à fin septembre 2022 et leurs résultats net de 21,8% à fin septembre 2022, en jugulant l'environnement inflationniste et à trouver de nouveaux relais de croissance dans l'export ou en concurrençant les importations. Leurs fondamentaux ont tant bien que mal résisté à une liquidité bancaire tendue et à l'envolée du coût de la dette », indique l'intermédiaire. Tunisie Valeurs pense que la cote devrait enregistrer en 2022 une croissance notable de sa masse bénéficiaire de 29,3% grâce au secteur bancaire et à la SFBT. En outre, la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) représenterait une bouffée d'oxygène pour une économie et des finances publiques en souffrances, en dressant la bourse des crédits bilatéraux et multilatéraux, en alimentant les réserves en devises du pays, en finançant le budget et en envisageant l'avenir proche avec moins de craintes et d'appréhensions. Par ailleurs, de nouvelles introductions se préparent en 2023 (pas moins de deux l'une en agroalimentaire et l'autre dans la sidérurgie), ce qui permettra d'attirer de nouveaux investisseurs.
En ce qui concerne les facteurs de risque, il est clair que le manque de visibilité politique et le contexte social tendu sont en train de peser, alimentant la réticence et l'attentisme des opérateurs. De l'autre côté, l'investissement en berne, des finances publiques exsangues, une croissance molle combinée à une inflation galopante (stagflation) impliquent des marges de manœuvres restreintes. En outre, la politique monétaire restrictive limite sensiblement l'effet levier alors que la forte concurrence des placements monétaires et l'assèchement de la liquidité pénalisent le parcours boursier des valeurs. À cela s'ajoute l'augmentation de la pression fiscale à 25% et un effet d'éviction exercé sur l'investissement privé par les émissions récurrentes du Trésor.
L'intermédiaire boursier pense que vu la hausse de l'inflation et l'érosion de la monnaie, le placement boursier pourrait constituer un refuge, et favoriser l'arbitrage des investisseurs pour les actifs risqués de qualité. Ainsi et pour faire face à l'environnement actuel, il recommande de se focaliser sur la solidité des fondamentaux, la qualité du management et le faible profil de risque. Sa stratégie d'investissement en 2023 sera axée sur six axes : * Jouer la défensive en recommandant des valeurs SFBT, SAH Lilas, Délice Holding et Unimed. * Rester aux aguets sur les valeurs exportatrices, surtout avec l'étroitesse du marché local et la dépréciation du dinar, et recommande le groupe Telnet étant tourné vers l'innovation. * Profiter du réveil de l'industrie. En effet après deux années difficiles 2020-2021, la majorité des compagnies industrielles ont enregistré une croissance à deux chiffres de leurs revenus. Cela dit, la majorité souffre d'un effritement de leurs marges et de profitabilité à cause de la flambée de coûts des intrants aggravée par la hausse des coûts de l'énergie, la dépréciation du dinar, l'augmentation des frais de logistique et des frais financiers, ainsi que les pertes de change. Tunisie Valeurs conseille certaines valeurs : Sotuver, Sotipapier, TPR et MPBS, qui jouissent de bons fondamentaux, de position confortable sur le plan commercial et une bonne capacité à répercuter la hausse des prix de la matière première sur les prix de vente. * Viser les Blue Chips bancaires : l'intermédiaire recommande l'achat l'UIB et Attijari Bank et s'est voulu neutre face à la Biat appartenant au groupe. * Cibler la Star, l'étoile des assureurs, qui préserve son positionnement de leader du marché local. La compagnie jouit de larges fonds propres et d'un portefeuille d'actifs le plus conséquent. Elle est prête pour le passage aux normes IFRS. Tunisie Valeurs conseil le titre à l'achat, particulièrement pour un horizon de placement moyen et long termes. * Profiter de la mise sur le marché d'un leader dans le secteur de distribution IT, Smart Tunisie. En effet, la levée de fonds opérée lors de son introduction en bourse a permis de renforcer son assise financière outre le fait que sa valorisation actuelle est alléchante avec un rendement en dividende attrayant. D'où, la recommandation à l'achat.
Interrogé sur le choix pour la recommandation de ces valeurs en particulier, Walid Saibi a mis en relief le potentiel des titres recommandés. Il a noté, par ailleurs, que Tunisie Valeurs pourrait ne pas recommander certaines valeurs à l'achat et recommander carrément d'autres à la vente car leurs cours sont devenus trop chers par rapport à leurs rentabilités, et cela malgré leurs bonnes performances.