Affaires purement politiques comme le disent les avocats et les observateurs ou véritable complot contre l'Etat et tentative d'assassinat du président de la République ? Business News fait le point. Si la première affaire de complot contre l'Etat, plus connue sous le nom de « l'affaire des 25 », impliquant des personnalités politiques, n'a connu aucun mandat de dépôt, ni même de garde à vue, il n'en est pas de même pour la seconde qui a démarré le 11 février 2023. En dépit de l'extrême gravité des chefs d'accusation et de l'identité des suspects, le parquet a choisi le silence pour unique communication aussi bien dans la première affaire que la seconde. Après le choc des premières arrestations et l'attente, jusqu'à quinze jours, que les dossiers soient devant le juge d'instruction et entre les mains des avocats, force est de reconnaitre qu'il n'existe pas d'éléments tangibles et de véritables preuves d'un complot contre l'Etat. Les PV et les avocats parlent de simples réunions d'ordre politique. On ne trouve pas non plus de trace sur un quelconque projet d'assassinat du président de la République. À ce jour, le seul et l'unique à parler de ce projet est le président lui-même. À défaut de version officielle des autorités et de présentation de preuves tangibles, les médias n'ont plus que les versions des faits énoncées par les avocats de la défense et les fuites de PV sur les réseaux sociaux. En tout, il y a près d'une cinquantaine de personnes visées par des enquêtes sur des affaires de complot contre l'Etat dont, au moins onze, sont sous les verrous. Ali Larayedh : Dirigeant du parti islamiste Ennahdha, ancien chef du gouvernement, ancien premier ministre, il est impliqué dans l'affaire dite des réseaux d'embrigadement. Il n'aurait pas mis suffisamment de moyens pour empêcher les Tunisiens de rejoindre les réseaux terroristes en Syrie et en Irak. Il est détenu depuis le 19 décembre 2022. Khayam Turki : Lobbyiste, homme politique, ancien d'Ettakatol et président de l'association politique « Joussour » (passerelles), on lui reproche notamment d'avoir organisé à son domicile des réunions entre différentes personnalités politiques et avec des ambassadeurs étrangers. Il aurait également eu plusieurs communications téléphoniques avec des diplomates. Il est détenu depuis le 11 février.
Kamel Letaïef : Lobbyiste, homme politique et chef d'entreprise, on lui reproche d'avoir eu des entretiens avec des ambassadeurs étrangers et d'avoir proposé à des diplomates le nom de Mustapha Kamel Nabli pour la présidence du gouvernement en cas de changement de régime. Il est détenu depuis le 11 février.
Abdelhamid Jlassi : Ancien membre dirigeant du parti islamiste Ennahdha, il aurait eu des rencontres avec des étrangers originaires de pays puissants à qui il aurait demandé de cesser tout soutien au régime actuel. Il est détenu depuis le 11 février.
Noureddine Boutar : Journaliste et directeur de Mosaïque FM, la radio la plus écoutée du pays et connue pour sa ligne éditoriale hostile au régime, on lui reproche d'avoir orienté la ligne éditoriale de sa radio dans l'objectif de fragiliser le régime. Outre l'affaire de complot contre l'Etat, il est cité dans une affaire d'enrichissement illicite et de blanchiment d'argent, mais sans aucune preuve tangible dans le dossier pour étayer ces accusations. Il est détenu depuis le 13 février.
Noureddine Bhiri : Avocat, député, chef du bloc du parti islamiste Ennahdha au parlement et ancien ministre de la Justice, il lui est reproché d'avoir prononcé un speech hostile au régime lors d'une manifestation. Il est détenu depuis le 13 février.
Lazhar Akremi : Avocat, activiste politique et ancien secrétaire d'Etat à l'Intérieur, il lui est reproché d'avoir des contacts suspects avec des personnes citées dans l'affaire de complot contre l'Etat avec qui il aurait été question de soutiens étrangers pour faire tomber le régime. Il est détenu depuis le 13 février.
Ridha Belhaj : Avocat, ancien dirigeant du parti centriste Nidaa, ancien président du parti Tounes Awalan, ancien secrétaire d'Etat, ancien chef de cabinet de l'ancien président Béji Caïd Essebsi, il lui est reproché d'avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 24 février.
Issam Chebbi : Huissier notaire, président du parti de gauche Jomhouri, ancien député, il lui est reproché d'avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 22 février.
Chaïma Issa : Activiste au sein du Front de Salut, il lui est reproché d'avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Elle est détenue depuis le 22 février et elle est l'unique femme arrêtée, pour le moment, dans l'affaire du complot contre l'Etat.
Jaouhar Ben Mbarek : Enseignant universitaire, politicien et dirigeant au Front de Salut, il lui est reproché d'avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 22 février.
Ghazi Chaouachi : Avocat, député, ancien ministre et ancien président du parti centriste Attayar, il lui est reproché d'avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 24 février.
La liste ci-dessus n'est pas exhaustive et est appelée à s'allonger au vu du nombre de suspects dans cette deuxième affaire de complot contre l'Etat, non encore auditionnés par la police (brigade antiterroriste) et par le juge d'instruction. La liste officielle comprend 17 noms, mais elle n'est pas exhaustive vu que certains (comme Lazhar Akremi et Noureddine Bhiri) sont accusés des mêmes chefs d'accusation, mais ils sont cités dans une affaire distincte. Concernant la première affaire de complot contre l'Etat, déclenchée le 25 novembre dernier (plus connue sous l'affaire Balti), on trouve 25 personnes dont de nombreuses personnalités politiques, médiatiques et même artistiques. Toutes sont en état de liberté, malgré la gravité des chefs d'accusation.
Dans cette liste, on trouve notamment :
Maya Ksouri : Avocate et chroniqueuse. Fadhel Abdelkefi : Chef d'entreprises, ancien ministre et président du parti de droite Afek Tounes Hakim Ben Hamouda : Economiste, haut cadre dans des institutions financières internationales et ancien ministre. Nadia Akacha : Ancienne cheffe de cabinet du président Kaïs Saïed. Mofdi Mseddi : Ancien secrétaire d'Etat et conseiller à la communication sous plusieurs gouvernements. Saoussen Maâlej : Comédienne. Chahrazed Akacha : Journaliste et directrice de journal, réputée pour son opposition au régime. Malek Baccari : Journaliste et présentatrice télé.