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Ces étrangers qui complotent contre la Tunisie
Publié dans Business News le 06 - 03 - 2023

En réponse aux multiples critiques violentes de son régime, le président de la République et ses dizaines de milliers d'aficionados sur les réseaux sociaux, répètent en boucle qu'il y a des complots ourdis dans des antichambres dans les sombres nuits. Il semblerait, cependant, que le complotisme ne touche pas que les Tunisiens, à l'étranger aussi le régime n'a pas bonne presse. Business News fait le point sur tous ces « conspirationnistes » étrangers qui empêchent le régime de faire ce qu'il veut.

Agences de notation internationales
Fitch, Moody's et Standard & Poor's, les agences de notation internationales ont été parmi les toutes premières organisations étrangères épinglées par le président Kaïs Saïed.
Au lendemain d'un avertissement sur la dégradation d'une note souveraine par l'une des agences, le chef de l'Etat a convoqué le 7 octobre 2021 le président du Conseil du Marché Financier, Salah Sayel, (gendarme de la bourse) pour lui souligner la nécessité de changer les critères d'attribution des notations souveraines. Exprimant son inquiétude quant à une éventuelle nouvelle dégradation de la notation de la Tunisie, Kaïs Saïed a estimé que les choses devraient être remises dans leur contexte. « Nous faisons partie de l'économie mondiale et je le dis à tout le monde : nous traitons avec les institutions financières mais elles doivent aussi nous traiter comme étant un Etat souverain », a-t-il lancé.
Pour bien moquer ces agences, et exprimer sa souveraineté, le chef de l'Etat leur a collé le sobriquet « Ommek Sanneffa », du nom d'un célèbre ouvrage tunisien de cuisine.
Retour de manivelle, les agences notant la Tunisie n'ont cessé de dégrader la note du pays depuis. On en est à Caa2 actuellement, soit l'une des plus basses notes possibles et la plus basse dans l'Histoire de la Tunisie.

Le FMI
Le Fonds monétaire international ne cesse de mettre des exigences qui ne vont pas de pair avec le modèle tunisien, ses spécificités et ses contraintes. La Tunisie est un Etat souverain, répète tout le temps le président de la République.
Sauf que son gouvernement voit les choses autrement et continue, malgré tout, de solliciter le FMI, sans pour autant répondre à ses exigences
D'après le programme du gouvernement, la Tunisie devait souscrire un crédit depuis le premier trimestre 2022. Un an après, rien n'est encore versé.
Aux dernières nouvelles, fin 2022, le FMI a carrément déprogrammé le dossier tunisien renvoyant son examen aux calendes grecques. Complot ou machination, on n'en sait pas trop, toujours est-il que les conséquences sont lourdes car la Tunisie ne peut pas souscrire de crédits internationaux tant qu'elle n'a pas reçu le feu vert du FMI. De combien on parle ? De 1,9 milliard de dollars. Peanuts. Et pourtant, même ces peanuts, on n'a pas réussi à les obtenir. C'est dire le complot qui se trame contre la Tunisie !

Etats-Unis
À Washington, il n'y a pas qu'au FMI où l'on regarde d'un mauvais œil le président Kaïs Saïed. Il y a déjà les médias qui ne l'ont pas ménagé lors de sa visite à la capitale américaine, en décembre dernier, mais il y a également les think tank, les parlementaires, certaines ONG et les représentants officiels de l'Etat américain.
Business News a publié, en décembre dernier, un article détaillé sur l'état des relations entre les Américains et le régime de Kaïs Saïed. Elles sont loin d'être au beau fixe.

Union européenne
Le 26 septembre 2022, le président de la République s'entretient avec sa cheffe du gouvernement à propos du déficit commercial abyssal du pays. Il a souligné « la nécessité de restreindre l'importation des produits de luxe pour limiter le déséquilibre de la balance commerciale avec un certain nombre de pays, ce qui est de nature à nuire aux finances publiques, ce qui ne profite qu'aux pays exportateurs (…) Comment expliquer l'importation de la nourriture des animaux domestiques ou celle des produits de beauté des plus grandes maisons cosmétiques et le fait de trouver l'argent en devises alors que les citoyens souffrent, pour la majorité, de l'indisponibilité des produits de première nécessité ? », lit-on dans le communiqué de la présidence de la République.
Un sujet qu'il ne maitrise pas trop ? Peu importe, le ministère du Commerce réagit dans la foulée et instaure un contrôle préalable pour l'importation d'une liste de produits dès le 16 octobre.
L'Union réagit de suite en appelant le ministère du Commerce à suspendre l'application des nouvelles mesures de restriction. On fait machine arrière pour le grand bonheur des commerçants et des importateurs tunisiens et aussi des exportateurs étrangers.
Aucune réaction postérieure, Kaïs Saïed n'a évoqué ni l'ingérence ni la souveraineté nationale.
Mais ce n'est pas l'unique fois que l'Union européenne réagit à ce qui se passe en Tunisie.
Le 22 février, elle a dit, dans un communiqué, suivre de près et avec préoccupation les développements récents en Tunisie. Un communiqué qui intervient après une vague d'arrestations de hautes personnalités politiques de l'opposition.

Commission de Venise
Le 27 mai 2022, la Commission de Venise a publié un communiqué appelant la Tunisie à l'abrogation du décret portant modification de la composition de l'Instance supérieure indépendante pour les élections.
Colère immédiate du président, trois jours plus tard il convoque son ministre des Affaires étrangères et déclare la commission personae non grata en Tunisie.
« Pour qui se prennent-ils ? Sont-ils nostalgiques de l'ère de Jules Ferry ? Ils disent vouloir nous apprendre… Ils n'ont rien à nous apprendre. S'ils veulent s'immiscer dans nos affaires qu'ils restent chez eux, nous n'avons pas besoin de leur accompagnement et de leur aide. Si un membre de cette commission se trouve en Tunisie, qu'il quitte immédiatement ! Je saisis cette occasion pour rappeler qu'il n'est pas question de s'immiscer dans nos affaires internes comme le fait cette commission, dite commission de Venise. Elle doit s'occuper de ses gondoles et le peuple tunisien ne peut être dirigé par ceux qui dirigent les gondoles. Notre souveraineté n'est pas à négocier », a déclaré Kaïs Saïed.

ONU
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, a exprimé, mardi 14 février 2023, sa préoccupation face à l'aggravation de la répression contre les opposants politiques et la société civile en Tunisie, notamment à travers les mesures prises par les autorités qui « sapent l'indépendance du pouvoir judiciaire ».
« Nous sommes préoccupés par le fait que certaines personnes détenues, pour avoir critiqué les autorités, aient été jugées par des tribunaux militaires. Nous appelons les autorités à cesser immédiatement les pratiques consistant à traduire des civils devant des tribunaux militaires. Nous appelons les autorités tunisiennes à respecter les normes des procédures judiciaires et des procès équitables. Nous les appelons à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement, notamment celles qui sont détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression ou d'opinion », a dit M. Türk et ce après une vague d'arrestations de hautes personnalités politiques tunisiennes.
Réponse du ministre des Affaires étrangères : les déclarations de certaines parties étrangères sur les récentes arrestations sont « hâtives », « impertinentes » et « inexactes » et portent atteinte à l'indépendance de la justice tunisienne.

Cour africaine des Droits de l'Homme
Le 22 septembre 2022, la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples appelle l'Etat tunisien à rétablir la démocratie constitutionnelle dans un délai de deux ans. La Cour ordonne à l'Etat d'abroger les décrets présidentiels n° 117 du 22 septembre 2021, et les décrets y visés n°69, 80, 109 du 26, 29 juillet et 24 août 2021 et les décrets n°137 et 138 du 11 octobre 2021.
La Cour réitère également que le fait de n'avoir pas mis en place la Cour constitutionnelle crée un vide juridique important et ordonne à l'Etat défendeur de mettre en place la Cour constitutionnelle comme organe judiciaire d'équilibre des institutions de l'Etat défendeur et la levée de tous les obstacles juridiques et politiques qui entravent cet objectif, dans un délai de deux ans.

Les clandestins de l'Afrique subsaharienne
Le 21 février 2023, Kaïs Saïed préside une réunion du conseil supérieur de la sécurité nationale consacrée à prendre des « mesures urgentes pour traiter le phénomène de l'afflux d'un grand nombre de migrants irréguliers subsahariens en Tunisie ».
Le président de la République souligne que cette situation est anormale, indiquant qu'il y a « un plan criminel préparé depuis le début de ce siècle pour métamorphoser la composition démographique de la Tunisie ».
Il ajoute que « certaines parties ont reçu de grandes sommes d'argent après 2011, pour l'établissement des immigrants irréguliers subsahariens en Tunisie, assurant que l'objectif non annoncé des vagues successives de la migration clandestine étant de considérer la Tunisie comme un Etat africain n'ayant aucune appartenance arabe et islamique ».
Dans la foulée, le ministère de l'Intérieur a rappelé aux citoyens qu'il est strictement interdit d'héberger ou de faire travailler des clandestins.
Après cette déclaration et de véritables rafles visant les Noirs en Tunisie (qu'ils soient clandestins ou pas), il y a eu une véritable polémique un peu partout en Afrique et en Tunisie. Il y a également des histoires désolantes de dizaines de personnes devenues SDF et sans emploi, du jour au lendemain.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Le 25 février, l'Union africaine a officiellement appelé la Tunisie à s'abstenir de tout discours haineux à caractère raciste. Elle n'est pas la seule, plusieurs ONG tunisiennes et internationales ont fait des appels similaires. Certains pays ont organisé des charters pour rapatrier leurs compatriotes.
Autre conséquence, l'annulation ou le report d'événements panafricains qui devaient se dérouler en Tunisie, telle la conférence du réseau panafricain sur la lutte contre les flux financiers illicites.
En dépit de la très grosse polémique et du nombre de personnes et d'organisations scandalisées, les autorités tunisiennes ont joué le déni total. Face aux ambassadeurs africains, le ministre tunisien des Affaires étrangères a accusé des parties de surenchères.
Le 5 mars 2023, la présidence de la République a publié un communiqué pour tenter de réparer les dommages. La Tunisie rappelle son attachement à son appartenance africaine et le fait qu'elle a été la première à promulguer, en 2018, une loi visant à éliminer toutes les formes de discrimination raciale. Une série de mesures a également été annoncée comme l'extension de la période de séjour de trois à six mois ou la dispense du paiement des amendes pour dépassement de la durée de séjour autorisée.

Maroc
Le 26 août 2022, le président Kaïs Saïed reçoit à l'aéroport Tunis-Carthage le chef du Polisario Brahim Ghali, venu assister au sommet Japon-Afrique, Ticad 8.
Colère immédiate du Maroc qui rappelle son ambassadeur à Tunis et annule sa participation au sommet. Un incident diplomatique d'une ampleur jamais observée entre les deux pays.
Loin de calmer le jeu, la Tunisie rappelle à son tour son ambassadeur à Rabat.
S'ensuivent une véritable guerre de communiqués entre les deux pays, des articles virulents dans la presse marocaine et l'annulation pure et simple de la participation d'équipes sportives marocaines dans des manifestations organisées en Tunisie.

Syndicats internationaux
Entre Kaïs Saïed et la centrale syndicale UGTT, il y a un véritable orage en ce moment. Le président a décidé d'internationaliser cet orage en s'en prenant aux syndicalistes internationaux.
Le 18 février 2023, sur ordre du président de la République, les autorités tunisiennes ont sommé la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, Esther Lynch, de quitter le territoire tunisien dans les 24 heures. La dame a participé, le matin même, à une manifestation organisée par l'UGTT et a tenu des déclarations déplaisantes pour le régime.
L'expulsion a provoqué un tollé à l'UGTT et dans certains médias tunisiens, mais aussi à l'international, jusqu'à la Confédération syndicale internationale.
« Cette expulsion est une ingérence flagrante dans les activités légitimes des syndicalistes qui exercent leurs droits à la liberté d'association en vertu du droit international. Cela nuira davantage à la réputation internationale du régime de Kaïs Saïed à un moment où le pays a besoin d'un soutien international en raison de l'échec de sa politique », a réagi la confédération internationale le 20 février.
Ne se laissant pas intimider, les autorités tunisiennes ont interdit le 2 mars 2023, l'entrée en Tunisie du syndicaliste espagnol Marco Perez Molina, chargé de la coopération avec l'Afrique et l'Asie au sein de la CEC UGT Espagne. Il était invité pour assister à la grosse manifestation organisée par l'UGTT le 4 mars 2023.

Ambassadeurs accrédités en Tunisie
Suite à une vague d'arrestations de personnalités politiques de haut rang, il s'est avéré qu'une partie de ces personnalités a eu des entretiens informels avec des ambassadeurs accrédités en Tunisie. Des entretiens tout à fait ordinaires qui entrent dans le travail classique, aussi bien de ces personnalités que des ambassadeurs.
Mais ce n'est pas ce que pensent les autorités tunisiennes. Le 28 février 2023, le ministère des Affaires étrangères publie un communiqué où il souligne « que s'il tient à faciliter le travail et les contacts des missions diplomatiques pour promouvoir les relations d'amitié et de coopération avec les pays frères et amis, il exige que « cela soit fait dans le respect des exigences de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, qui stipule clairement le devoir des diplomates de respecter les lois du pays auprès desquels ils sont accrédités et de ne pas s'immiscer dans ses affaires intérieures ».
En langage moins diplomatique, les ambassadeurs sont invités à ne plus avoir de contacts avec l'opposition, les ONG et les médias. A cette occasion, Ned Price, porte-parole du département d'Etat américain, a exprimé l'inquiétude des USA concernant des informations selon lesquelles des personnes en Tunisie ont été poursuivies pénalement pour avoir rencontré ou eu des échanges avec des membres de l'ambassade américaine.


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