Rafik Abdessalem est cet homme politique nahdhaoui ayant occupé le poste de ministre des Affaires étrangères sous l'ère de la Troïka, qui avait réussi à se ridiculiser et nous ridiculiser par la même occasion à travers le globe. Le gendre du leader du mouvement Ennahdha et ancien président du parlement, Rached Ghannouchi, a pris à cœur son appartenance au mouvement et sa relation familiale avec son président, où il nous a fait le coup du fils à papa qui profitait non seulement du pouvoir mais aussi des privilèges, ce qui a fini, entre autres raisons, par pousser 131 responsables du parti islamiste à quitter la table, dont Samir Dilou et Abdellatif Mekki.
Le chouchou d'Ennahdha et de son président est également l'auteur d'une nouvelle bourde si grave que même les pro-Ennahdhda n'ont pas pu le soutenir cette fois, bien au contraire. Le dirigeant nahdhaoui avait publié mardi 11 avril 2023, un post sur sa page officielle Facebook affirmant que le mythe d'une armée neutre est un mensonge et que l'armée tunisienne n'est qu'une armée putschiste. « La vérité qu'il faut dire sans équivoque, c'est que le dicton de la neutralité de l'armée tunisienne et de son éloignement de la politique est un gros mensonge qu'on ne peut pas croire, et qu'il faut arrêter de promouvoir. Nous avons une armée qui en a eu assez de la révolution et qui a déplacé ses chars pour renverser la constitution et les institutions. Saïed n'aurait pas pu resserrer son emprise sur le pouvoir sans le soutien des généraux, c'est-à-dire que l'armée est putschiste et n'est pas différente des autres armées arabes. Plus que cela, il voit en Al Sissi d'Egypte un modèle à suivre et un exemple à reproduire » a noté Rafik Abdessalem.
Le mouvement Ennahdha, s'est précipité pour se démarquer de ces propos en publiant de son côté un post Facebook sur la page du membre du bureau exécutif et chargé de communication, Abdelfatteh Taghouti, en faisant éloge à l'armée nationale qui a « protégé la révolution et acquis une grande confiance du peuple et de tous les partis politiques et civils ». « L'armée a donné des martyrs dans la guerre contre le terrorisme. Elle a également contribué au succès de la transition démocratique trahie par un coup d'Etat constitutionnel le 25 juillet 2021 » a souligné le politicien. D'ailleurs, plusieurs dirigeants du parti Ennahdha, dont l'ancienne députée Yamina Zoghlami, se sont empressés de dire que ces propos représentaient la position officielle du parti et de ses structures. Ils sont apparemment conscient du fait que le parti présidé par Rached Ghannouchi, ne publierait jamais un démenti ayant pour objet les propos de monsieur gendre.
Revenons sur l'étape où Rafik Abdessalem représentait la diplomatie du pays. Le 26 décembre 2012, l'islamiste a été mis en cause dans une affaire de malversation et adultère par la journaliste Olfa Riahi. Cette affaire dite « Sheraton Gate » est une affaire de gaspillage d'argent public. Il avait également été mis en cause dans l'affaire du don chinois qui aurait transité par un compte privé avant d'atterrir dans les caisses de l'Etat. Jusqu'à l'heure, la justice n'a pas tranché cette affaire d'utilisation illicite des fonds publics, dans laquelle Rafik Abdessalem a été également inculpé pour usage de sa qualité pour se procurer à lui-même ou autrui un avantage injustifié portant préjudice à l'administration. Au sein du parti Ennahdha, Rafik Abdessalem fait partie de la garde rapprochée de Rached Ghannouchi en compagnie, notamment, de Abdelkarim Harouni. L'homme qui se targue aujourd'hui de son attachement viscéral à la démocratie avait pourtant défendu bec et ongles la décision de Ghannouchi de reporter la tenue du congrès du parti. Cela avait provoqué l'ire de dizaines de dirigeants du parti Ennahdha et avait fini par la spectaculaire démission collective de près de 131 leaders et dirigeants du parti islamiste.
La liste des démissionnaires comptait des députés, des cadres du parti, des anciens ministres, des membres du Conseil de la Choura et des élus locaux, notamment l'ancien ministre de la Santé Abdellatif Mekki, l'ancien ministre de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem et le leader historique Samir Dilou. Ces derniers avaient justifié leur décision d'abord par la perturbation de la démocratie interne du mouvement, mais en plus par la prise de décision unilatérale par « un groupe de loyalistes » envers le leader du mouvement ayant entraîné des décisions erronées et de mauvais choix qui ont conduit à des alliances politiques illogiques sans intérêt et contradictoire aux promesses faites aux électeurs. Rafik Abdessalem multiplie, depuis le 25 juillet 2021, les statuts et les déclarations -surtout aux médias étrangers- hostiles au président de la République Kaïs Saïed. Depuis le début, il a considéré qu'il s'agissait d'un putsch et s'est égosillé à le dénoncer. Toutefois, son manque latent de crébilité dans la dénonciation de ces pratiques fait que son discours ne change rien à la situation. Pire, par des dépassements semblables à son statut sur l'armée, il rappelle à tout le monde pourquoi le coup de force du 25-juillet avait été si largement salué populairement. Rafik Abdessalem est loin, très loin, d'être un homme politique chevronné.