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Une quatrième affaire de complot contre l'Etat, le conspirationnisme a encore de beaux jours devant lui
Publié dans Business News le 30 - 05 - 2023

Après les tentatives d'assassinat visant le président de la République, la mode actuelle du régime consiste aux affaires de complot contre l'Etat. On en est à la quatrième maintenant. Le conspirationnisme bat son plein et le public consomme sans modération et sans distinction du vrai du faux.

Une quatrième affaire de complot contre l'Etat vient de s'ouvrir. C'est ce qu'a affirmé l'avocat Samir Dilou, mardi 30 mai 2023 au micro d'Elyes Gharbi dans Midi Show sur Mosaïque FM.
La nouvelle affaire est instruite par une juridiction militaire, cette fois, et touche, comme les trois précédentes, plusieurs hautes personnalités politiques. Il y aurait même un ancien chef du gouvernement. Me Dilou s'est refusé de dévoiler les identités des personnes citées dans l'affaire, leur évitant ainsi tout préjudice.
Y aurait-il un semblant de sérieux cette fois dans cette nouvelle affaire de complot contre l'Etat ? Y aurait-il un vrai projet de complot et non de simples réunions entre opposants qui cherchent à déstabiliser Kaïs Saïed ? Le doute est permis.
Pour rappel, la première affaire de complot contre l'Etat est née à la suite d'une réunion virtuelle de 121 députés du parlement gelé le 30 mars 2022. Ils se sont réunis, par visioconférence, pour se pencher sur la situation politique sous la présidence de l'ancien président Tarak Fetiti et visait principalement à faire annuler les décrets émis par le président de la République après son putsch du 25 juillet 2021. C'était suffisant pour Kaïs Saïed pour crier au complot contre l'Etat et décider, le jour même, de dissoudre le parlement bien que, deux jours plus tôt, il affirmait publiquement que cela ne lui était pas possible constitutionnellement. Dans la foulée, le parquet a ouvert une instruction judiciaire contre l'ensemble des députés présents virtuellement à la réunion.

La deuxième affaire est connue sous l'appellation de la liste des 25 ou l'affaire Walid Balti, a été créée en novembre 2022 et touche 25 personnalités politiques et médiatiques. Pour les personnalités citées à comparaitre, on trouve ainsi Fadhel Abdelkefi, ancien ministre de la Coopération internationale et actuel président d'Afek, Hakim Ben Hamouda, ancien ministre des Finances et grand expert économique dans plusieurs instances internationales, Mofdi Mseddi, ancien secrétaire d'Etat chargé de la communication de trois chefs du gouvernement et d'un président de parlement, Maya Ksouri, grande avocate et célèbre chroniqueuse politique, Sawsen Maâlej, célèbre comédienne, Nadia Akacha, ancienne cheffe de cabinet du président de la République, Chahrazed Akacha, Malak Baccari, journalistes et plusieurs hommes d'affaires.
Pour ce qui est des chefs d'accusation, association de malfaiteurs dans l'objectif d'agresser des personnes, complot contre la sûreté de l'Etat, intelligence avec des agents de puissances étrangères dans l'objectif d'atteindre diplomatiquement la Tunisie, offense du président de la République, et faux et usage de faux.
D'après les avocats suivant cette affaire, les faits reprochés sont des plus risibles. Certains se trouvent mêlés dans cette affaire, juste parce que leur nom est inscrit dans le répertoire téléphonique du principal suspect Walid Balti. Ce dernier, lui-même, n'aurait rien fait de concret s'apparentant, de près ou de loin, à un complot contre l'Etat.
Plus de six mois après le début de l'instruction, l'écrasante majorité des personnalités citées dans l'affaire sont en liberté. Plusieurs suspectent que cette affaire a été créée juste pour faire taire et intimider les opposants, les journalistes et les personnalités citées. Bien vu, plusieurs se tiennent à carreau et sont même devenus de fervents défenseurs du régime.

La troisième affaire est la plus complexe et la plus risible. Comme les précédentes, elle touche des personnalités politiques et médiatiques dont plusieurs sont hostiles au régime, à la différence près que la majorité des protagonistes sont sous les verrous depuis février 2023, date du déclenchement des procédures. Parmi les personnalités politiques actuellement en prison, on trouve Issam Chebbi, Jawhar Ben Mbarek, Chaïma Issa, Ridha Belhaj, Lazhar Akremi, Kamel Letaïef, Abdelhamid Jelassi… En tout, une bonne vingtaine.
En dépit de la grosse polémique entourant cette affaire, le parquet ne s'est toujours pas prononcé dessus et n'a toujours pas présenté un seul fait concret qui puisse montrer en quoi les prévenus ont comploté contre l'Etat.
Le paradoxe est que ce même parquet a disculpé les diplomates cités dans les actes d'accusation, alors que c'est ce qu'on reprochait aux prévenus, des réunions avec des étrangers dans l'objectif de comploter contre l'Etat.
En réalité, d'après les avocats, il s'agissait de simples réunions de politiques cherchant comment affronter le régime de Kaïs Saïed et sa mainmise sur l'Etat et ses institutions.
Ça a tourné au ridicule après la fuite, sur les réseaux sociaux, de PV d'interrogatoires. On apprend ainsi que la procédure a été lancée suite à de délations de deux personnes anonymisées par le juge d'instruction. Une de ces deux personnes est Chafik Jarraya en prison depuis 2017 et c'est lui qui témoigne d'un hypothétique complot se déroulant en 2023 et touchant un de ses principaux ennemis. L'avocat de M. Jarraya s'est défendu de toute délation, affirmant que son client a déposé plainte en 2018 contre plusieurs personnalités, qu'on a réorienté sa déposition à des fins politiques et qu'il n'a jamais parlé de complot.
Le second témoin anonyme est encore plus ridicule. Il cite des rumeurs que lui aurait raconté un de ses amis en Belgique qui, lui-même, a appris des informations venant d'une amie (sans nom) vivant à Londres. Non seulement, il ne présente aucun témoignage direct et aucun fait tangible, mais sa déposition devant le juge comprend plusieurs intox et approximations et cite même un protagoniste, un célèbre syndicaliste, décédé depuis 2020.

Quel sera le contenu de la quatrième affaire ? Au vu des précédentes, le risque est gros que les dossiers soient aussi vides que les précédents.
Depuis son élection en octobre 2019, Kaïs Saïed ne cesse de voir partout du complot et des tentatives d'assassinat. Féru de ce genre d'histoires, il s'est même déplacé une nuit pour voir un trou dans le jardin d'une villa, présenté par la présidence de la République comme un tunnel menant à la résidence de l'ambassadeur de France à la Marsa.
Il a été aussi question de pain empoisonné et de lettre empoisonnée envoyée par la poste au palais de Carthage. Les enquêtes menées par la suite ont toutes conclu à la légèreté des faits présentés. Mais ça, c'était avant le putsch. Plus personne, depuis, n'ose contredire le président de la République qui a continué ses histoires de tentatives d'assassinat et de complot, et toujours sans preuves et faits tangibles.
L'avantage de toutes ces histoires, que ce soit celles du complot ou des tentatives d'assassinat, est qu'elles suscitent de la sympathie auprès du grand public. Les Tunisiens qui ne suivent pas les affaires de près croient vraiment que le Président subit toutes ces conspirations, juste parce qu'il est en train d'assainir le pays de tous les corrompus. La présomption d'innocence et le principe indiquant que « la liberté est la règle et la détention, l'exception » sont totalement bafoués pour le grand plaisir des partisans de Kaïs Saïed.
L'autre avantage de ces affaires est qu'elles font oublier l'inflation et la pénurie qui s'aggravent de plus en plus ces derniers mois.


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