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Kaïs Saïed à la maternelle du machiavélisme
Publié dans Business News le 28 - 11 - 2022

Amateurs de couleuvres, vous êtes servis. Le régime de Kaïs Saïed vous a concocté un nouveau plat comme seul lui sait en cuisiner.
Après les 13500 milliards d'argent public volés par 460 hommes d'affaires, les spéculateurs qui appauvrissent le pauvre peuple tunisien, le tunnel menant vers la résidence de l'ambassadeur de France à la Marsa, les multiples tentatives d'assassinat le visant personnellement, les attentats terroristes déjoués, voici un nouveau feuilleton, celui du complot contre l'Etat dirigé par 25 personnes dont une dizaine de personnalités publiques.
Elles sont bonnes les couleuvres ? Mangez-en autant que vous voulez, Kaïs Saïed vous en sert à satiété. L'essentiel est que vous continuez à l'applaudir, à le soutenir et à l'encourager à aller de l'avant afin de débarrasser la Tunisie de tous ces lobbys occultes, affairistes louches, journalistes corrompus, politiques véreux et sales syndicalistes.
Kaïs Saïed est là pour servir le peuple et le sauver de toutes ces castes qui se sont enrichies durant des décennies. Ces castes de bourgeois, intellectuels et experts qui ont mis à genou le peuple.
Le discours est d'une simplicité inouïe, le stratagème est enfantin et ça marche ! Chaque fois que Kaïs Saïed sert des couleuvres, vous trouverez des centaines de milliers de personnes pour en manger les yeux fermés, sans broncher. Le degré de crédulité atteint est ahurissant. Les Tunisiens seraient-ils idiots à ce point qu'ils croient tout ce que le régime leur dit ? À voir les échanges autour de la « liste des 25 », la réponse est oui, trois fois hélas.

Le nouveau feuilleton suscite, comme les précédents, la sympathie du grand public de faux-sachants et experts en tout. Il ne faut pas sous-estimer ce public, il est majoritaire dans ce pays. Au dernier décompte, il serait composé de quelque trois millions de personnes.
De quoi s'agit-il ? Ça a commencé par des rumeurs persistantes, distillées, par des pages Facebook réputées proches du palais de Carthage. Celles-là mêmes dont les auteurs ont été enregistrés en pleine tentative de racket et qui font l'objet de dizaines de plaintes en justice, toutes pendantes depuis des années. La rumeur prétend qu'un certain Walid Balti ait monté une société de paris sportifs qu'il utilise pour blanchiment d'argent en complicité avec plusieurs personnalités du monde médiatico-politique. Parmi les noms cités, Sofiène Ben Hamida, Fadhel Abdelkefi, Maya Ksouri…
Le 16 novembre, le président d'Afek Tounes Fadhel Abdelkefi est interdit de voyage. Il apprend ça au moment de passer les frontières et il tombe des nues, puisqu'il n'a pas connaissance d'une quelconque procédure juridique. Il essaie d'en savoir davantage auprès des parquets du Grand-Tunis, mais aucun ne lui confirme son interdiction de voyager. Il se trouve que les pages Facebook réputées proches du président sont mieux informées que les juges et ce sont elles qui diffusent, les premières, les suspicions frappant M. Abdelkefi. Elles citent, pêle-mêle, plusieurs autres personnalités qui seraient impliquées dans cette histoire de paris sportifs.
Vendredi 25 novembre, grand tournant dans l'affaire, avec la publication d'un document du parquet près le Tribunal de Tunis. Celui-ci fait part de l'ouverture d'une instruction judiciaire frappant 25 personnes pour association de malfaiteurs dans l'objectif d'agresser des personnes, complot contre la sûreté de l'Etat, intelligence avec des agents de puissances étrangères dans l'objectif d'atteindre diplomatiquement la Tunisie, offense du président de la République, falsification et utilisation d'un document falsifié. Excusez du peu.
Parmi les 25, on trouve des personnalités politico-médiatiques parmi les plus sensées et les plus respectées du pays. Fadhel Abdelkefi, ancien ministre et actuel président d'un parti d'opposition, Hakim Ben Hamouda, ancien ministre et grand expert économique dans plusieurs instances internationales, Mofdi Mseddi, ancien secrétaire d'Etat chargé de la communication de trois chefs du gouvernement et d'un président de parlement, Maya Ksouri, grande avocate et célèbre chroniqueuse politique, Sawsen Maâlej, célèbre comédienne, Taoufik Bouaoun, haut cadre sécuritaire et ancien directeur de l'Inspection générale du ministère de l'Intérieur. Ou d'autres comme Nadia Akacha, ancienne cheffe de cabinet du président de la République, Charazed Akacha et Malak Baccari, journalistes.
La liste portant le cachet du parquet a été fuitée, pour la première fois, par les mêmes pages Facebook, celles réputées proches du palais. Le document, comme chacun sait, est des plus confidentiels et, à ce stade, n'a même pas atterri chez les avocats. Comment alors s'est-il retrouvé sur Facebook ?
Il ne faut pas être Sherlock Holmes pour deviner qui l'a fait fuiter et dans quel objectif.

La Tunisie vit, en cette période, sur le rythme de l'inflation et des multiples pénuries. Le débat public devrait se concentrer, théoriquement, autour de la Loi de finances 2023 et du plan du gouvernement donné au FMI. Le pays se prépare, également, à un simulacre d'élections législatives qui devrait connaitre, normalement, un bon nombre de fraudes.
Plutôt que de se concentrer sur les priorités qui l'intéressent directement, l'opinion publique (et la présente chronique) ne parlent que de la liste des 25 depuis quelques jours. Précédemment, on parlait de la polémique de l'interdiction de voyage et des poursuites judiciaires lancées abusivement contre Business News sur la base du décret 54 liberticide.
Ce qui se passe actuellement est, tout simplement, une diversion lancée par le régime politique pour qu'on parle d'autre chose que de nos véritables priorités.
Ce qui se passe actuellement donne l'impression de confirmer les différentes théories du complot dont parle Kaïs Saïed à chacun de ses discours ou presque.
Les crédules de tous bords tomberont dans le piège des deux pieds. Le président a toujours parlé de comploteurs et de corrompus qui saignent le pauvre peuple. En leur offrant un échantillon de 25 noms, il alimente un imaginaire populaire, généralement adepte de la théorie du complot. C'est comme si Kaïs Saïed prenait à témoin le peuple pour lui dire « ce sont eux les causes de votre malheur et moi je suis en train d'assainir le pays de cette racaille ».

En sciences politiques, quand on monte des histoires de toutes pièces, cela s'appelle du machiavélisme.
Sauf que Kaïs Saïed n'a pas lu Machiavel (ou n'a pas compris) et ne sait pas comment monter de vraies histoires. Il serait à l'école du machiavélisme, il ne dépasserait pas la maternelle.
Pour alimenter sa théorie du complot et gruger les nombreux crédules qui le suivent, il a fait appel à des noms de personnalités des plus respectées et des plus illustres du pays. Il ne fait que se ridiculiser et montrer qu'il est aux abois en s'en prenant à elles.
Ce n'est pas une première, il a déjà utilisé le stratagème (avec succès) et il a déjà réussi à gruger ses aficionados. Rappelez-vous les multiples interdictions de voyage et assignations à résidence lancées contre les personnalités politiques fin 2021. Rappelez-vous l'arrestation musclée de Noureddine Bhiri, ancien ministre de la Justice, le 31 décembre dernier et la conférence de presse du ministre de l'Intérieur qui s'en est suivie. Rappelez-vous les multiples convocations judiciaires des islamistes. Rappelez-vous les multiples soi-disant tentatives d'assassinat du président.
Chaque fois, le régime de Kaïs Saïed sort une histoire pour amadouer le public, salir des personnalités et alimenter sa théorie conspirationniste.
Aujourd'hui, il se trouve dans la position du xxx (mot censuré) qui crie au secours à la noyade. À un moment, plus personne ne va le croire et il va finir par se noyer.
C'est normal, « vous pouvez tromper tout le monde un certain temps ; vous pouvez même tromper quelques personnes tout le temps ; mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps » (Abraham Lincoln).


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