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En visite en Tunisie, Giorgia Meloni communique ses instructions !
Publié dans Business News le 06 - 06 - 2023

Depuis plusieurs semaines, l'Italie observe de près la situation en Tunisie. Ministres et hauts-responsables de ce pays multiplient, depuis janvier 2023, les visites et les déclarations concernant la situation du pays. L'Italie s'est engagée à un point où elle fait pression sur les autres pays européen pour soutenir la Tunisie. De son côté, le président de la République, Kaïs Saïed, a invité la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, à visiter le pays.
Sur invitation du chef de l'Etat, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a entamé sa visite en Tunisie, le mardi 6 juin 2023. Elle a été reçue par la cheffe du gouvernement, Najla Bouden. Elles auraient eu, selon l'agence Nova, une réunion plus longue que prévu. La même source a évoqué un possible deuxième rendez-vous en fin de journée. Entre-temps, Mme Meloni est attendue à Carthage où elle parlera, selon les experts, de deux principaux sujets : l'immigration et la question de l'accord avec le Fonds monétaire international (FMI).
Pour ce qui est de la migration, la présidence de la République avait indiqué, dans un communiqué du 2 juin 2023, que le chef de l'Etat comptait aborder la question de l'organisation d'une conférence portant sur la migration et la question migratoire avec la participation de tous les pays concernés. La Tunisie est connue pour être l'un des principaux points de passage des migrants irréguliers vers le continent européen. L'Italie jouait le rôle de pays d'accueil. Pendant des années, des milliers d'individus, tunisiens ou étrangers, essaient la traversée risquée de la méditerrané depuis les côtes tunisiennes vers les côtes italiennes. Par la suite, la Tunisie a accepté de jouer le rôle de police des frontières de l'Europe. Les migrants sont interceptés, parfois, par tous les moyens et laissés sur le territoire tunisien. Ainsi, la Tunisie s'est transformée en grande prison à ciel ouvert des migrants irréguliers. Petit à petit, le nombre de migrants a évolué et la Tunisie est devenue leur terre d'asile.
Ceux qui échappent au dispositif renforcés déployés sur les frontières tunisiennes finissent dans les fameux centres de détentions italiens. Des vidéos tournées à l'intérieur de ces derniers montrent l'enfer que vivent nos concitoyens interpellés par les autorités italiennes. Plusieurs décès et agressions restent encore inexpliqués. Pire, des récits évoquent un traitement inhumain et des Tunisiens drogués et entassés dans des cages. Un documentaire diffusé par une chaîne italienne a permis de dévoiler la chose. L'injection de sédatifs et le traitement inhumain des Tunisiens a été à l'origine de quelques drames. Un citoyen tunisien, rappelons-le, est décédé alors qu'il se trouvait dans un établissement psychiatrique et avait été bombardé de médicaments. Officiellement, il est décédé à cause d'un arrêt cardiaque.
Malheureusement, les autorités tunisiennes n'ont ni commenté, ni réagi à la chose. Tous ces crimes odieux ont lieu sous le silence et le regard complice de la Tunisie. Le pays a choisi d'abandonner ses citoyens se trouvant dans ces centres et de se focaliser sur d'autres choses comme l'organisation d'une conférence qui, théoriquement, pourrait permettre de trouver une solution. Le président de la République n'a pas évoqué la question. On dirait qu'il n'est même pasau courant de ce que subissent les Tunisiens. Il s'est contenté de se prononcer aux sujets des malheureux migrants subsahariens en quête de paix. Il a considéré que ces derniers n'entrent pas sur le territoire tunisien pour fuir la misère et la guerre, mais pour participer à un grand complot visant la Tunisie. Ces déclarations ont encouragé la montée des courants racistes et xénophobe en Tunisie et plusieurs migrants subsahariens ont été agressés. Ainsi, les migrants ont été malmenés des deux côtés de la méditerranée.
Quelques instants après la rencontre avec le président, Giorgia Meloni a déclaré, dans une vidéo publiée en direct que l'Italie s'était faite le porte-parole d'une approche pragmatique auprès de l'Union européenne pour appuyer la Tunisie dans la lutte contre la traite humaine et la migration irrégulière avec un paquet de financement et d'opportunités. Mme Meloni semble avoir sa propre façon de voir les choses. Elle a parlé d'un renforcement de la coopération et d'une approche globale prenant en considération le droit des personnes à ne pas devoir migrer et à ne pas devoir fuir leurs maisons, leurs familles et leurs terres parce qu'elles n'ont pas une autre alternative. Pire ! La conférence, que voulait le président organisé, pourrait finalement avoir lieu à Rome sous le thème « Migration et développement ». Il ne s'agit plus d'un projet tunisien mais d'un événement organisé en Italie.
On retiendra que le chef de l'Etat, malgré les affirmations au sujet de son attachement à la souveraineté et à la dignité des Tunisiens, n'a pas évoqué la problématique des migrants se trouvant dans les centres de détention italiens et qu'il s'est imaginé qu'une simple conférence permettra de débloquer la situation. D'ailleurs, la Tunisie et son président ont beau participer à des sommets visant à sauver l'économie tunisienne, aucun sou n'a été encaissé ! La Tunisie fait parler d'elle, non pas dans le cadre d'accords de partenariats ou de grands projets, mais comme pays à risque et en pleine crise. Il s'agit, d'ailleurs, du deuxième sujet abordé lors de la rencontre entre Kaïs Saïed et Giorgia Meloni. La visite de la présidente du Conseil italien a, aussi, pour but de débloquer la situation entre la Tunisie et le FMI. Notre pays était parvenu à un accord sur un programme de réforme avec les experts du fonds en octobre 2022. Depuis, la question du financement est restée en stand-by. Le gouvernement de Najla Bouden a obtenu l'aval du FMI au sujet d'un programme qui nous est toujours inconnu !
Quelques points ont été abordés, mais rien de détaillé n'a été communiqué au grand public. Ce que nous savons de la chose c'est que l'accord inclut un financement de 1,9 milliard de dollars sous forme de plusieurs tranches. Le reste des informations est un regroupement de déclarations éparpillées de nos ministres qui se font de plus en plus timides à ce sujet. Nous savons que le gouvernement cherche à maîtriser la masse salariale, lever les compensations des carburants et diminuer l'enveloppe de celles employées pour les produits alimentaires. Le gouvernement de Bouden a réussi à faire passer une partie de ces mesures par le biais de la loi de finances 2023. Néanmoins, il a été arrêté dans son élan puisque le président, après avoir promulgué le texte, a répondu à l'accord par un grand non.
Le chef de l'Etat a clarifié les choses dans un discours donné le 6 avril 2023 prononcé à l'occasion de la commémoration du 23e anniversaire du décès du leader et premier président de la République, Habib Bourguiba. Il a affirmé qu'il ne subira pas de pressions extérieures et qu'il n'appliquera pas de diktats. Le programme de réforme sera un ensemble d'instructions visant à appauvrir les Tunisiens. « La Tunisie est capable de sortir de la crise par ses propres moyens… Le monde et les entités financières telles que le Fonds monétaire international doivent comprendre que l'être humain n'est pas un simple chiffre… Nous exigeons le respect de la volonté du peuple », a-t-il déclaré.
Or, ces affirmations n'ont pas découragé Giorgia Meloni. Elle a réitéré l'appui de l'Italie à la Tunisie pour parvenir à un accord entre le gouvernement et le FMI. Ceci aura lieu, selon la même vidéo diffusée en direct, en respect de la souveraineté tunisienne. D'ailleurs, l'ancien député et activiste tunisien résidant en Italie, Majid Karbai a considéré, dans une déclaration accordée à Mosaïque Fm, que Giorgia Meloni jouait le rôle d'intermédiaire entre Kaïs Saïed et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. « J'ai affirmé au Président Saïed ma disponibilité à revenir bientôt ici en Tunisie avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen », a-t-elle annoncé.
À l'écriture de ces lignes, un communiqué a été publié par la présidence de la République. Il ne fait pas allusion à la situation des Tunisiens dans les centres italiens. Il semblerait que Carthage ait décidé de rester fidèle à sa politique du silence face à cette problématique. Il n'aborde que brièvement la question du FMI. Le communiqué insiste sur le refus de diktats et sur la transformation des dettes tunisiennes en projets d'investissements.
De son côté, Giorgia Meloni a affirmé le soutien de l'Italie à la Tunisie. Néanmoins, elle campe sur l'attachement à un accord entre le gouvernement et la Tunisie. Elle a, même, évoqué la stabilisation du cadre politique, de la sécurité et la progression de la démocratie en Tunisie. Remarque assez hilarante, puisque la rencontre entre M. Saïed et Mme. Meloni a eu lieu en l'absence de médias. Elle a filmé et diffusé une vidéo en direct dans laquelle on entendait plusieurs ''clics'' des appareils photos, mais il s'agit seulement de ceux de la présidence et de la délégation accompagnant la présidente du Conseil italien. Malheureusement, nous nous sommes habitués à ce genre de pratique en temps de Kaïs Saïed. Le président avait choisi de couper les ponts avec les médias tunisiens. Le palais de Carthage est devenu quasiment inaccessible pour les journalistes. Il n'y a ni chargé de communication ni intermédiaire entre les médias et le président. La question de l'accès à l'information et de la liberté des médias ont, en plus des arrestations touchant les figures de l'opposition, été critiquées par la quasi-totalité du continent européen.
De plus, nous pouvons dire que la question migratoire et la vision « futuriste » du président au sujet de l'organisation d'une conférence s'est soldée par un échec puisqu'il ne s'agit plus d'un événement piloté par la Tunisie. Mme. Meloni a parlé d'une rencontre qui aura lieu sur le sol italien et qu'elle porte sur cette nouveauté qu'elle a évoqué, à savoir « le droit des personnes à ne pas devoir migrer et à ne pas devoir fuir leurs maisons ».
Finalement, l'Italie semble plus soutenir le gouvernement de Najla Bouden et sa vision que la Tunisie et son président. Mme. Meloni pousse vers la conclusion d'un accord avec le FMI et à un renforcement de la collaboration existante entre la Tunisie et l'Italie. Ces termes signifient tout simplement achever la levée des compensations et fournir plus d'efforts en matière de moyens sécuritaires déployés pour bloquer les migrants irréguliers se trouvant encore dans le territoire tunisien. En échange, la Tunisie aura, peut-être, accès à quelques fonds de soutien et d'appui.


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