La Confédération syndicale internationale a publié, mardi 27 juin 2023, un communiqué mettant en garde contre une dérive vers le totalitarisme en Tunisie, évoquant plusieurs éléments dont une loi anticonstitutionnelle signée par le président de la République Kaïs Saïed, des décisions du Parlement et de la justice tunisienne visant à restreindre le droit d'accès à l'information et leur droit de contrôle sur les performances des fonctionnaires publics. « Nous appelons le président tunisien, l'Assemblée des représentants du peuple et le pouvoir judiciaire à changer de processus et à s'engager dans la garantie de la liberté d'expression pour tous en Tunisie », lit-on dans le communiqué.
L'organisation a rappelé la promulgation du décret 54, notant que ce décret est vite devenu un outil pour restreindre la liberté d'expression et le débat public. « Il a été utilisé comme une arme pour arrêter, menacer et harceler des journalistes, des personnalités publiques et des citoyens pour avoir accompli leur travail ou exprimé des critiques », lit-on dans le communiqué. Elle est, également, revenue sur la décision du président du Parlement, Brahim Bouderbala, d'interdire les journalistes lors des réunions des commissions parlementaires, et sur la décision du juge d'instruction du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme interdisant le traitement médiatique de l'affaire de complot contre la sûreté de l'Etat impliquant une vingtaine d'opposants politiques, avocats et militants. La Confédération syndicale internationale a, dans ce même contexte, évoqué les poursuites et arrestations qui ont visé des syndicalistes, des représentants de l'Union générale tunisienne du travail, notamment. Elle a réaffirmé que les atteintes systématiques à la liberté d'expression, les restrictions visant la liberté d'accès à l'information et de contrôle du travail parlementaire et judiciaire, ainsi que les détentions arbitraires de journalistes et de dirigeants syndicaux étaient des indicateurs que « la Tunisie glisse vers totalitarisme ». « Nous exprimons toute notre solidarité et notre soutien à nos collègues tunisiens qui se battent pour leurs droits et pour l'avenir de la démocratie dans leur pays », a-t-elle souligné.