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Tunisie Le chemin de croix des malades du cancer
Publié dans Business News le 05 - 08 - 2023

C'est un diagnostic qui tombe comme un couperet marquant à jamais la vie du malade et celle de ses proches. Le cancer est une épreuve, un long chemin parcouru vers la guérison, dans le meilleur des cas, et vers le pire, potentiellement. Des milliers de Tunisiens sont diagnostiqués chaque année. Avec l'annonce de leur maladie, viennent les tourments du processus de soin dans un pays qui manque de tout. Souvent, ce processus leur impose un périple insensé où il est question de transporter eux-mêmes leurs médicaments, s'ils les trouvent, pour pouvoir bénéficier de leurs cures.

Selon le rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), publié sur les données globales d'épidémiologie des cancers, la Tunisie a enregistré, en 2020, 19.446 nouveaux cas. 10.473 nouveaux cas observés chez des hommes et 8.973 nouveaux cas chez des femmes.
Le nombre de décès des suites du cancer s'élève à 11.855, 7.279 décès constatés chez des hommes et 4.576 chez des femmes avec une prévalence de 45.541 sur cinq ans.
15,9% des nouveaux cas enregistrés concernent des cancers du sein, 15,1% des cancers du poumon, 9,6% de cancers colo-rectaux, 7,2% des cancers de la vessie et 6,1% des cancers de la prostate. Il convient de noter que les cancers du poumon et de la vessie sont les plus diagnostiqués chez les hommes et les cancers du sein et colo-rectaux sont les plus diagnostiqués chez les femmes.
Qui dit cancer, dit un protocole de soins précis et urgent où il est question de déployer tous les moyens possibles pour sauver la vie du malade. Parmi ces protocoles, qui diffèrent d'un cas à un autre, le plus courant est la chimiothérapie. Plus communément appelée chimio, il s'agit d'un traitement général qui vise à détruire les cellules cancéreuses ou à les empêcher de se multiplier.

De nombreux médicaments, souvent associés, sont ainsi administrés au malade par voie parentérale. Le nombre de « cures » est défini par l'oncologue traitant. Les médicaments servant à traiter le cancer sont souvent onéreux et font partie, en Tunisie, de la liste de la Caisse de l'assurance maladie (Cnam) des médicaments soumis à l'accord préalable.
Si la logique voudrait que les malades, munis de leur prise en charge, puissent se rendre dans les centres hospitaliers ou dans les cliniques privées pour recevoir leurs cures, dans les faits, les choses ne sont pas si simples.
En effet, les malades sont appelés, en Tunisie, à aller chercher eux-mêmes, auprès des trois ou quatre cliniques affiliées à la CNSS du pays, leurs médicaments. Ils sont ainsi fournis et transportent leurs fioles dans des glacières pour se rendre à l'hôpital et procéder à leur injection. Pour ceux qui veulent s'épargner cette torture, le chemin est tout aussi compliqué. C'est auprès des officines qu'ils doivent aller chercher leurs médicaments au risque de ne pas les trouver non plus, toujours la glacière à la main.
C'est donc ainsi que des dizaines de malades et leurs proches se retrouvent à faire la queue devant les cliniques de la CNSS, parfois une nuit entière, pour être parmi les premiers à être servis. Il arrive même, et souvent selon les témoignages que nous avons pu recueillir, qu'on demande aux « retardataires » dont le tour n'arrive qu'à sept heures du matin de « revenir demain », car plus de médicaments à leur donner…

Alors que les des impayés de la Cnam envers la Pharmacie centrale ont atteint 440 millions de dinars en 2022, que la dette de la CNSS auprès des hôpitaux a considérablement évolué puisque ces derniers doivent à la Pharmacie centrale de Tunisie plus de 700 millions de dinars, il y a lieu de se demander si la PCT est réellement capable de fournir les médicaments nécessaires et en quantité suffisante à tous les malades. Il y a lieu aussi de se demander les laboratoires internationaux, qui sont les fabricants de la plupart de ces produits, continuent à fournir la PCT avec les quantités commandées. Il y a fort à parier que ce n'est pas le cas.
D'abord les « il faut revenir demain » des cliniques de la CNSS ne laissent pas de place au doute, ajouter à cela la difficulté de trouver les médicaments chez les pharmacies privées qui disent n'être fournies qu'avec de très faibles quantités. Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie, Naoufel Amira, à qui nous nous sommes adressés pour éclairer ce point, nous a confié que les laboratoires ne livrent qu'une partie infime des commandes et que ces faibles quantités sont réparties entre le public et les pharmacies privées. En somme, il arrive que cinquante boites de médicaments soient à répartir entre les 2.500 pharmacies du pays, et cela pour les malades qui abandonnent la prise en charge pour acheter leur médicament au plein tarif.
Des malades donc, affaiblis et acculés se retrouvent à faire la queue ou à tourner de pharmacie en pharmacie, à en faire des dizaines parfois, qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il fasse cinquante degrés, tout cela dans l'urgence car les rendez-vous sont précieux et le cancer est une maladie qui n'attend pas. Tout cela pour leur droit le plus fondamental, celui à la vie. Il arrive qu'ils doivent dans l'urgence se tourner vers des plans B, acquérir leurs médicaments dans d'autres circuits, emprunter puis refaire ce périple pour rendre, user de tous les moyens nécessaires pour obtenir ce qui est censé être leur droit. Malades et persécutés, ils sont souvent contraints au silence, l'urgence étant de se faire soigner et vite peu importe comment ils obtiennent leurs fioles, pourvu qu'ils les aient.
Autre anomalie, autre aberration, autre persécution, autre crime, celui de donner des médicaments aussi sensibles aux mains des malades eux-mêmes. Ces produits, on les transporte dans des glacières car ils nécessitent un protocole de conservation strict. Ils sont fragiles et doivent être gardés à une certaine température. Qui garantit qu'ils arrivent à l'hôpital en bon état, qui garantit à ces malades qu'ils reçoivent dans les veines un produit efficace, quand ils ont dû le transporter par quarante degrés dans une boite en polystyrène, personne…

De nombreuses questions sont à poser. D'abord le pourquoi de cette stratégie qui fait qu'on va chercher un médicament à administrer à l'hôpital auprès d'un établissement affilié aux Affaires sociales. Quelle raison a-t-on trouvée pour torturer des malades atteints d'une pathologie grave et potentiellement mortelle et leur imposer un tel calvaire au lieu de simplement les soigner ? Pourquoi n'a-t-on pas relié directement les hôpitaux et les cliniques CNSS si tant est on soit obligé de les maintenir au lieu de mettre un malade au milieu ? Qui est responsable de la dégradation des produits s'ils venaient à ne pas être correctement conservés et quel effet cela peut avoir sur les malades ? Est-ce que la quantité de médicaments disponibles couvre réellement les besoins des malades dans tout le pays, et si tel est le cas alors pourquoi leur dit-on de revenir ? Par quel absurde raisonnement est-on parvenu à imposer à des malades de l'intérieur du pays de faire la queue aux aurores à Tunis, Sousse ou Sfax pour des médicaments qui leur sont vitaux ? Tout ce système ne relève-t-il pas de la maltraitance aux malades ?
Nous avons évidemment tenté de contacter le ministère de la Santé pour avoir des réponses à ces questions. Á l'heure de l'écriture de ces lignes, nous n'avons toujours pas été contactés dans ce sens. Entre temps, le pénible supplice continue pour des milliers de Tunisiens qui ont eu la double malchance de tomber malades, dans l'actuelle Tunisie…


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