Le Front de salut national a tenu, le vendredi 4 août 2023, une conférence de presse à l'occasion du limogeage de la cheffe du gouvernement Najla Bouden et la nomination de Ahmed Hachani comme successeur. S'exprimant durant cet événement, le président du front, Ahmed Nejib Chebbi a mis l'accent sur la défaillance du gouvernement. Ahmed Nejib Chebbi a affirmé que tout le monde, y compris les individus soutenant Kaïs Saïed, s'attendait à un remaniement ministériel. Il a qualifié le gouvernement de handicap. Il a critiqué la nomination d'un nouveau chef du gouvernement, de façon unilatérale, sans dialogue et en se limitant à une annonce tard le soir par communiqué. « Il a choisi un inconnu… Aucun Tunisien ne le connaît… Quelle est sa vision pour la Tunisie ? Quel est son programme ? Personne ne le sait. Je suis certain qu'il (Ahmed Hachani) n'a pas de programme… Les Tunisiens s'attendent à la nomination d'un gouvernement compétent et capable. Ils ont été déçus. Son CV reflète une absence de compétences…. La Tunisie est en crise… La Tunisie a besoin d'un gouvernement de sauvetage… La Tunisie peut se désintégrer », a-t-il dit. Ahmed Nejib Chebbi a indiqué qu'un programme de sauvetage devait être élaboré suite à une entente entre les acteurs de la scène politique et de la société civile. Ce programme sera exécuté par un chef du gouvernement faisant l'objet d'un consensus national. Il a assuré qu'il n'y aura de salut de la Tunisie qu'à travers la création d'un gouvernement de sauvetage. Ahmed Nejib Chebbi a qualifié les récentes déclarations du président de la République, Kaïs Saïed, au sujet des fonctionnaires publics, de menaces. Il a, aussi, critiqué ses propos au sujet des syndicalistes et des mouvements sociaux. « Ceux qui doivent organiser ce dialogue sont ceux qui, actuellement, ont la tête baissée et tournent le dos. Il s'agit de ceux ayant assumé leur responsabilité en 2013 et ont évité à la Tunisie le scénario égyptien… Ceci a abouti à des élections… On leur a attribué le prix Nobel de la paix… Ils sont appelés à agir et à élaborer une feuille de route afin de sortir de la crise… Il n'y a pas d'autre solution… Kaïs Saïed a refusé le dialogue depuis sa venue… Lorsque l'UGTT lui a présenté son projet de dialogue national, il y a de cela près de deux ans, il leur a indiqué qu'elle s'était trompée d'adresse… On a fait un deuxième essai à travers le nouveau quartet, mais l'initiative n'a pas vu le jour… Il leur a indiqué que le dialogue ne pouvait avoir lieu qu'au sein du parlement », a-t-il déclaré. L'ancienne élue et ancienne vice-présidente du président du parlement, Samira Chaouachi, a, de son côté, considéré que le processus entamé par le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, avait enregistré plusieurs échecs. Elle a évoqué le faible taux de participation au référendum et aux élections législatives. Ceci aurait dû, selon elle, pousser le Président à démissionner. Elle a insisté sur la détérioration de la situation économique du pays. « Le salut se traduit par des prises de position courageuses… On limoge, sans explications, la cheffe du gouvernement qui a échoué… On nomme, sans explications, un successeur… Son CV n'évoque pas de réalisation… Il y a une volonté de la part de la classe politique, elle est prête à dialoguer. Faisons un véritable pas en avant », s'est-elle exclamée. S'exprimant par la suite, le conseiller de Rached Ghannouchi, Riadh Chaïbi a indiqué que le changement de personne à la tête du gouvernement n'aura pas d'impact puisque c'est le Président qui contrôle tout. Il a mis l'accent sur la situation socio-économique du pays et a expliqué que la guerre en Ukraine a causé une baisse du taux de croissance de 0,3%. « Trois ans après la crise provoquée par le coronavirus et un an et demi après la guerre en Ukraine, la Tunisie n'a toujours pas retrouvé le taux de croissance réalisé avant ces événements… La Banque mondiale a considéré que le taux de croissance dans la zone MENA, c'est-à-dire, y compris le nord de l'Afrique, atteindra 2,9%. En Tunisie, le taux de croissance a été estimé à seulement 1,9%... Ceci reflète la situation du pays », a-t-il dit. Riadh Chaïbi a pointé du doigt une absence de vision politique. Ceci est reflété par les récentes lois de finances. Malgré les slogans évoqués lors de l'annonce des mesures exceptionnelles à la date du 25 juillet 2021, les indicateurs économiques reflètent, en 2023, une situation critique. Riadh Chaïbi a insisté sur la dégradation du pouvoir d'achat et la hausse de l'inflation et l'impact de ce phénomène sur la situation sociale et sur les citoyens. « Nous avons un vide budgétaire de près de 25 milliards de dinars. Les taux sont devenus effrayants… Comment le gouvernement compte-t-il combler ce déficit ? Au niveau de la balance commerciale, le déficit est énorme en raison de la hausse des prix des produits alimentaires, de la baisse de la valeur du dinar et de la hausse des produits énergétiques. L'Etat et le gouvernement sont incapables de combler ce déficit… Parallèlement, on note une absence de réformes et de mobilisation des fonds… Le Président compte encore sur la patience du peuple… La vie des Tunisiens s'est compliquée et est devenue de plus en plus difficile… Les Tunisiens fuient leur pays et ne le considèrent plus attrayant… Si les Tunisiens fuient leur pays, comment allons-nous convaincre les investisseurs ? », a-t-il déploré. Ridha Chaïbi a estimé que l'image de la Tunisie était désormais liée aux atteintes, à une crise économique et au racisme. Il a, aussi, critiqué la politique isolationniste appliquée par le pouvoir en place. La Tunisie, selon lui, n'a de relation cordiale qu'avec le pouvoir italien extrémiste. Il a conclu que la Tunisie perdait petit à petit l'un des piliers du développement économique du pays, à savoir la coopération internationale.