L'ancien diplomate Abdallah Laabidi a présenté, vendredi 25 août 2023, sa lecture sur la dernière réunion du Sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui s'est tenue du 22 au 24 août à Johannesburg en Afrique du Sud et l'adhésion de six pays au groupe. En outre, il a tenté de répondre à l'interrogation : La Tunisie a-t-elle raté l'opportunité de présenter sa candidature pour rejoindre le groupe des Brics ?
Au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, l'ancien diplomate a ainsi expliqué que « la Tunisie a participé en tant qu'observateur pour palper les mouvements et les équilibres des forces pour déterminer sa position ». Et d'ajouter : « Vu la situation économique et politique de la Tunisie, le pays ne peut faire son entrée dans un groupe tel que celui-ci qu'à travers une alliance politique régionale et une correspondance d'intérêt avec d'autres parties. La Tunisie est complètement isolée aujourd'hui. Notre meilleure relation est avec l'Algérie. Or, certains pays nous reprochent ce lien ». M. Laabidi a estimé qu'il faut faire attention à certains éléments subtils et ultrasensibles : les Etats-Unis d'Amérique ne seront pas juste perdants au niveau du dollar. En effet, l'Arabie saoudite et l'Iran sont en train de se rapprocher. D'un autre côté, les Emirats arabes unis ont fait leur entrée dans ce groupe. Or, ce groupe regroupe 80% des ressources en énergie du monde, d'une part. Et d'autre part, une baisse des tensions va se traduire par une baisse des ventes d'armes. Tout cela va impacter négativement le complexe militaro-industriel américain ainsi que le dollar, qui ne sera plus une monnaie de référence et de réserve. Bien sûr, les Etats-Unis ne vont pas rester les bras croisés et vont sûrement réagir d'une façon ou d'une autre. Et de marteler : « La géostratégie est un équilibre dynamique, à chaque pas tout peut changer ».
S'agissant du refus temporaire du dossier algérien, Abdallah Laabidi pense que ce refus est tactique et non pas stratégique, car le groupe qui est en train d'être créé n'a pas de raisons économiques ou stratégiques justifiant le refus et ne veut pas se mettre à dos en même temps les Etats-Unis et l'Union européenne. Son actuel objectif étant de contrer le dollar.
Rappelons que le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar a été chargé par le chef de l'Etat de présider la délégation tunisienne qui a participé à la 15e édition du Sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).