Pour une grande partie des régimes européens, du moins si l'on en croit leurs discours officiels, l'éradication systématique dont sont victimes les Palestiniens à Gaza est l'un des aspects d'une guerre contre le terrorisme menée par l'Etat de lumière que serait Israël. Les prises de position aveuglément alignées derrière l'entité sioniste sont légion et les nations européennes, relayées par des médias occidentaux largement aux ordres, rivalisent dans la surenchère. Une palme spéciale revient à une célèbre propagandiste française que je ne nommerai pas qui a soutenu, sans trembler qu'il existe une différence entre le fait de tuer des bébés et des enfants exprès ou pas. Les soutiens de cette position, si prompts à donner des leçons de morale au monde entier, considèrent donc que le Hamas est un mouvement terroriste. Une classification qui avait inclus l'IRA en Irlande, le FLN algérien ou encore l'ANC d'Afrique du sud. Mais l'occident n'est pas à une approximation près. C'est en allant combattre le terrorisme que les occidentaux ont généré Daech, c'est dire. Donc, pour en revenir à la logique occidentale boiteuse, comme le Hamas est un mouvement terroriste, il est légitime de penser que tous ceux qui soutiennent le Hamas et ses actions sont au moins coupables d'apologie du terrorisme, sinon de complicité. Mais à ce moment-là, les dirigeants des pays européens et occidentaux se retrouvent dans une impasse difficile. C'est que des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Londres, Paris malgré les interdictions, Copenhague, Oslo, Rome, Washington et autres capitales. Ces personnes ont brandi le drapeau palestinien et ont osé défendre le droit des Palestiniens d'exister en sécurité. Affront suprême, ils ont dit qu'Israël ne se défendait pas, mais était en train d'exécuter des innocents, des femmes et des enfants dans un génocide largement documenté par les médias. Croyant sans doute être en démocratie, ils ont tenu leurs propres dirigeants pour responsables de cette situation vu qu'ils se sont tous précipités pour embrasser la main de l'agresseur génocidaire qu'est l'entité sioniste. En France, ils ont pensé qu'ils pouvaient au moins sortir crier leur colère dans la rue, comme l'ont fait leurs ancêtres depuis la révolution française. Mais les dirigeants du pays des droits de l'Homme leur ont fait comprendre que la philosophie des Lumières était devenue bien terne et les manifestations ont été interdites. Le ministère français de la Justice a même publié une circulaire assimilant clairement le soutien à la Palestine à l'apologie du terrorisme. Venant de ministres eux-mêmes poursuivis par les tribunaux de leurs pays, cela en serait amusant si ce n'étaient les images dévastatrices qui nous parviennent de la bande de Gaza. Maintenant, les régimes occidentaux devront traiter avec les milliers de sympathisants des terroristes qui ont défilé dans les rues des grandes capitales. Si ces régimes souhaitent aller plus en profondeur, ils devront se rendre compte de leur faillite humanitaire et morale, aussi bien au Proche-Orient qu'en Afrique ou ailleurs dans le monde des « sauvages ». L'Occident est tellement habitué à gouverner tranquillement le monde depuis la deuxième guerre mondiale qu'il est aveugle aux changements qui traversent son entourage. En plus, l'Occident n'a plus le monopole de la force militaire ni celui de l'avancée technologique. Son seul et principal atout est ce qu'il a apporté au monde en termes de droits humains et de conscience universelle, même si l'Histoire a prouvé, à plusieurs reprises, que même cela était largement exagéré. Mais les positions de ces régimes devant le massacre impuni des populations civiles de Gaza ont fini de faire tomber le masque et ont montré qui contrôlait réellement les agissements des différents Etats. Aujourd'hui, le discours de ces régimes autour de principes comme l'universalité des droits de l'Homme est devenu totalement inaudible pour la rue arabe et pour le Sud global dans son ensemble. Le discours sur les droits de l'Homme et le respect des libertés est perçu comme un ultime outil de contrôle infligé par les occidentaux aux régimes du sud pour les accabler et les maintenir sous leur contrôle. En réalité, les positions aveugles des pays de l'Occident concernant la cause palestinienne ont contribué à faire reculer les combats pour les droits de l'Homme de dizaines d'années. Elles ont contribué à conforter les dictateurs dans leurs positions et dans leur rhétorique qui fait volontairement l'amalgame entre ces questions et l'influence occidentale. L'Occident ne voit pas qu'il se tire une balle dans le pied en soutenant, en finançant et même en participant à un génocide à ciel ouvert. Il serait trop facile d'expliquer cette attitude par le complexe de culpabilité de l'Occident envers les juifs qu'ils ont eux-mêmes déporté par milliers dans les chambres à gaz allemandes. Mais il est difficile de trouver d'autres explications sans tomber dans les théories du complot. Cet alignement sans précédent et sans aucun discernement est le fruit de dizaines d'années de collaboration avec une entité colonisatrice et destructrice. L'Occident ne changera pas de position de sitôt, cela parait clair. Mais il devra, néanmoins, comprendre que ses positions devront être assumées.