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Ce que l'on sait de la 13e affaire de complot contre l'Etat impliquant Henry Kissinger
Publié dans Business News le 19 - 01 - 2024

Une nouvelle affaire de complot contre l'Etat secoue l'opinion publique tunisienne depuis deux jours. La treizième du genre. Elle implique cette fois l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, l'ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, les anciens ministres Mehdi Ben Gharbia et Ahmed Nejib Chebbi et l'ancien député et avocat Ahmed Essaddik. Comme les précédentes affaires de complot contre l'Etat, celle-ci ne manque pas de ridicule.

Les affaires de complot contre l'Etat intentées par le régime putschiste de Kaïs Saïed se suivent et se ressemblent. Elles impliquent à chaque fois des personnalités politiques réputées opposées au régime et se caractérisent par certains aspects ridicules et plusieurs contradictions et aberrations.
Il y a tellement d'affaires et tellement de prévenus que les observateurs les plus avisés ont du mal à les compter et les différencier. Treize affaires, tranche Samir Dilou, avocat de plusieurs prévenus qui tient religieusement les comptes et suit de près chacune d'elles.
La dernière affaire a été ébruitée mercredi 17 janvier 2024 au soir, à la veille de la traduction de certains prévenus devant la juge d'instruction du Pôle terroriste près le tribunal de première instance de Tunis.
L'affaire a commencé par une délation d'un prisonnier qui purge des peines de dizaines d'années de prison dans des affaires de droit commun, dont l'émission de chèques sans provision, d'après ce qu'a révélé Samir Dilou. Cet homme détenu à la prison de Messâdine a entendu deux codétenus, Mehdi Ben Gharbia et un directeur de l'une de ses entreprises, parler d'un complot visant à saboter les élections locales qui ont eu lieu fin décembre. D'après lui, l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger aurait donné de grosses sommes d'argent à l'ancien chef du gouvernement Youssef Chahed (résidant actuellement aux Etats-Unis) pour les remettre à l'ancien ministre et opposant Ahmed Nejib Chebbi afin de saboter les élections locales. Le cerveau de bande serait l'ancien ministre Mehdi Ben Gharbia, en prison depuis plus de deux ans, qui transmettrait ses consignes via son avocat, l'ancien député Ahmed Essaddik.
Dans sa délation, le prisonnier de droit commun est d'une précision inouïe et va jusqu'à donner le nom complet de l'ancien secrétaire d'Etat américain à savoir Henry Alfred Kissinger. Même les observateurs les plus avisés de la politique américaine et internationale ignoraient que M. Kissinger avait Alfred dans son nom, puisque la planète entière se suffisait d'Henry Kissinger.
Parvenue aux services de renseignement pénitentiaires, la délation a été transmise dans un rapport à la direction des prisons puis au ministère de la Justice, puis au parquet qui a décidé d'ouvrir une instruction judiciaire. La treizième affaire de complot contre l'Etat est née.

Jeudi 18 janvier 2024, la juge d'instruction près le Pôle terroriste a auditionné Mehdi Ben Gharbia et son directeur avec qui ils ont échangé à propos de cet hypothétique complot. Ils ont démenti catégoriquement avoir tenu cette discussion, d'après Samir Dilou, un des avocats de M. Ben Gharbia.
Me Essaddik a été interdit de représenter son client vu qu'il y a un conflit d'intérêts, étant lui-même cité dans l'affaire.
D'après Me Dilou, les avocats ont présenté à la juge un document signé par le prisonnier délateur dans lequel il dément catégoriquement sa délation. En clair, il n'a jamais tenu les propos qui lui ont été attribués dans le PV.
Dans leurs plaidoiries, les avocats ont relevé plusieurs points intrigants. Le premier est que personne ne connait vraiment le nom complet de M. Kissinger. Comment expliquer alors qu'un prisonnier de droit commun, sans grande culture et qui a quitté l'école au secondaire, connait ce détail. Ils relèvent que la juge aurait dû l'interroger d'abord avant d'interroger le prévenu. Ils relèvent enfin la vacuité totale du dossier puisque celui-ci ne contient que cette délation verbale, sans aucune preuve ou élément de preuve. Le dossier ne contient aucune trace d'une quelconque transaction financière entre les prévenus. Ils notent dans la foulée que M. Kissinger est décédé en novembre, à l'âge de cent ans, et qu'il n'avait quasiment pas d'activités, encore moins d'activités politiques, à la fin de sa vie.
Vu tout cela, la juge a mis fin aux auditions d'hier afin de convoquer le délateur qui a nié sa délation et d'essayer de compléter son dossier avec des éléments plus sérieux. C'est par là qu'elle aurait dû commencer.

« Le parquet n'est pas un bureau d'ordre. Il se doit d'investiguer, de chercher sur Google, de vérifier le sérieux des plaintes ou des délations qui lui parviennent avant d'ouvrir une instruction », s'étrangle Samir Dilou ce matin sur IFM dans l'émission de Borhen Bssais. En dépit de la vacuité du dossier, ce même parquet a réussi l'exploit de trouver 67 chefs d'accusation contre les prévenus, précise Me Dilou.
C'est clair, au vu de tout le ridicule entourant cette nouvelle affaire, il n'y aurait jamais dû y en avoir une. Sauf que ce n'est pas une première.
Dans les précédentes affaires de complot contre l'Etat, il y avait également plusieurs points ridicules. Des témoins présentés par des XX et des XXX. Un prévenu (Bouali Mbarki) qui complote en 2022 alors qu'il est décédé en 2020. Le dossier d'accusation du parquet attestant que les prévenus complotaient contre l'Etat avec des diplomates étrangers (Etats-Unis et Italie entre autres) alors que le ministère des Affaires étrangères disculpait, dans un communiqué, ces mêmes diplomates.
Tous ces points ridicules, toutes ces contradictions, toutes ces aberrations ont été montées en épingle par les avocats de la défense, très bien relayés par les médias privés (les médias publics ont brillamment joué l'omerta) au point que le juge d'instruction a ordonné l'interdiction du traitement médiatique de l'une des affaires de complot contre l'Etat.
Qu'il y ait traitement médiatique ou pas, il y a des faits que l'on ne peut pas occulter. Il y a, aujourd'hui, des dizaines de personnalités politiques croupissant en prison depuis près d'un an à cause de ces affaires. Il y a des dizaines de personnalités politiques et médiatiques qui sont interdites de voyage et qui ont été salies par les médias à cause de ces affaires. L'image de la Tunisie est ternie à l'international, surtout lorsqu'on cite, avec énormément de légèreté et un manque affligeant de sérieux, des personnalités politiques étrangères célèbres comme Henry Kissinger dans cette affaire, ou Bernard Henry Lévy dans l'une des précédentes.
Dans les douze affaires précédentes de complot contre l'Etat, le régime putschiste de Kaïs Saïed a réussi à mettre derrière les barreaux des personnalités politiques et lobbyistes de premier plan. Elles étaient toutes déterminées à le déloger du pouvoir. Leur exercice ordinaire d'opposition démocratique a été considéré comme complot contre l'Etat, en dépit de l'absence de tout acte contraire à la loi.

Dans cette treizième affaire, il y a trois nouvelles cibles, à savoir Mehdi Ben Gharbia, Ahmed Essaddik et Ahmed Nejib Chebbi. Youssef Chahed étant déjà cité dans une précédente affaire de complot.
M. Ben Gharbia est incarcéré depuis octobre 2021 et il a réussi à prouver son innocence, d'après ses avocats. Mieux que cela, le juge d'instruction chargé de son dossier l'a disculpé et ordonné sa libération. Il s'est trouvé démis de ses fonctions juste après et Mehdi Ben Gharbia est resté en prison. Comme les délais légaux de détention (quatorze mois) sont largement dépassés et que son innocence allait éclater au grand jour lors de son procès, il fallait lui trouver un nouveau dossier pour le maintenir en prison, puisqu'il serait dans la ligne de mire du président de la République. C'est une des lectures plausibles, que donnent ses avocats. Bon à rappeler, M. Ben Gharbia est périodiquement la cible d'attaques odieuses dans des pages Facebook réputées proches de Kaïs Saïed.
Ahmed Essaddik, bien qu'il fût député du Front populaire, a quasiment quitté le monde politique et se montre bien discret ces dernières années. S'il est convoqué dans cette affaire, c'est parce que c'est lui qui a réussi à détricoter l'ensemble des accusations ciblant Mehdi Ben Gharbia. Il s'agit de trouver un moyen de le discréditer, voire l'emprisonner et priver ainsi M. Ben Gharbia d'un brillant avocat.
Quant à Ahmed Nejib Chebbi, il est la seule grande figure politique de l'opposition restée libre. M. Chebbi continue à lutter contre le régime et à dénoncer son despotisme et ses injustices. Il est temps de le faire taire à l'instar de tous les autres.
Le timing de cette affaire est étrangement identique aux précédentes affaires de complot. Il vient après une débâcle électorale du régime. C'est comme si le régime cherchait à faire diversion pour que l'opinion publique oublie les élections et s'intéresse aux hypothétiques complotistes. C'est aussi comme si l'on cherchait un bouc émissaire sur lequel le régime essuie sa défaite ou, plutôt, se venge.
Ce que l'on conclut est que le régime est frappé de « complotite » aigüe, donne du crédit aux propos les plus farfelus et offre à ses adversaires plusieurs bâtons pour se faire battre.


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