Les détenus politiques dans le cadre de l'affaire de complot contre la sûreté de l'Etat, Ridha Belhadj, Jaouhar Ben Mbarek, Ghazi Chaouachi, Khayam Turki et Issam Chebbi ont adressé, vendredi 19 janvier 2024, une lettre ouverte au Quartet ayant obtenu le Prix Nobel de la paix en 2015 se composant de l'UGTT, de l'Onat, de la LTDH et de l'Utica. Les détenus se trouvent en prison depuis février 2023. Les prisonniers politiques ont appelé le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, le président de l'Utica, Samir Majoul, le président de la LTDH, Bassem Trifi et le président de l'Onat, Hatem Mziou à réagir face à l'injustice et à la répression. Les détenus ont considéré que le pays avançait vers une ère de répression, de fausses accusations, de facilitation de l'emprisonnement et de négligence au sujet de la liberté. « Nous nous attendons à une position ferme de votre part, non pas seulement en raison de votre rôle dans la défense de la liberté et de la dignité des Tunisiens et des Tunisiennes... Mais, en raison de votre responsabilité, en tant que quartet ayant organisé un dialogue conduisant à un processus politique incluant une constitution, des élections et des institutions. Vous avez, grâce à cela, obtenu le Prix Nobel de la paix qui a été célébré comme étant une consécration historique pour la Tunisie », lit-on dans la lettre. Les signataires ont dressé un bilan de la situation en Tunisie et ont cité un ensemble de faits ayant eu lieu depuis le 25 juillet 2021, à savoir : - Le silence face aux attaques visant le pouvoir judiciaire, à travers la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, la révocation de plus de cinquante magistrats, le harcèlement des juges. Ceci a conduit à une disparition du principe de la justice. Ainsi, la justice vit l'une des pires phases de son histoire. - Le silence et le déni face à la dégradation de la situation du pays et la campagne d'arrestations sans précédent, basée sur des dossiers dépourvus de preuves et infondés. Ces affaires visent toutes les classes sociales et en dépit de leurs orientations politiques. Le régime en place, selon la lettre, use des arrestations et des faux dossiers afin de dissimuler sa défaillance et son incapacité à débloquer la situation. Il s'agirait d'un retour vers l'autocratie et la dictature. Le prix serait la désintégration de l'économie tunisienne et la division entre les Tunisiens. - Le silence face à l'injustice dont les détenus politiques font l'objet depuis près de onze mois. Ils ont déploré la normalisation de l'arrestation et de la détention de dirigeants politiques malgré l'absence de crimes. S'adressant aux dirigeants des organisations composant le quartet, les détenus les ont appelés à assumer leur responsabilité et à respecter les principes envers lesquels ils s'étaient engagés.
Pour rappel, ces derniers sont en prison depuis le 25 février 2023. Chaima Issa et Lazhar Akremi faisaient, également, partie des personnes détenues dans le cadre de la même affaire. Ils ont été relâchés à la date du 13 juillet 2023, mais continuent à faire partie des suspects.