L'avocat et ancien dirigeant au sein de Nidaa Tounes, Lazhar Akremi, a indiqué, mercredi 13 mars 2023, avoir rendu visite aux dirigeants islamistes Rached Ghannouchi et Ali Larayedh détenus à la prison civile de la Mornaguia. Après avoir détaillé le déroulement de cette visite, il a appelé à la libération de tous les prisonniers politiques assurant qu'en Tunisie, il y a de la place pour tous, y compris les islamistes. « Aujourd'hui, je suis allé rendre visite au cheikh Rached Ghannouchi à la prison de la Mornaguia où nous avons séjourné ensemble pendant quatre mois. Ils l'ont ramené souriant. Il m'a serré dans ses bras et m'a remercié. Nous avons parlé des conditions du jeûne, de la nourriture froide et de ce que l'on peut acheter à la cantine. Il m'a informé qu'il jeûnait depuis le 7 octobre en soutien à la résistance à Gaza, et il m'a dit qu'il refusait d'aller voir le médecin alors qu'il était menotté. Il m'a examiné du regard attentivement et m'a dit qu'il était venu ici sur une décision politique et qu'il n'en sortirait que sur une décision politique (…) Je n'ai trouvé aucun commentaire à faire, moi qui me suis débarrassé des résidus de nos anciennes batailles, de la haine, de la joie mauvaise et de l'idéologie de l'éradication. Après, je suis allé m'assoir aux côtés de M. Ali (Ali Larayedh, ndlr) pendant environ deux heures. J'ai trouvé qu'il était calme, rassuré, en méditation (…) J'ai pu vérifier que l'homme n'est pas à l'image qu'on m'avait peinte de lui. J'étais persuadé qu'il se vengerait de ceux qui l'avaient maltraité et torturé – lui qui a passé seize ans en prison à l'époque de Ben Ali, dont douze à l'isolement – mais il n'a touché personne et n'a pas pensé à la vengeance. Il me l'a d'ailleurs confirmé aujourd'hui (…). Les islamistes sont les enfants de ce pays. À l'heure où ils étaient à l'apogée de leur puissance, ils n'ont pas aboli le carré démocratique. Nous n'étions pas d'accord, nous nous sommes affrontés jusqu'à l'inimitié, mais il n'est pas de notre droit de leur accorder un droit ou de leur ôter un droit. Le pays peut contenir tout le monde au sein d'un système démocratique de droit. . . La liberté est comme le phénix qui brûle et renaît de ses cendres (…) La Tunisie est le pays de la liberté (…) Liberté pour les prisonniers de l'opinion, de la pensée et pour les hommes politiques », a-t-il écrit. Lazhar Akremi a quitté la prison de la Mornaguia le 13 juillet 2023, après cinq mos de détention dans le cadre d'une investigation sur une affaire dite de complot contre la sûreté de l'Etat. Le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, est lui en détention depuis le 9 juin 2023, dans le cadre de l'affaire dite de l'appareil secret. L'ancien ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh est, lui, en prison, depuis le 19 décembre 2022, dans le cadre de l'affaire de l'embrigadement des jeunes tunisiens et leur envoi pour le djihad dans les zones de conflit.