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Gaza, mon amour
Publié dans Business News le 15 - 04 - 2024

Gaza outragée, Gaza brisée, Gaza martyrisée, mais Gaza debout ! Gaza se bat pour sa survie dans une indifférence générale honteuse, celle des dirigeants arabes s'élève au niveau de la trahison historique.
De Khan Younès à Gaza ville, en passant par Deir El Balah, Beit Lahya, Beit Hanoun, Nuseirat, Jabalia, Kuba, Rafah… Gaza, autrefois carrefour stratégique entre les empires, grâce à sa richesse agricole, sa position géographique et son contrôle crucial sur le passage entre la Méditerranée orientale et l'Egypte, a été transformée en champ de ruines et pourtant elle est toujours debout.

Gaza, une histoire millénaire
Gaza possède une histoire millénaire. Depuis l'Antiquité, elle a été sous la domination de divers empires et pouvoirs, des Egyptiens aux Britanniques, en passant par les Philistins, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Croisés et les Ottomans.
Gaza ville, qui abritait 700.000 habitants, tire son nom de "Forteresse" en cananéen. Elle a été érigée par le pharaon Thoutmôsis III en 1400 ans avant notre ère. Après le 7 octobre, l'équivalent de deux bombes nucléaires, les bombardements massifs menés par les Israéliens ont réduit ce patrimoine de l'humanité en ruines. Des sites archéologiques, des musées, des universités, des mosquées, des églises, et même les cimetières ont fait les frais des bombardements aveugles (l'Eglise byzantine et la Mosquée Al-Omari de Jabalia, la Mosquée Sheikh Shaaban, la Mosquée Al-Dhafar Damri à Al-Shuja'iya (à l'est de la ville de Gaza) le Sanctuaire Al-Khader à Deir Al-Balah (au centre de Gaza)) et j'en passe. L'université islamique de Gaza, l'université Al Israa ont été pulvérisées par des centaines de mines placées sous le bâtiment qui avait auparavant servi durant 77 jours de base militaire à l'armée d'occupation. Au vu du bilan : 301 structures de santé détruites, 177 sièges de médias, 647 mosquées et églises détruites, 443 écoles et universités détruites, 200 sites archéologiques détruits, 122 500 habitations totalement détruites et 269 700 nous sommes en droit de conclure que ce sont des actes délibérés dont l'objectif est de rendre l'enclave "inhabitable" et priver les Palestiniens de représentations physiques de leur histoire et de leur mémoire. Les rares photos qui nous parviennent nous rappellent étrangement les villes bombardées durant la Seconde Guerre mondiale.

La Nakba : un drame marquant
Ce territoire, souvent présenté par les médias occidentaux comme un bidonville, a été le théâtre de drames comme la terre en a rarement connu. Cette étroite bande de terre de 41 km de long sur 6 à 12 kilomètres de large, autrefois prospère a été frappée de plein fouet il y a 75 ans par la Nakba, la "Catastrophe".
En 1947, les Palestiniens, de paisibles paysans et artisans ont été trahis par les Britanniques, mandataires de la Palestine historique, qui après avoir promis une même terre à deux peuples ont quitté la région les ont livrés mains et poings liés aux extrémistes sionistes qui rejetaient le moindre compromis territorial et étendaient la mainmise des colons sur les terres. Toutes formes de résistance étaient réprimées dans le sang. Des centaines de bédouins ont été abattus en toute impunité. Les conquêtes israéliennes ont entraîné l'expulsion massive par la force de civils palestiniens, contraints d'abandonner leurs foyers et de se réfugier dans la zone de Gaza, sous la protection relative de l'armée égyptienne.
L'afflux de réfugiés, encerclés par la mer et les troupes israéliennes, a provoqué une des pires tragédies de l'humanité. Les habitants de Gaza, Khan Younès, Rafah et autres ont perdu leurs terres et leurs moyens de subsistance. Gaza s'est transformée en une "arche de Noé" involontaire, rassemblant les réfugiés. « Nous voyions arriver des milliers de gens, tous l'air hagard. Ils ne demandaient même pas à boire ou à manger. Quand on leur offrait quelque nourriture, parfois ils la refusaient, parfois ils se jetaient dessus, affamés. Jamais nous n'avions vu un tel spectacle. Les rues, généralement vides, tout d'un coup charriaient des foules immenses qui semblaient errer sans but, personne ne savait où allaient ces gens, et devant qui ou quoi ils fuyaient. La rue principale était parcourue dans les deux sens ; certains arrivaient de la mer, ils étaient venus en barque de Jaffa, ils avaient longé la côte ; d'autres arrivaient à pied des régions voisines » (Arlette Khoury-Tadié, Une enfance à Gaza, 1942-1958, Paris)

Un peuple en résistance
Depuis lors, dans ce territoire exigu d'environ 360 kilomètres carrés, s'entassent dans l'indifférence de tous 2 millions 400 000 de Palestiniens, soit une densité de 6 000 habitants par kilomètre carré.
La Nakba, ou l'immense "Catastrophe" subie par les Palestiniens est le drame marquant de toutes les générations d'arabes. Ce traumatisme collectif est commémoré chaque 15 mai. Pour les Palestiniens, cela représente la perte de leur terre, de leur patrimoine mais pas leur identité. La perpétuation de l'injustice et des souffrances des réfugiés n'a pas fait reculer ce peuple digne et fier de son histoire.
Mahmoud Darwich dit dans « La Palestine comme métaphore » page 80 : « Aussi, je tire fierté d'avoir hissé la revendication du droit palestinien au niveau du combat de l'homme rouge pour ses droits. C'est une défense de l'harmonie que l'homme blanc a rompue par sa conduite. Dans les deux cas (Palestiniens et Indiens), la terre est l'objet du conflit, et la colonisation au cœur de l'affrontement ». Les Palestiniens entretiennent des liens profonds avec leurs terres, ils perpétuent des modes de vie, des langues, des cultures et des traditions millénaires qu'ils refusent héroïquement de voir disparaitre.

La perversité de l'occupant
Il y avait une vie sociale, politique, scientifique et culturelle riche à Gaza. Et le Hamas n'a pas toujours été majoritaire loin de là, d'autres partis politiques y ont opéré, le Fatah (OLP) évidemment, le Jihad islamique palestinien, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), des partis nationalistes, socialistes et séculiers. Ainsi le parti communiste palestinien à Gaza fondé en 1919 est l'un des plus anciens dans la région. Il a joué un rôle significatif dans la lutte palestinienne pour l'autodétermination et la justice sociale. Par petites touches et des moyens colossaux Israël s'est acharné à détruire cette dynamique, il a ainsi sciemment favorisé l'émergence des extrêmes.
En 67 Israël a déclenché une guerre contre les pays arabes frontaliers et a occupé la bande de Gaza. Une colonisation qui a eu recours à toute la perversité que chaque colonisation génère. Diviser pour régner, dénaturer, acculturer, corrompre.
En 2005, Israël a évacué ses 21 colonies d'occupation et a retiré ses forces armées de la bande de Gaza, mais le mal était fait, pire il a maintenu un contrôle strict sur ses frontières terrestres, maritimes et aériennes.

Sur quoi pouvait déboucher un embargo de 20 ans ?
Le blocus imposé par Israël, combiné à l'élimination physique des dirigeants politiques crédibles, a engendré une instabilité politique et des conflits armés entre les factions palestiniennes.
Aucune vie économique, aucune initiative n'étaient possibles. La situation s'est détériorée, avec des guerres, des cycles de violence, des blocus économiques et des tensions constantes entre divers groupes palestiniens.

La main d'Israël n'est jamais loin.
Le 7 octobre 2023 n'est pas un événement isolé, c'est le énième épisode d'un même conflit. Des 7 octobre et des ripostes, il y en a eu depuis 48 certes pas de la même ampleur mais les Palestiniens n'ont jamais cédé.
Il est tragiquement ironique que les mêmes personnes qui expliquent à longueur de journée que des décennies d'oppression ne peuvent pas et ne doivent pas justifier les massacres du 7 octobre, ces mêmes personnes trouvent logique qu'on rase Gaza, punisse collectivement ses habitants jugés tous coupables de crimes commis par un groupe armée contre une puissance occupante.
La mort de la vie politique à Gaza, les défis socio-économiques auxquels la population a été confrontée en raison du blocus israélien, y compris le chômage élevé, la pauvreté, les pénuries d'électricité et d'eau, ainsi que les difficultés d'accès aux soins de santé et à l'éducation ont été les ferments du désespoir. Un désespoir qui a alimenté la haine et l'extrémisme. Le Hamas au pouvoir a imposé une "histoire officielle de la Palestine", il a distribué les aides sociales et mené une politique clientéliste intensive. Israël ne s'est pas contenté d'occuper et de faire la guerre, il a soumis, corrompu, divisé, annihilé tous les efforts pour bâtir une vie sociale, ce faisant il a préparé le terrain à toutes les dérives. Il a coupé toutes les routes qui pouvaient mener à la paix. Nombre d'observateurs avisés ont, en vain, alerté sur les dangers de cette situation. Israël ne pouvait pas l'ignorer, elle a renforcé le pouvoir du Hamas pensant ainsi diviser les Palestiniens.

Un environnement propice à tous les excès
Chaque habitant de Gaza porte son propre fardeau, ses récits de pertes, d'humiliations et de deuils.
Malgré cet environnement psychogène, malgré des défis insurmontables, le peuple de Gaza continue à lutter pour sa dignité et ses droits à l'autodétermination.
Il fait face à une puissance militaire qui n'est pas celle d'Israël mais celle des Etats-Unis et de l'Europe.

L'histoire de Gaza est celle d'une lutte incessante pour la justice, la liberté et la dignité humaine, dans un contexte de répressions et de souffrances, entretenues par une puissance dominante.
Gaza, mon amour. Gaza qui disparaît sous nos yeux et les trahisons des régimes arabes. Longtemps leur lâcheté sera racontée dans les livres d'histoire.
Gaza que nous pleurons d'autant plus amèrement que nous avons vu réduites en cendres avant elle, Beyrouth, Bagdad, Alep ou encore Sanaa. Gaza ou le symbole d'une région maudite qui n'en finit plus d'agoniser sous le poids des dictatures et des potentats locaux ridicules.
Et nos cœurs avec elle.

* médecin et ancien ministre de la Santé


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