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Que veut Chawki Tabib ?
Publié dans Business News le 09 - 05 - 2024

L'ancien bâtonnier Chawki Tabib est en sit-in à la Maison de l'avocat depuis le 30 avril. Il est soutenu par la majorité de ses pairs, à commencer par le bâtonnier. De tous les persécutés politiques du régime putschiste de Kaïs Saïed, il est celui qui a la revendication la plus basique et la plus insolite : être auditionné par un juge d'instruction !

Lundi 6 mai 2024, 20 heures, boulevard Bab Bnet au niveau du palais de justice. L'artère est vide et lugubre. Très lugubre, malgré les réverbères allumés. On a beau être au milieu du tribunal de première instance, de la cour d'appel, de la cour de cassation et du ministère de la Justice, on ressent quand même de l'injustice dans l'air. Il y a comme une chape de plomb sur cette zone, théoriquement celle de la justice par excellence. En face du palais de justice, devenu synonyme de l'injustice pour des dizaines de personnalités politiques et figures médiatiques, il y a la Maison de l'avocat. À l'intérieur, Chawki Tabib est en sit-in depuis le 30 avril et ce après avoir observé une grève de la faim de 72 heures.
Entouré d'une bonne dizaine d'avocats, l'ancien bâtonnier est zen et confiant en son bon droit. L'ambiance est bon enfant et très confraternelle. Le sourire a gagné tout le monde quand Myriam Azouz, épouse Tabib, est arrivée avec un grand sac rempli de tartelettes fraîchement sorties du four. « C'est toujours comme ça, du matin jusque tard dans la nuit. Il y a toujours plein de gens, il y a toujours de la niaque », témoigne l'un d'eux. La cause que défend Me Tabib par son sit-in, n'est pas la sienne propre. Elle est celle de tous les avocats, de tous les justiciables, de tous les citoyens. Ça n'a rien d'une première, Chawki Tabib est un vieux de la vieille du militantisme humanitaire et politique.

Figure notoire du barreau et du milieu politique tunisiens, ce ténor du barreau de soixante ans a été journaliste, président de l'association des jeunes avocats, membre élu de la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme, président-fondateur de l'organisation arabe des jeunes avocats, bâtonnier, écrivain et président fondateur de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc). Un parcours des plus honorables qui ferait jalouser tout juriste ou enseignant de droit. Et, justement, les jaloux et envieux sont bien nombreux en Tunisie. Ils ne s'interrogent jamais comment les brillants ont réussi pour les imiter et caracoler à leur rang, ils cherchent systématiquement à les dénigrer et les casser pour qu'ils tombent à leur niveau.
Chawki Tabib fait partie des personnalités tunisiennes les plus ciblées par les attaques salissantes provenant de toutes parts. Islamistes, gauchistes, nationalistes arabes ou populistes, personne ne l'épargne. On l'accuse de tous les maux, allant de la corruption au blanchiment d'argent. Il est vrai qu'il s'est créé beaucoup d'ennemis, parfois gratuitement, durant son parcours, notamment à l'Inlucc. En faisant traduire devant la justice les dossiers des présumés corrompus, Me Tabib s'est attiré leurs foudres et n'a bénéficié d'aucune immunité pour le travail qu'il a accompli à la tête de cette instance de lutte contre la corruption. D'accusateur, il est devenu accusé. Il est ciblé par des blogueurs connus pour leur racket et leurs chantages (mais aussi leur proximité avec le régime) et des journalistes qui ont mangé à tous les râteliers. À la différence qu'il n'y a aucun élément factuel qui puisse corroborer leurs dires.

« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». Justement, il en est resté beaucoup au point que le président de la République lui-même croit en la corruption de Chawki Tabib. Lundi 6 mai 2024, il le cible, sans le nommer, dans son discours devant le conseil de sécurité nationale. Ce n'est pas une première. En 2021, quelques semaines après le putsch du 25 juillet, il l'a placé pendant des semaines en résidence surveillée et l'a évoqué dans l'un de ses monologues l'accusant d'amasser indument des milliards et des terres.
Face aux accusations infâmantes et incessantes depuis le mitan des années 2010, la stratégie de défense de Me Tabib est restée la même : il demande à ses accusateurs d'apporter la moindre preuve de ce qu'ils avancent. De fortune, il n'en a point. Les terres dont parlent ses accusateurs, le président de la République à leur tête, appartiennent à l'héritage de son épouse Myriam Azouz. Ses revenus, tous ses revenus, sont traçables et l'administration fiscale n'a rien trouvé à lui reprocher malgré le contrôle approfondi dont il a fait l'objet. Idem pour les magistrats qui se sont penchés sur son dossier au moment de son assignation à résidence en 2021.
Ce n'est cependant pas suffisant pour faire plier le président de la République, intimement convaincu de sa culpabilité. Que ce soit par jalousie, par envie ou juste parce qu'il est sensible aux commérages des réseaux sociaux, peu importe, le fait est que Chawki Tabib est dans la ligne de mire de Kaïs Saïed.

Janvier 2024, alors qu'il devait voyager à l'étranger pour rejoindre le comité d'avocats pour déposer plainte contre Israël pour les crimes commis à Gaza, Chawki Tabib apprend qu'il est interdit de quitter le territoire sur décision judiciaire.
À vrai dire, l'information a fuité quelques jours plus tôt sur les pages Facebook de partisans de Kaïs Saïed.
Cette interdiction est encore valide à ce jour et c'est dans l'objectif de la faire lever qu'il a observé sa grève de la faim et son sit-in. Il ne cherche pas à faire pression sur le juge, loin s'en faut, il cherche juste à ce que ce dernier l'auditionne au moins une fois.
En effet, ce qui est bizarre et rarissime dans le monde, c'est que le juge d'instruction a décidé une interdiction de voyage sans même avoir auditionné le prévenu. Pas une fois depuis janvier 2024 !
« Je ne suis pas au-dessus de la loi, mais je ne suis pas au-dessous non plus, nous dit-il. Je ne demande qu'une chose, que le juge m'explique face à face ce qu'il me reproche pour que je puisse répondre et retrouver ensuite ma liberté de mouvement. À ce jour, je ne sais pas ce qu'on me reproche et le pourquoi de cette interdiction ».
Ainsi va la justice et la vie politique sous le régime de Kaïs Saïed. Les uns sont jetés en prison juste pour s'être opposés au président ou pour avoir refusé le racket d'Etat dont ils font l'objet, d'autres ont vu leurs comptes bancaires gelés voire confisqués, d'autres sont assignés à résidence, interdits de voyage ou poussés à l'exil. Chawki Tabib n'est qu'une victime parmi des centaines d'autres de ce régime et, tout comme elles, il ne demande qu'une seule et unique chose : un juge qui tranche sur les faits et non sur les rumeurs et les intentions.


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