Les réseaux sociaux tunisiens se sont bien enflammés hier contre Chawki Tabib, ancien bâtonnier et ancien président de l'instance de lutte contre la corruption (Inlucc) et contre Noureddine Bhiri, ancien ministre de la Justice. C'est suite aux propos imprécis du président de la République qu'il y a eu toute cette effervescence. Kaïs Saïed a déclaré : « L'épouse, sans emploi, d'un avocat possède à son nom une fortune de cent milliards (sans préciser s'il parle en dinars ou en millimes NDLR), des biens et des commerces dans des quartiers huppés. Je connais l'origine de cette fortune, ils savent comment détourner et contourner la loi ». Vu que le président n'a pas cité de nom, tout le monde a pensé que le président visait Chawki Tabib et son épouse Myriam Azouz.
Le président a également parlé d'un député qui aurait amassé 1500 millions de dinars (c'est-à-dire le budget de deux-trois ministères NDLR) sans préciser de qui s'agissait-il.
Rebondissant sur les centaines d'attaques subies depuis hier soir, Chawki Tabib a posté, ce vendredi 3 septembre 2021, un statut sur sa page Facebook pour s'expliquer. Il a assuré que la fortune de son épouse est héritée de ses parents et que la valeur de leurs biens réunis est bien inférieure aux cent "milliards" évoqués. Chawki Tabib ajoute, également, que tous les contrats d'achat et de vente ont été conclus avant sa désignation à la tête de l'Inlucc en 2016, et avant son mariage en 2017. Il a rappelé qu'il a obtenu un non-lieu dans le procès pour corruption et blanchiment d'argent que lui a intenté le député islamiste radical Maher Zid. M. Tabib a accompagné son texte par un fac-similé de ce non-lieu.
L'ancien président de l'Inlucc a assuré que toutes les informations sont facilement vérifiables, soulignant qu'il n'y a eu aucune hausse dans la valeur de ses biens depuis sa nomination à la tête de l'Inlucc et qu'il tient toutes les preuves à la disposition de la justice, de tout organisme public et de toute enquête journalistique d'investigation. Chawki Tabib subit une véritable chasse aux sorcières et un florilège d'intox depuis qu'il a occupé le poste de président de l'instance de lutte contre la corruption. Des dizaines d'articles et d'accusations sans preuves ont été proférées contre lui, notamment par certains lobbys et par les milieux islamistes radicaux.