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La vérité sur les barrages visités par Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 24 - 07 - 2024

Le président de la République a effectué une série de visites à des barrages du Nord et du Centre pour constater que le niveau de l'eau y est élevé. D'après lui, les coupures d'eau sont anormales, puisque les ressources en eau sont bien disponibles comme il constate devant les caméras. Derrière ces coupures d'eau, il y aurait des parties occultes dont le crime, s'apparentant à du terrorisme, est motivé par des raisons électorales. La vérité est cependant légèrement différente de celle présentée par le chef de l'Etat.

Mardi 23 juillet 2024, à l'aube, le président de la République effectue des visites aux barrages de Bou-Heurtma et Barbara à Jendouba, puis au barrage de Nabhana à Kairouan, puis aux imadas de Menzel Harb (Bembla, Monastir) où l'on constate plusieurs coupures d'eau aussi bien dans cette région que dans les régions voisines et, enfin, à la région de Grombalia pour voir le canal de Medjerda où l'eau est fluide.
Au barrage de Barbara, face à un responsable, a priori d'une direction régionale, et en l'absence du ministre de l'Agriculture, le président de la République a déclaré que la Tunisie n'a pas connu ces problèmes de pénuries d'eau dans les années 1940, alors qu'il y avait un déficit pluviométrique. D'après lui, le taux de remplissage extraordinaire du barrage prouve que la Tunisie n'a pas de problème d'eau puisque celle-ci est disponible, comme il le constate devant la caméra. Il conclut qu'il y a une antichambre pour assoiffer le Tunisien dont l'objectif est d'envenimer la situation et entre dans la campagne électorale. Le chef de l'Etat a répété à plusieurs reprises sa conclusion-accusation durant les trente minutes de la vidéo de la présidence des visites.

« Ce qui se passe est anormal et entre dans le cadre de la campagne électorale des lobbys, répète-t-il. L'eau est disponible, mais les gens souffrent de la soif (…) Il y a une antichambre pour assoiffer le citoyen. J'ai vu moi-même des atteintes au réseau de distribution et cela à Tunis même. Ces atteintes sont volontaires. Ce n'est pas naturel ce qui se passe. Il y a une volonté de détruire. Ceci est criminel, c'est une forme de terrorisme. (…)
On dit que c'est le président de la République qui a donné l'ordre de rationner l'eau, (…) sauf que le président de la République n'a jamais ordonné de couper l'eau. L'eau, elle est disponible, on la voit., les niveaux ont atteint 101%. Le taux de pluviométrie est meilleur que l'année dernière. Ce n'est pas un hasard, ceci entre dans la campagne électorale. L'objectif est d'empoisonner l'existence du peuple. (…)
À Sousse, Mahdia, Kairouan, le taux de remplissage des barrages au Sahel et au Centre n'est pas catastrophique. Il y a une antichambre criminelle qui coupe l'eau d'une région à l'autre. ».
Alors que le responsable face à lui tente, en vain, de donner une réponse plausible avec des justifications scientifiques, Kaïs Saïed lui coupe la parole pour lui dire qu'il a « les justifications des parties spécialisées, mais les chiffres qu'elles donnent sont parfois erronés. »
À un autre barrage, bien moins rempli que celui de Barbara, le responsable lui dit que l'eau qu'il voit n'est pas utilisable, car ce niveau est nécessaire pour la stabilité du bassin et du barrage. Le président acquiesce, mais lui dit quand même que la situation n'est pas normale et qu'il y a des antichambres qui travaillent pour couper l'eau. Le responsable lui dit que la pluviométrie est faible, mais le président le dément.
Il cite, au passage, l'ancien Premier ministre Hédi Nouira qui a dit un jour que : « le ciel a voté pour nous ».

Visiblement, le ciel n'a pas voté pour Kaïs Saïed, car il a beau évoquer des parties occultes et des antichambres pour couper l'eau et assoiffer les Tunisiens, la Tunisie souffre réellement d'un déficit pluviométrique et d'une faiblesse des niveaux des barrages.
Il se trouve que le barrage de Barbara visité par le président de la République est le barrage le plus rempli de toute la Tunisie. À la date du 23 juillet, celle de la visite présidentielle, le taux de remplissage de Barbara est de 91,1%, comme indiqué par les tableaux quotidiennement mis à jour par la direction générale des barrages et des grands travaux hydrauliques du ministère de l'Agriculture. Ces tableaux donnent la situation exacte de l'ensemble des barrages en Tunisie et, force est de constater, que le taux moyen de remplissage en Tunisie est de 27% à la date de la visite présidentielle. Ils oscillent entre 0% (El Houareb et Rmel) à 59,8% (Beni Mtir). Le seul et l'unique qui dépasse le barrage de Beni Mtir est celui de Barbara. Pour le reste, et à trois exceptions (Barbara, Beni Mtir et Gamgoum), tous les barrages sont au-dessous de 50%.
Le taux moyen de remplissage au nord est de 32,4%. Le taux de remplissage moyen au centre est de 8%. Le taux moyen de remplissage au Cap-Bon est de 6,4%.
En filmant très longuement le barrage de Barbara, et en répétant que l'eau est disponible et que, si elle est coupée, c'est que c'est l'œuvre de parties occultes qui cherchent à assoiffer le Tunisien, Kaïs Saïed fait des conclusions hâtives. Le barrage de Barbara ne représente nullement les barrages tunisiens et ne peut être cité en exemple, puisqu'il représente une réelle exception.
Les chiffres le montrent, la réalité est bien différente de celle qu'il présente à la caméra. Le chef de l'Etat a beau remettre en doute les chiffres présentés par les sources officielles, cela ne change en rien leur réalité facilement vérifiable. Il suffit de se déplacer à l'un des barrages où les taux sont faibles, voire nuls. Certes, le président de la République s'est déplacé à l'un de ces barrages et a bien constaté le niveau faible, sauf que les caméras de son équipe ne s'y sont pas attardées et que, en dépit de cette faiblesse des taux qu'il observe directement, le président de la République a poursuivi ses accusations contre les parties occultes, les criminels et les médias qui parlent des faibles taux.

Dans la vidéo de trente minutes diffusée par la présidence de la République, Kaïs Saïed n'a cessé de répéter que les motivations des parties occultes qui coupent l'eau sont électoralistes.
La semaine dernière, il a évoqué la même chose allant même jusqu'à dire que la partie qui coupe l'eau est la même qui coupe l'électricité et interdit certaines personnes de voyager à l'étranger.
À entendre le chef de l'Etat, tout serait lié à la campagne électorale de la présidentielle du 6 octobre.
On aimerait bien prendre pour de l'argent comptant ce que dit Kaïs Saïed, sauf qu'il n'accompagne ses propos d'aucune preuve, ni d'aucun nom. Il pense prouver ses propos en montrant le barrage rempli de Barbara, sauf que ce barrage ne peut pas constituer une preuve, puisqu'il est une exception en Tunisie.
Normalement, le président de la République aurait dû être accompagné par Abdelmonem Belaâti, ministre de l'Agriculture, qui aurait pu lui expliquer les raisons réelles des coupures et attirer son attention sur le fait que le cas de Barbara ne peut en aucun cas être généralisé. Le ministre jouit d'une excellente réputation, étant issu de l'armée où il était général de division, et d'une grande crédibilité. Il aurait pu lui dire que les autres barrages sont à sec et que c'est une question mathématique, le ministère ne fait que distribuer l'eau disponible et se trouve obligé de rationner. Quant à la pluviométrie, prise en exemple de preuve par le président de la République, elle est certes meilleure que l'année dernière, mais elle n'a pas rempli pour autant les barrages.
Sans preuves étayant ses accusations, sans nom pour identifier ces parties occultes qui travaillent dans la pénombre pour assoiffer les Tunisiens et sans ministre à ses côtés pour appuyer ses dires ou les contredire (ou au moins les relativiser), les vidéos très sélectives du président peinent à convaincre les spécialistes et les personnes sensées.

En évoquant à de multiples reprises la campagne électorale, Kaïs Saïed semble lui-même en campagne, lui qui a annoncé sa candidature le week-end dernier.
Il a nié être derrière les coupures, ce qui est vrai sans aucun doute, se dédouanant ainsi des accusations dont certains l'accablent. Des accusations qui lui sont remontées et que nous n'avons jamais observées, soit dit en passant.
En le montrant embrassant des enfants, en précisant que les visites ont eu lieu à l'aube, en diffusant les appels à la prière du muezzin, ou encore en publiant des photos des plus valorisantes, la présidence de la République présente un Kaïs Saïed sous son meilleur jour, comme devrait l'être tout candidat à la présidence.
Avec ses accusations contre des antichambres occultes, le candidat-président répète, inlassablement, ce qu'il dit depuis des années, il n'est responsable de rien, ce sont les autres qui lui mettent des bâtons dans les roues et enveniment la vie des Tunisiens.
Ce genre de vidéos, soigneusement sélectionnées, fait mouche auprès d'un large pan de la population qui prend ce que dit le président pour de l'argent comptant.
C'est clair, du moins pour les personnes avisées, cette visite du 23 juillet montre davantage un Kaïs Saïed candidat qu'un Kaïs Saïed remplissant naturellement ses fonctions de président de la République.
Raouf Ben Hédi

Cliquer ici pour voir la situation de l'ensemble des barrages tunisiens au jour le jour


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