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Election présidentielle : voter en connaissance de cause
Publié dans Business News le 21 - 08 - 2024

Le 6 octobre prochain, les citoyens tunisiens en âge de voter seront appelés à élire le président de la République pour la période 2024-2029. Quel sera le taux de participation à ces élections ? Sera-t-il, comme lors des trois dernières consultations, autour de 11 % ? Pourquoi ce désaveu pour ce droit chèrement acquis ? Il y a de sérieuses raisons de craindre le pire. Tout semble indiquer que ces élections seront un non-événement. Comment pourrait-il en être autrement dans un climat de terreur, marqué par l'absence de liberté d'expression, d'institutions indépendantes, et même de candidats crédibles ?
Les Tunisiennes et Tunisiens n'ont plus d'illusions : ils luttent pour accéder à l'eau et à l'électricité, et patientent dans les files d'attente pour acheter des produits de première nécessité. La démocratie devra attendre des jours meilleurs. Le 19 août 2024, un énième communiqué de la présidence de la République annonçait : « Ceux qui essaient d'envenimer la situation et de créer des crises, encore et encore, ne seront pas pardonnés. Le président de la République a réitéré que la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, et que son peuple refuse toute ingérence extérieure, rejetant un régime au service des cercles étrangers. »
Les Tunisiens sont abreuvés de menaces et d'accusations non étayées par des preuves. Cette élection présidentielle se déroulera dans un contexte politique délétère. Deux mois avant le scrutin, Ahmed Hachani (il a été limogé en pleine nuit suite à une déclaration qui n'aurait pas plu), un inconnu nommé chef du gouvernement il y a moins d'un an, a été remplacé (le cinquième en cinq ans) par un autre inconnu en politique, Kamel Maddouri. Deux possibilités s'offrent à nous : soit le président est sûr d'être réélu, soit il considère le poste de chef du gouvernement comme un simple fonctionnaire de la présidence. Dans tous les cas de figure, le nouveau chef du gouvernement attend passivement, comme n'importe quel citoyen, la nouvelle liste des ministres avec qui il devra travailler. L'opacité des prises de décisions présidentielles est totale.
L'indifférence de Saïed face à la dégradation de la situation économique ou sociale est manifeste. Il n'en a que faire. Il a sa propre lecture des événements, des sondages, des résultats des référendums, et même de l'article 80 de la Constitution qui lui a permis d'entreprendre son coup de force. Ses méthodes intriguent : réunions nocturnes, propos incohérents, interprétations personnelles et absurdes des références historiques.

Comment espérer des élections libres quand les conditions minimales nécessaires pour garantir la liberté et l'équité du scrutin font cruellement défaut ? Depuis le 25 juillet 2021, date du coup de force du président Kaïs Saïed, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d'un seul homme : il a rédigé seul sa Constitution, émis des décrets limitant les libertés, limogé des juges, et attaqué sans exception tous les corps intermédiaires. Il a désigné les membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et établi les règles pour la compétition électorale. L'absence de cour constitutionnelle n'est pas pour rassurer le citoyen lambda que je suis.
La répression s'est accélérée à l'approche de la date des élections. Toutes les voix dissidentes ont été progressivement étouffées ; c'est devenu la norme, touchant d'abord les politiciens, puis les journalistes, les hommes d'affaires, les activistes de la société civile, et enfin, les citoyens ordinaires ayant osé exprimer leur opinion. Qui ne connaît pas un ami ou un parent en prison ? Des lois répressives, telles que le décret 54, destiné en théorie à lutter contre les « fausses informations et rumeurs », sont devenues des instruments de répression contre toute forme d'opposition.
Le président l'a martelé à de multiples occasions : la liberté d'expression doit être soumise à la liberté de penser. Toute la philosophie du président se résume dans cette affirmation. Il reste donc à décider qui a ou non sa liberté de penser et donc de s'exprimer. Très inquiétante approche de la liberté !

En cinq ans, Kaïs Saïed a réussi à transformer le paysage politique tunisien mais en un désert aride. Les partis politiques sont en retrait, inexistants pour ainsi dire. Pour le moment 14 des 17 candidatures ont été rejetées. Les candidats potentiels à l'élection sont soit emprisonnés, soit en exil ; ceux qui sont restés dans le pays ont dû faire face à des obstacles administratifs les empêchant de se présenter. Des candidats ont à cette occasion, découvert qu'ils étaient déjà condamnés à la prison. Autre manœuvre : la contestation des parrainages a conduit certains candidats en prison pour avoir, selon les accusations, acheté des parrainages ou abusé des citoyens. Seules deux candidatures, peu crédibles, ont été validées. Tous les recours devant le tribunal administratif ont été pour le moment rejetés.
La campagne électorale commencera le 16 septembre, et la décision finale du tribunal administratif sera prononcée le 6 septembre, laissant aux candidats adoubés par le pouvoir dix jours pour préparer leur campagne, autant dire que ces élections s'annoncent comme une farce. Entre-temps, Kaïs Saïed mène tranquillement sa campagne électorale depuis des mois, multipliant les déplacements et les apparitions publiques médiatisées.
Campagne électorale ? Soit mais nous sommes en droit de réclamer autre chose que des slogans et de bonnes intentions. Nous avons besoin de lire et comprendre des programmes chiffrés en matière d'économie, d'agriculture, de protection sociale, d'éducation, de culture, de sport, de santé, de transport… ?

Objectivement le bilan dans ces domaines est bien maigre sinon négatif. Les causes des échecs sont à déterminer. On n'entend que de vagues accusations infondées, des allusions à des personnes qui sont décrites comme les ennemis du peuple, des traîtres au service de la franc-maçonnerie et du sionisme. Le Président promet de ne jamais leur céder le pouvoir. Un discours d'une violence inouïe.
Tous les experts l'affirment la situation catastrophique de l'économie nécessite un débat contradictoire et des choix délicats. Tous les indicateurs se sont dégradés ces cinq dernières années. Ils sont tous au rouge. La Tunisie traverse une des pires périodes, une détérioration économique comme elle n'en a jamais connu. Les investissements industriels ont chuté à leur niveau le plus bas en deux décennies. L'inflation a dépassé les 7 %. Par ailleurs, l'Etat tunisien éprouve des difficultés à honorer ses engagements financiers, avec une stagnation des recettes fiscales et des coupes dans les dépenses d'investissement. La dette publique a atteint un niveau record, absorbant une part considérable des revenus de l'Etat pour son service, ce qui restreint les ressources allouées à d'autres secteurs vitaux. L'économie est actuellement en stagflation, avec des moteurs de croissance, tels que l'investissement et la productivité, à l'arrêt ou en déclin, rendant le redressement économique particulièrement complexe. Face cette crise socio-économique, près de la moitié des Tunisiens souhaitent quitter leur pays et cette proportion atteint 70% chez les jeunes selon une récente enquête du réseau de recherche Arab Barometer. Cette situation serait le fait des comploteurs et autres spéculateurs. Cette explication n'est pas convaincante.
De toute évidence compter sur la restitution de 13,5 milliards de fonds publics qui auraient été détournés est une illusion. Nul ne sait d'où est sortie cette somme, mais l'accusation a permis de jeter l'opprobre sur les hauts fonctionnaires, les dirigeants d'entreprises, bref une certaine l'élite. Cette somme a été promise aux régions les plus pauvres. Cette promesse est un facteur de divisions dans la société. Les élites, les hommes d'affaires et les intellectuels seraient à l'origine des malheurs du « bon peuple ».

Sur le plan humain un dossier a marqué les esprits : le plus inacceptable est la stigmatisation des Africains subsahariens qui, certes, sont entrés illégalement dans le pays, mais de là à en faire l'instrument d'un complot international destiné à occuper la Tunisie et à en changer la démographie, il y a un monde. Néanmoins, après ces accusations, des chasses à l'homme et des drames se sont déroulés dans une indifférence inqualifiable.
Autre sujet révoltant, le financement des associations. Des millions de dollars (chiffre avancé sans preuve) seraient entrées de l'étranger depuis 2011, preuve que ces associations sont au service de puissances étrangères qui nous veulent du mal. Chiffres et accusation avancés par le président lui-même sans fondement, il n'en demeure pas moins que depuis plusieurs président (e)s d'associations ont été arrêté(e)s. La vie associative est depuis en berne.
Une fois réélu, Le Président expliquera, à coup sûr son succès par une prétendue adhésion populaire. Il continuera sur la même voie en dépit des évidences. Il est même prévisible qu'une faible participation ne signifiera rien à ces yeux.
Dans ce contexte le 6 octobre le choix de chaque citoyen sera déterminant mais en tout état de cause il ne devra pas être émotionnel, il doit être fait sur un bilan et des perspectives crédibles.


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