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Quel crédit aux propos d'accalmie de Naoufel Saïed et Riadh Jrad ?
Publié dans Business News le 10 - 10 - 2024

Après la victoire écrasante de Kaïs Saïed à la présidentielle, des proches du chef de l'Etat ont lancé des appels à l'accalmie politique annonçant que la future période sera celle de la construction et l'édification. Faut-il croire ces nouvelles promesses ? Rendre la vie politico-économique plus paisible est la meilleure chose à faire pour sauver la Tunisie du marasme dans lequel elle se débat depuis des années.

La victoire dimanche 6 octobre de Kaïs Saïed avec 90,69% des suffrages fait craindre le pire à certains. Ce plébiscite autorise politiquement le chef de l'Etat à continuer sur le même chemin qu'il poursuit depuis son coup de force du 25 juillet 2021, c'est-à-dire celui de la répression et des restrictions des libertés. Plusieurs observateurs politiques s'attendent, en effet, à un tour de vis visant les quelques opposants et rares médias qui continuent encore à critiquer Kaïs Saïed et son régime.
Ces craintes ont cependant été démenties par deux proches du président de la République à l'occasion de deux sorties médiatiques.
Riadh Jrad, chroniqueur régulier à la chaîne Attessia, une des figures phares du régime et membre de l'équipe de campagne de Kaïs Saïed, lance lundi soir un appel télévisé à destination du président de la République l'enjoignant « d'investir sa victoire écrasante dans la confiance et l'espoir et d'envoyer des messages positifs aux acteurs économiques afin de concrétiser la construction et l'édification », nouveaux slogans du régime.
Mardi soir, toujours sur les ondes d'Attessia, le même Riadh Jrad invite toutes les parties prenantes à la vie politique tunisienne de réviser leurs positions.
Mardi matin, sur les ondes de la Radio nationale, radio publique devenue totalement propagandiste du régime depuis quelque temps, le frère du président de la République et directeur de sa campagne, Naoufel Saïed surprend les auditeurs avec un discours calme, apaisant et pacifiant : « La trêve politique est déjà en place et il est question de la consacrer. C'est une exigence fondamentale, jusqu'à quand va régner le conflit ? Nous ne pouvons pas continuer ainsi éternellement (...) La Tunisie n'est pas le peuple de Kaïs Saïed et les autres, la Tunisie est pour les Tunisiens peu importent leurs orientations idéologiques (…) Les droits et les libertés sont garantis. ».

Les propos ont de quoi rassurer, mais laissent quand même sceptiques plusieurs observateurs de la vie politique tunisienne et des contrevérités du régime.
Un scepticisme justifié quand on sait que Kaïs Saïed a rarement concrétisé ses promesses et qu'il s'est souvent distingué par son discours menaçant à l'encontre de ses opposants de tous bords (médias, politiques, syndicats…) et sa répression. Les personnalités politiques, les hommes d'affaires et les journalistes en prison se comptent encore par dizaines.
« On attend de voir, les paroles de Riadh Jrad et Naoufel Saïed n'engagent aucunement Kaïs Saïed, il nous faut du concret. Ce concret ne peut se matérialiser qu'avec la libération immédiate des politiques, des journalistes et des hommes d'affaires », commente un ancien député d'un parti d'extrême-gauche.
Justement, la première matérialisation a été observée dans la nuit du mardi au mercredi avec la libération de Wael Naouar, Jawaher Channa et Louay Khamassi. Ces trois activistes de l'extrême-gauche, figurant parmi les plus fervents défenseurs de la cause palestinienne, ont été arrêtés le jour même après une manifestation la veille commémorant la première année de l'attaque sanglante du 7-Octobre de Hamas en Israël. La manifestation a dégénéré et causé plusieurs blessés et des dégâts matériels parmi les forces de l'ordre. Le ministère de l'Intérieur a publié lundi 7 octobre 2024 un communiqué dénonçant « ces éléments connus pour leur comportement violent et perturbateur » et annonçant des poursuites judiciaires. En dépit de la gravité de ce qui s'est passé et des menaces du ministère, les trois suspects ont été relâchés, contre toute attente.
Ces libérations sont-elles annonciatrices d'autres libérations visant les détenus politiques ? « Non, répond le député, les activistes militent pour la cause palestinienne et elle est chère aux yeux de Kaïs Saïed. Il ne veut pas paraître comme celui qui réprime les militants de cette cause, quand bien même il y a eu des écarts. La libération des détenus politiques est d'un autre acabit et obéit d'autres critères ».

Kaïs Saïed a tout intérêt à matérialiser les messages de son frère Naoufel et de son fidèle Jrad. La vie politique est fortement tendue depuis 18 mois à cause des dizaines de détenus politiques, accusés de complot contre l'Etat, alors que concrètement ils n'ont fait que s'opposer au régime. Pareillement pour les journalistes Sonia Dahmani, Mourad Zeghidi, Mohamed Boughalleb et Borhen Bssaïs dont le seul tort est d'avoir fait leur travail et commenté la vie publique tunisienne.
Quant aux hommes d'affaires, plusieurs d'entre eux sont détenus pour des infractions douanières ou pour évasion fiscale, des faits qui n'ont jamais été accompagnés d'emprisonnement, si l'on suit la jurisprudence tunisienne. Parmi ces hommes d'affaires détenus pour des affaires d'argent, on cite le cas affligeant de Mehdi Ben Gharbia, ancien ministre des Droits de l'Homme, en prison depuis trois ans et qui attend encore son procès.
Depuis son coup de force du 25 juillet 2021, Kaïs Saïed n'a cessé de tordre le cou à la vérité et de saboter la vie économique. En libérant ses opposants, accusés pour des faits fallacieux, il enverra le signal que le Kaïs Saïed post 6 octobre 2024 est devenu droit et juste. Idem pour les journalistes.
Pour ce qui est des hommes d'affaires, il est évident que sa solution répressive n'a pas eu les résultats escomptés. Loin s'en faut.
En lançant sa campagne contre la corruption et pour la récupération des biens spoliés, Kaïs Saïed tablait sur des recettes de quelque 13,5 milliards de dinars. Il a menacé et gesticulé sans rien avoir. Il a alors créé par décret une commission ad-hoc à qui il a donné un mandat de six mois renouvelables une fois. Au bout d'un an de travail, et quelques limogeages de ses membres, la commission n'a pas réussi à ramener un kopeck au trésor de l'Etat.
Kaïs Saïed publie alors un nouveau décret et nomme de nouveaux membres. Dans cette nouvelle configuration, il décide que le conseil de sécurité nationale penche sur les dossiers des soi-disant hommes d'affaires corrompus. Entre-temps, il a placé des dizaines d'entre eux en prison, parmi les investisseurs les plus réputés de la place. Certains ont pu être libérés moyennant des chèques à sept ou huit chiffres, mais plusieurs restent encore en prison, n'ayant pas de quoi honorer le montant demandé. Cette méthode a été considérée par plusieurs comme étant du racket en bonne et due forme. Quant à la nouvelle commission et au conseil de sécurité nationale, on n'a pas eu une seule information les concernant depuis la prestation de serment du 9 mars 2024.

Le constat est là et il est sans appel : l'arrestation des hommes d'affaires et le racket l'accompagnant n'a pas rempli les caisses de l'Etat. C'est même tout le contraire, l'investissement est au point mort et plusieurs hommes d'affaires ont préféré émigrer au Maroc ou en Europe. La croissance est de zéro et l'inflation, pour plusieurs produits, est à deux chiffres.
L'arrestation des hommes politiques et des journalistes n'a fait, pour sa part, qu'ajouter de la tension à la vie politique et n'a pas fait taire tout le monde.
Certes, tout cela plait au grand public assoiffé de haine et de revanche contre les nantis et contre l'élite, mais cette politique répressive ne peut s'inscrire dans la durée.
Expérimenter la solution pacifique pour le régime parait dès lors comme ce qu'il y a de mieux à faire pour sauver le pays du marasme dans lequel il se débat depuis des années. Ce n'est qu'en invitant tout le monde, toutes tendances confondues, à mettre la main à la pâte que l'on peut construire et édifier.
C'est ce qu'a toujours répété l'opposition et c'est ce qu'a toujours réfuté Kaïs Saïed préférant la répression au dialogue.
Aujourd'hui, son frère et son fidèle l'enjoignent d'adopter la solution pacifique et de tendre la main à toutes les composantes de la société. Ont-ils lancé cet appel en accord avec le président de la République ou était-ce un appel isolé ? Y aura-t-il un nouveau Kaïs Saïed radicalement différent de celui d'avant les élections ?
Les prochains jours répondront à la question avec la libération, ou pas, des détenus politiques, médiatiques et économiques.


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