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PLF 2025 : le Tunisien travaillera six mois pour l'Etat et six mois pour sa famille
Publié dans Business News le 18 - 10 - 2024

Le projet de la Loi de finances 2025 augmente les impôts pour tous les Tunisiens ayant un revenu jugé élevé et les entreprises qui engrangent de gros bénéfices. Il est totalement contraire des pratiques mondiales et des taux observés dans une bonne partie des pays développés. Pour résumer la situation à la lumière des nouveaux taux imposés, on constate que le Tunisien va payer à l'Etat plus de 50% de ses revenus, ce qui revient à dire qu'il va travailler du 1er janvier au 30 juin pour l'Etat et ne va commencer à travailler pour sa famille qu'à partir du 1er juillet.

À la lecture en diagonale du projet de la Loi de finances 2025 (PLF), il est facile de constater qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau à celui d'un pays sous-développé. Un pays où l'Etat saigne le citoyen pour financer le train de vie de ses dirigeants et de ses fonctionnaires.
Pour la Tunisie, et à l'exact opposé de ce que répète inlassablement le président de la République, le PLF 2025 va détériorer davantage le pouvoir d'achat du citoyen avec des taux d'imposition usuriers.
Sans entrer dans les explications techniques rébarbatives et le jargon incompréhensible des économistes et financiers que seuls les experts comprennent, tentons de simplifier la lecture de ce projet de loi de finances venu d'un autre âge.

Les stratèges du ministère des Finances ont imaginé des paliers évolutifs de l'imposition. Pour ceux qui reçoivent moins de 5.000 dinars par an (c'est-à-dire ceux qui touchent moins que le Smig), ils ont 0% d'impôt. Pour les Smigards et les faibles salaires (entre 5.000 et 20.000 dinars bruts annuels), ils devraient désormais payer 15% d'impôt (pour les inférieurs à 10.000 dinars bruts annuels) et de 25% (pour les inférieurs à 20.000 dinars bruts annuels) au lieu de 26% précédemment. Une bonne mesure sociale qui vient au secours des plus démunis, mais également d'une bonne partie des salariés du secteur privé et des enseignants dont les salaires nets mensuels moyens, selon l'INS, est de respectivement cinq cents dinars et huit cents dinars.
Mais comme il faut que quelqu'un paie, le gouvernement propose d'augmenter tous ceux qui gagnent plus de 20.000 dinars par an, soit un salaire mensuel net d'approximativement 1.300 dinars. C'est-à-dire la majorité des fonctionnaires, des ingénieurs, des médecins, des pharmaciens, etc.
En paliers, ceux qui touchent entre 20.000 dinars et 30.000 dinars annuels (soit entre 1.300 et 2.000 dinars nets mensuels approximativement) doivent payer désormais 30% d'impôt au lieu de 28% précédemment. Ce palier touche une partie des cadres intermédiaires, des ingénieurs et d'une bonne partie de la classe moyenne tunisienne.
Dès lors que le salaire net mensuel dépasse les 2.000 dinars, le salarié doit payer 33% d'impôt et 36% d'impôt si son salaire dépasse les 2.600 dinars, contre 32% précédemment pour ces deux catégories. Ce palier touche une partie des cadres supérieurs, des médecins et des enseignants universitaires. Une fois on a des revenus annuels bruts supérieurs à 50.000 dinars (soit 3.250 dinars mensuels nets), l'impôt sera désormais de 40% au lieu de 35% précédemment. Ce palier englobe une autre partie des cadres supérieurs, plusieurs médecins, les pharmaciens, les avocats, les dirigeants d'entreprises, les banquiers, certains hauts cadres de la fonction publique et des entreprises publiques, etc.

Outre les salariés, le PLF 2025 prévoit des hausses considérables pour les impôts sur les bénéfices (IS) pour certaines catégories d'entreprise comme les banques et assurances, les sociétés d'investissement, les grandes surfaces, les concessionnaires automobiles, etc. Pour certaines d'entre-elles, l'IS passe de 25% à 35% voire à 40%. Curieusement, il exclut l'industrie pharmaceutique de ces paliers usuriers, alors que les laboratoires sont connus pour figurer parmi celles qui engrangent le plus de bénéfices.
Le PLF prévoit, par ailleurs, une absurdité, celle calculant l'IS sur la base du chiffre d'affaires et non sur la base du bénéfice comme avant. Faut-il rappeler que certaines entreprises font de gros chiffres d'affaires, mais n'ont que de très faibles marges bénéficiaires et donc un faible bénéfice net à la fin de l'année ? Corréler le chiffre d'affaires avec l'impôt sur le bénéfice n'a aucun sens économique. Comme son nom l'indique, l'impôt sur le bénéfice doit être corrélé avec le bénéfice. Quant au chiffre d'affaires, l'Etat le considère déjà dans sa TVA.

Avec ces paliers, l'Etat semble offrir quelques cadeaux à certaines catégories démunies de la société, mais c'est un faux cadeau, car in fine, tout le monde va passer à la casserole que ce soit les faibles ou les gros revenus.
En augmentant les impôts dus aux banques, aux assurances, aux concessionnaires automobiles, aux opérateurs téléphoniques, aux grandes surfaces et autres, le gouvernement pense soutirer aux riches (hypothétiques) pour donner aux pauvres. Sauf que voilà, pour maintenir tels quels (voire augmenter) leurs bénéfices, ces entreprises vont systématiquement impacter les augmentations sur leurs prix finaux.
Cette inflation sera inévitablement supportée par le consommateur, qu'il soit riche ou pauvre. En clair, le gouvernement a certes donné quelques pourcents aux catégories démunies, mais il va leur enlever de la main gauche ce qu'il leur a donné de la main droite. Et il va leur enlever bien plus que ce qu'il leur a donné.
En résumé, si l'on prend en considération les différents paliers d'imposition et que l'on ajoute la TVA de 19% sur la majorité des produits vendus dans le pays, on trouve que l'Etat touche plus de 50% des revenus d'un large pan des citoyens. Pour schématiser ce pourcentage, le Tunisien va travailler le premier semestre pour le compte de l'Etat et le second pour sa famille.

Réagissant à la polémique de ce PLF 2025, le secrétaire général du parti Attayar estime que les mesures sont justes. Il rappelle que l'IS était de 25% pour tout le monde et que ce taux a été réduit pour encourager l'investissement. Constatant que l'investissement n'a pas décollé, il conclut que la mesure de réduire l'IS n'a pas atteint ses objectifs. Il rappelle que la TVA, les droits de douane et droits de consommation sont payés par les citoyens et non par les fonctionnaires. Dans la foulée, il observe que les entreprises paient des impôts sur les bénéfices et non sur les revenus et que les actionnaires ne paient que 10% sur les dividendes, alors que les salariés paient jusqu'à 40% de leurs revenus.
M. Hajji fait des raccourcis abjects en comparant l'incomparable et en omettant certains détails.
De tous temps et dans tous les pays, la TVA, les droits de douane et droits de consommation sont payés par le consommateur final. Contrairement à ce qu'il prétend, les entreprises paient également ces TVA et divers droits quand elles achètent des produits.
Il n'y a pas de lien de cause à effet entre le chiffre d'affaires et le bénéfice. Une grande surface fait de très gros chiffres d'affaires, mais sa marge tourne entre 2% et 9%. Un café ou une pizzeria fait un petit chiffre d'affaires, mais sa marge dépasse très souvent les 100%.
Pour ce qui est des 10% d'impôt sur les dividendes payés par les actionnaires, il faut rappeler que cet impôt est des plus aberrant, car l'entreprise a déjà payé l'impôt sur les bénéfices. Il s'agit carrément d'un impôt prélevé deux fois ! Pour illustrer et simplifier le propos, considérons qu'une entreprise est détenue par un seul actionnaire. Celui-ci paie 40% d'impôt sur le bénéfice une première fois puis 10% une seconde fois. Le premier s'appelle IS et le second s'appelle impôt sur les dividendes.
Par ailleurs, Nabil Hajji exclut de son raisonnement un point des plus importants. Le fonctionnaire ou le salarié continue à toucher son salaire quand bien même son entreprise est déficitaire (ou l'Etat est en déficit comme c'est le cas du nôtre). En parallèle, l'entreprise et ses actionnaires prennent tous les risques et supportent, tous seuls, les pertes.
Enfin, en déclarant que l'investissement n'a pas décollé depuis la réduction de l'IS par le gouvernement Mechichi, M. Hajji oublie la situation politique désastreuse dans laquelle vit le pays. Quand bien même on ferait une IS à zéro, aucun investisseur ne risquerait son argent dans un pays où il n'y a pas de justice indépendante et où le chef de l'Etat s'assoit sur la constitution et les lois.

Cette stratégie du gouvernement d'imposer à tout va est à l'exact contraire des politiques observées dans les pays développés. Il y a une règle ancestrale qui dit que « trop d'impôt tue l'impôt ». Il a été démontré par tous les pays développés qu'il fallait justement réduire les impôts pour améliorer l'investissement et la croissance et, par conséquent, les revenus de l'Etat.
Si l'on gagne plus, c'est que l'on travaille plus et que l'on est plus méritant. En imposant ceux qui travaillent le plus et le mieux pour donner aux plus démunis et les moins méritants, le gouvernement risque fort d'obtenir l'effet inverse. Il ne va pas obtenir plus d'impôt, il va en obtenir moins comme cela a été déjà démontré, depuis des décennies dans les pays développés. Il va pousser à l'évasion fiscale et à l'émigration.
On l'a déjà vu avec plusieurs entreprises qui ont quitté la Tunisie ces dernières années, ce qui revient à dire que l'Etat ne va plus avoir d'IS de ces entreprises, qu'il ne va plus collecter de la TVA de leurs activités et va perdre tous les impôts que payaient les salariés de ces entreprises et qui se trouvent, du coup, au chômage. Idem pour certaines catégories professionnelles que l'Etat tient à saigner comme les médecins et les ingénieurs. Ces hauts cadres formés par l'école tunisienne partent par milliers vers d'autres contrées qui se les arrachent à prix d'or.
Au lieu de tirer exemple des expériences décennales des autres pays, le gouvernement tunisien agit via son PLF, comme un pays sous-développé recroquevillé sur lui-même et qui ne pense qu'à son propre budget.


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