La politique de rétention d'information perdure au sein de nombreuses institutions publiques, en violation d'un droit pourtant garanti par la Constitution, notamment en temps de crise. Dernier exemple en date : à Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, les journalistes se sont heurtés à une série d'obstacles injustifiés alors qu'ils tentaient de couvrir le drame ayant coûté la vie, lundi 14 avril 2025, à trois élèves, à la suite de l'effondrement d'un mur du lycée secondaire de la ville. Au centre de santé local, leur travail a été entravé par un individu sans aucune fonction administrative, qui a néanmoins tenté d'empêcher les prises de vue en exigeant des autorisations de tournage. L'intervention de citoyens présents a permis aux professionnels de l'information de poursuivre leur mission, malgré ces restrictions abusives. Le directeur de l'hôpital, quant à lui, a refusé de donner toute déclaration, invoquant la nécessité d'une autorisation préalable. Les journalistes ont également tenté, en vain, de joindre le délégué régional de l'Education, resté injoignable. De son côté, la déléguée régionale de la Santé a refusé de répondre aux questions de la Télévision Tunisienne, malgré l'assurance donnée par la journaliste qu'elle disposait d'une autorisation officielle du ministère de la Santé. Les journalistes concernés par ces blocages sont Olfa Khaskhoussi (Radio Tunisienne), Kawthar Chaibi (Agence TAP), ainsi que Manel Battaïa et le caméraman Khalil Ammari (Télévision Tunisienne).
Face à ce manque criant de communication, tant de la part des ministères concernés que des autorités locales et centrales, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) dénonce une gestion défaillante de la crise. Le syndicat exprime ses sincères condoléances aux familles des victimes et aux habitants de Mezzouna, ainsi que sa pleine solidarité dans cette épreuve. Il condamne également l'absence d'une stratégie de communication claire, qui prive la presse et les citoyens d'un accès rapide et fiable à l'information, pourtant essentiel au droit du public à la vérité et à l'identification des responsabilités. Le SNJT appelle la présidence du gouvernement à abroger les circulaires n°4 et n°19, qui restreignent l'accès à l'information publique en imposant des autorisations non prévues par la loi. Il invite les ministères de la Santé et de l'Education à repenser en profondeur leur politique de communication, en s'appuyant sur les principes fondamentaux de la gestion de crise. Le syndicat encourage également les journalistes de terrain à expliquer aux habitants les obstacles qu'ils rencontrent et à dénoncer publiquement ces pratiques, dans un effort de transparence.
Enfin, le SNJT tient les autorités tunisiennes pour responsables de la montée des tensions à Mezzouna, aggravée par une politique de silence qui a ouvert la voie aux rumeurs et à la désinformation.