Balkis Ghrissa, la fille de l'activiste de la société civile Saloua Ghrissa, a partagé, mercredi 7 mai 2025, un message émouvant sur les réseaux sociaux. Saloua Ghrissa, militante des droits humains, chercheuse, et fondatrice de l'Association pour la Promotion du Droit à la Différence, est détenue depuis le 9 décembre 2024 sous suspicion de financement étranger. Ancienne professeure d'enseignement supérieur, aujourd'hui retraitée, elle est accusée de manquements dans la gestion de son organisation. Ce jour-là, elle a été convoquée à la sous-direction des recherches économiques et financières à El Gorjani pour un interrogatoire. Bien qu'elle ait été libérée temporairement, elle a été rappelée dès le lendemain pour une nouvelle audition, au terme de laquelle elle a été placée en garde à vue pendant 48 heures au centre de détention de Bouchoucha. Le 12 décembre, elle a été présentée au procureur de la République près le tribunal de première instance de Bizerte, qui a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire confiée à un juge d'instruction. À la fin de l'interrogatoire, un mandat de dépôt a été émis, et elle a été transférée à la prison civile de Manouba.
Balkis Ghrissa : « C'est une situation incroyablement difficile. La vérité, je n'ai plus les mots ni la force, mais je m'oblige à tenir debout pour toi, maman. Cela fait maintenant six mois que tu es enfermée entre quatre murs. Et pourquoi ? Parce que tu es une femme exceptionnelle, qui ne baisse jamais les bras et qui va jusqu'au bout de ses convictions. Tu as toujours été une personne joyeuse, qui cherchait à aider et à faire sourire ceux qui t'entouraient. Je suis très proche de ma mère. C'est ma mère, ma sœur, mon père, ma confidente, ma force. Aujourd'hui, je ne la vois qu'une fois par semaine, derrière une baie vitrée. Je me retiens de pleurer devant elle. Avec ma sœur et ma tante, nous essayons de rire pour alléger l'atmosphère. Mais dès qu'elle part, mon cœur est brisé. J'ai toujours envie de la prendre dans mes bras et de lui dire qu'elle n'est pas seule, que nous sommes là, mais je ne peux pas. Lors de la visite, elle arrive toute joyeuse, comme une petite fille, rayonnante. Elle veut juste parler, voir sa sœur et ses enfants, et oublier où elle est. Maman est forte, et je sais qu'elle sortira bientôt, car c'est une femme respectable, intelligente, et qui ne mérite aucun malheur. Aujourd'hui, je suis épuisée mentalement, je n'ai plus la force. En ce moment, je suis en France, retournée pour mes études. Et devinez quoi ? Plus de Saloua qui m'appelle sans arrêt pour prendre de mes nouvelles, plus de messages pour me souhaiter une bonne journée, plus de nouvelles pour savoir si je suis bien rentrée. L'absence d'une mère est une douleur immense, surtout quand elle est en prison. J'espère de tout cœur que ce cauchemar prendra fin rapidement et que toutes les personnes injustement incarcérées seront libérées ».