Réunis samedi 31 mai 2025 à Tunis, des représentants de la société civile, des partis politiques, des mouvements féministes et de jeunesse ainsi que des militants indépendants ont clôturé les travaux de la session préparatoire du « Congrès national pour les droits et les libertés et pour une République démocratique et juste ». Une initiative née dans un contexte politique jugé de plus en plus répressif, et qui se donne pour ambition de construire un espace commun de mobilisation démocratique. Au cœur de cette rencontre, une annonce importante : le lancement d'une nouvelle phase de lutte pacifique et collective, structurée autour d'une dynamique de réflexion, de mobilisation et de proposition. Les participants ont ainsi décidé la création de quatre groupes de travail, qui entameront prochainement leurs activités. Ces groupes auront pour mission de produire des analyses, des propositions concrètes et des feuilles de route politiques, lesquelles seront débattues lors d'une future session dont la date reste à fixer. « Notre objectif est de fédérer les forces démocratiques autour d'une alternative crédible, en rupture avec le pouvoir autoritaire en place, et de bâtir une République fondée sur la justice, la pluralité et l'Etat de droit », souligne un communiqué conjoint de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Les signataires de ce processus dénoncent avec fermeté la dérive autoritaire du régime actuel, illustrée selon eux par la répression des voix critiques, l'instrumentalisation de la justice, les procès politiques, et l'affaiblissement des libertés publiques. Ils pointent notamment l'emprisonnement de l'avocat et ancien magistrat Ahmed Souab, qu'ils considèrent comme l'un des nombreux symboles de la criminalisation de l'engagement politique et civil. Ils dénoncent également l'échec du régime à répondre aux urgences économiques et sociales, préférant, selon eux, se réfugier derrière des théories complotistes, des politiques d'austérité et une rhétorique xénophobe. Cette stratégie, ajoutent-ils, ne fait qu'exacerber la colère sociale, comme en témoignent les récentes mobilisations dans plusieurs régions du pays.
Au-delà du constat, les participants appellent à unir les luttes sociales, démocratiques et citoyennes pour inverser le rapport de forces et redonner au peuple tunisien la possibilité de décider librement de son avenir. Ils soulignent la nécessité de sortir de la fragmentation actuelle par un travail de fond, basé sur un dialogue ouvert, des contenus politiques clairs, et des moyens de communication alternatifs face à l'hégémonie du discours officiel. Enfin, les acteurs réunis réaffirment que le combat pour les droits humains, la justice sociale et les libertés ne peut être dissocié de l'exigence de rupture avec le pouvoir personnel et du retour à un cadre démocratique pluraliste.