Le transfert brutal de Hattab Slama, détenu dans l'affaire dite de « complot contre la sûreté de l'Etat », continue de provoquer une vague d'indignation dans les milieux politiques et auprès des défenseurs des droits de l'Homme. Le 30 mai dernier, ce revendeur de voitures, condamné à quatre ans de prison, a été transféré de la prison de Mornaguia à celle de Bulla Regia, dans le gouvernorat de Jendouba, à environ 170 kilomètres de la capitale. Un éloignement géographique que ses proches qualifient de mesure punitive déguisée, venant aggraver la souffrance d'une famille déjà brisée. Sa sœur, bouleversée, a livré un témoignage poignant à Tumedia après lui avoir rendu visite dans son nouveau lieu de détention. « On lui a menti. On lui a dit qu'il allait être transféré dans une prison meilleure pour des raisons de sécurité. Mais ce n'était qu'un prétexte. On l'a embarqué sans le prévenir, sans lui laisser le temps de prendre ses affaires, sans informer ni sa famille ni ses avocats », a-t-elle affirmé. À son arrivée à Bulla Regia, Hattab Slama s'est retrouvé sans lit, contraint de dormir à même le sol, sans vêtements de rechange, et sans eau fraîche malgré la chaleur accablante. Sa sœur affirme qu'il a été privé des conditions minimales de dignité et que cette situation a gravement affecté son état physique et psychologique, au point qu'il a décidé d'entamer une grève de la faim. « Il est traité comme un criminel alors qu'il n'a rien fait. Son seul tort a été de garer sa voiture un jour devant la maison de Khayam Turki. C'est absurde, injuste et inhumain », s'est indignée sa sœur.
Le cas de Hattab Slama illustre, selon sa défense, une dérive préoccupante de l'appareil judiciaire tunisien. Arrêté sans preuve tangible, jugé en quelques secondes seulement, il a été condamné sans que sa culpabilité ait été démontrée. Aucun élément ne relie ce revendeur de voitures à un quelconque réseau de complot. Plus révoltée encore, sa sœur déplore l'indifférence totale des organisations de défense des droits humains et l'absence de visites d'avocats du collectif chargé de l'affaire. « Parce qu'il est inconnu, qu'il vient du peuple, personne ne s'intéresse à lui. Mais je refuse qu'il devienne un nom oublié dans cette machination. Il est innocent. Son nom a été impliqué à tort pour régler des comptes politiques », a-t-elle conclu, appelant le président de la République à intervenir de toute urgence pour faire toute la lumière sur ce dossier, et réclamant la libération immédiate de son frère.