Chaque année, à l'occasion de l'Aïd el-Kebir, les rues tunisiennes sont envahies par des étals improvisés où l'on grille des têtes et des pattes de moutons sacrifiés. Ce phénomène, présent dans toutes les régions, dégrade le paysage urbain, entre fumées épaisses, déchets organiques et désordre généralisé. Et pourtant, l'Etat affirme chaque année avoir prévu des espaces dédiés pour l'étape du sacrifice. Mais ces zones, souvent mal indiquées ou peut-être jugées insuffisantes, restent largement ignorées. Il semble que les citoyens préfèrent s'installer là où cela les arrange, même sous les stations de bus, contribuant à une occupation anarchique de l'espace public. La photo illustrant cet article nous vient de Sfax. Elle a largement circulé sur les réseaux sociaux, montrant un étal anarchique installé en pleine station de bus. Un exemple parmi tant d'autres : la scène se répète d'un bout à l'autre du pays, dans une indifférence quasi généralisée. Ce décalage entre les consignes officielles et la réalité sur le terrain illustre un besoin criant de meilleure organisation. Encadrer la tradition sans nuire à l'environnement et à la qualité de vie devrait être un objectif partagé, afin que l'Aïd rime avec respect et civisme.