Haykel Mekki, dirigeant du mouvement Echâab, s'est exprimé, lundi 16 juin 2025, sur Jawhara FM à propos de la caravane Al Soumoud, une initiative populaire symbolisant la solidarité des peuples arabes avec la Palestine. Pour Haykel Mekki, ce qui confère toute sa signification à cette caravane, c'est avant tout sa portée symbolique : « Il s'agit d'un dialogue entre l'Ouest de la Nation arabe, son aile occidentale, et l'Est, dans une marche populaire qui converge vers les frontières. C'est cette dynamique de communion qui donne toute sa force à la démarche. » Il insiste : « Ces personnes ne vont pas là-bas pour combattre ni pour distribuer une aide humanitaire massive. Leur objectif est d'apporter un soutien moral et d'aider nos frères palestiniens à surmonter la faim et la soif qui ravagent Gaza. »
Une démarche porteuse de sens, mais menacée par des enjeux politiques détournés Toutefois, Haykel Mekki met en garde contre une instrumentalisation croissante de cette caravane qui pourrait faire perdre de vue la cause première. « Le véritable enjeu, c'est Gaza, c'est le massacre qui s'y déroule. Malheureusement, il semble que la caravane, en tant qu'événement, occulte parfois cette réalité tragique. » Le dirigeant du mouvement Echâab dénonce particulièrement l'infiltration d'agendas politiques étrangers, notamment ceux des Frères musulmans, qui selon lui ont détourné la caravane de sa vocation première. « Par leurs calculs et déclarations, ils ont transformé ce qui devait être un acte de solidarité en une attaque ciblée contre certains régimes arabes », explique-t-il. Haykel Mekki précise qu'il ne cherche pas à défendre ces régimes, eux-mêmes responsables selon lui des malheurs palestiniens, mais déplore que la cause noble de la Palestine soit instrumentalisée pour des luttes de pouvoir internes. Il souligne aussi que cette initiative populaire sert de manière implicite à alléger la pression sur le gouvernement libyen de Dbeibah, allié des Frères musulmans, tandis que la caravane est perçue comme une nuisance par certains régimes, notamment l'Egypte.
Une position mesurée entre soutien populaire et vigilance politique Malgré ces critiques, Haykel Mekki affirme son soutien à la caravane Al Soumoud et à ses organisateurs aux nobles intentions : « Il ne faut pas qu'une seule caravane, avec ses failles et ses récupérations, définisse notre engagement envers la Palestine. Si cette caravane est bloquée ou revient sans pouvoir passer, d'autres viendront, mieux organisées, plus structurées et je suis pour que ces mouvements se poursuivent. » Il appelle par ailleurs les autorités tunisiennes à faciliter diplomatiquement et administrativement le passage de ces initiatives populaires. « Les régimes concernés doivent prendre leurs précautions, notamment en vérifiant les visas et en surveillant les points de passage, mais sans bloquer la caravane, au risque de manquer de sagesse. Je suis pour une coordination complète et en amont, aux frontières, pour laisser passer ceux qui ne représentent pas un danger pour les régimes concernés, que ce soit à l'est de la Libye ou en Egypte.»
La nécessité d'une unité arabe renouvelée, fondée sur l'humain et le développement Au-delà de la question palestinienne, Haykel Mekki livre une analyse politique plus large, dénonçant la fragmentation idéologique qui affaiblit le monde arabe face aux défis actuels. « Le conflit reste trop souvent encadré dans des schémas idéologiques dépassés : entre Frères musulmans, gauches communistes ou nationalistes arabes, cette division handicape notre unité réelle. » Selon lui, la libération de la Palestine ne pourra être qu'une victoire collective, fondée sur une unité renouvelée, loin des nostalgies du passé et des rivalités stériles. « Il ne s'agit pas d'un simple appel émotionnel, mais d'une certitude politique : la survie et le développement de notre nation passent par l'unité, économique, humaine, sociale. » Haykel Mekki propose ainsi une vision pragmatique de cette unité, basée sur des projets concrets, dédiés par exemple au partage d'énergie, de ressources et de mobilité entre les pays du Maghreb.
Priorité à l'humain et à la souveraineté nationale en Tunisie Pour le mouvement Echâab, le combat social et économique en Tunisie demeure primordial. Haykel Mekki rappelle l'importance de construire un Etat où l'éducation et la dignité humaine sont au centre des préoccupations, afin d'éviter que les citoyens ne soient gouvernés par la précarité ou la peur. Il met également en garde contre la polarisation politique qui menace la Tunisie, invitant à dépasser les oppositions simplistes entre islamistes et partisans du président Kaïs Saïed. « Il existe une troisième voie, celle des programmes sérieux, du patriotisme réel, de la souveraineté tangible, loin des slogans creux. »
Un appel à rejoindre la bataille existentielle contre Israël En conclusion, Haykel Mekki affirme sa conviction que la victoire face à Israël sera portée par un nouvel axe régional et international, comprenant notamment l'Iran, la Russie, la Chine, le Pakistan et d'autres alliés. « Il n'y a plus de neutralité possible. L'avenir appartient à ceux qui défendent l'humanité et la justice. » Il invite chaque Arabe à rejoindre ce combat, dépassant les clivages idéologiques pour défendre la cause palestinienne, humaine avant d'être arabe ou islamique et pour renverser l'hégémonie impérialiste.