Dans un message publié mercredi 2 juillet 2025 sur les réseaux sociaux, l'ancien député et dirigeant du parti Attayar, Hichem Ajbouni, a livré une charge virulente contre le système en place, dénonçant une dérive autoritaire et une instrumentalisation inquiétante des institutions étatiques. « Ce qui arrive à Sonia Dahmani, à Ahmed Souab, à Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi, Jaouher Ben Mbarek, Abdelhamid Jelassi, Ridha Belhaj, Khayam Turki, Hattab Slama, Lotfi Mraïhi, Abir Moussi, Ayachi Zammel, Siwar Bargaoui, Riadh Ben Fadhel, Mourad Zeghidi, Borhen Bsaïes, Sherifa Riahi, Saâdia Mesbah, Ajmi Lourimi, Noureddine Bhiri, Rached Ghannouchi, Mondher Ounissi, Moassab Gharbi, Sahbi Atig, Ridha Charfeddine, et à tous les politiciens, journalistes et militants de la société civile impliqués dans des affaires de complot, de terrorisme et de blanchiment d'argent, est un exemple vivant de la manière dont tous les appareils de l'Etat peuvent être mobilisés pour broyer des citoyens et leurs familles », écrit-il. L'ancien élu estime que la logique de pouvoir actuelle foule aux pieds les principes élémentaires du droit. Il dénonce une violence autoritaire « effarante » où les lois sont utilisées non pour garantir la justice, mais pour faire taire, sanctionner ou détruire. Selon lui, le recours systématique à des accusations de complot, de terrorisme ou de blanchiment d'argent contre des opposants politiques, des journalistes ou des membres de la société civile révèle une volonté de neutraliser toute voix critique. Hichem Ajbouni ne se contente pas de dénoncer. Il rappelle que toute personne ayant commis un crime doit en répondre devant la justice — mais à condition que cette dernière soit indépendante, impartiale, et que les procès soient équitables. « Cela ne signifie pas que certains seraient au-dessus des lois », précise-t-il, mais que les garanties fondamentales du droit doivent être respectées pour tous, sans exception. Ce message intervient deux jours après la condamnation de l'avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani à deux ans de prison par la 5e chambre correctionnelle du Tribunal de première instance de Tunis. Une décision rendue dans des conditions vivement critiquées par la défense, qui avait demandé un report pour produire un jugement en appel lié à la même affaire. Refus catégorique du tribunal, ce qui a poussé les avocats à se retirer de l'audience, dénonçant une « mascarade ». « Stop ! Je ne participerai pas à cette mascarade », a lâché Sonia Dahmani, visiblement affaiblie, avant que l'affaire ne soit mise en délibéré. L'affaire remonte à des déclarations de Dahmani sur la chaîne Carthage+, à propos de la situation des migrants subsahariens. Le parquet s'est appuyé sur le très controversé décret-loi 54 pour poursuivre l'avocate, qui fait désormais face à cinq procédures judiciaires, toutes liées à ses prises de parole dans les médias. Pour Hichem Ajbouni, cette séquence judiciaire en dit long sur l'état de la démocratie tunisienne. Il appelle à une prise de conscience urgente. « La leçon la plus importante que nous devons tirer de cette période de chute vertigineuse, c'est que la reconstruction du système judiciaire et sécuritaire doit devenir une priorité absolue. » Il avertit : sans cette refondation, il sera impossible de reconstruire le pays après ce qu'il qualifie de « pouvoir injuste ». Hichem Ajbouni conclut sur un appel à l'unité des forces démocratiques, politiques et citoyennes pour sortir de cette spirale d'injustice. Car sans un véritable Etat de droit, insiste-t-il, « nous ne pourrons jamais nous relever, et il sera impossible de redresser notre chère patrie ».