Le Conseil de l'Ordre des avocats, réuni le 2 juillet 2025 à la Maison de l'avocat à Tunis, a exprimé, ce jeudi 3 juillet 2025, sa profonde inquiétude face aux derniers développements judiciaires impliquant plusieurs avocats, journalistes et militants politiques. Le communiqué de l'Ordre a pris acte de nombreuses violations graves des procédures, compromettant la primauté du droit et les principes d'un procès équitable. Son Conseil a particulièrement dénoncé la persistance des arrestations ainsi que les poursuites engagées à l'encontre des mêmes personnes pour les mêmes faits à deux reprises, faisant ainsi référence à la situation de l'avocate Sonia Dahmani.
Le Conseil a également considéré que les atteintes aux droits de la défense se sont multipliées dans ces affaires sensibles, où la liberté d'expression semble être systématiquement criminalisée. Il a pointé du doigt les effets délétères du décret-loi 54 et de la législation antiterroriste, utilisés pour réprimer des opinions politiques ou critiques. Il a condamné l'interdiction faite aux inculpés d'assister à leurs audiences, ainsi que l'impossibilité pour leurs avocats de discuter des dossiers, ce qui constitue, selon le conseil, une violation manifeste du principe de la présomption d'innocence.
L'Ordre a également dénoncé les pressions exercées sur les avocats lors des audiences et les tentatives d'orienter leurs plaidoiries, affirmant que l'indépendance de la défense est une condition fondamentale pour garantir un procès équitable. Il a également fustigé les restrictions imposées au travail des avocats, notamment les limitations en matière de visites, d'accès aux dossiers et de nombre de représentants autorisés à comparaître, qualifiant ces pratiques d'atteintes graves aux droits garantis par la loi.
Le Conseil a estimé que ces dérives témoignent d'un glissement inquiétant du système judiciaire tunisien, en l'absence des garanties d'un pouvoir judiciaire indépendant et impartial. Il a mis en garde contre la mise en péril de l'Etat de droit, rappelant que la justice doit rester un rempart contre l'arbitraire et non un instrument de répression. Il a réaffirmé son attachement à un procès équitable pour tous les citoyens, sans exception.
Enfin, l'Ordre des avocats a renouvelé son engagement en faveur de la défense des droits et des libertés, appelant à des réformes législatives urgentes, à la mise en place de la Cour constitutionnelle et à la consolidation du Conseil supérieur de la magistrature. Il a conclu son communiqué en réaffirmant l'indépendance de la profession d'avocat et son rôle essentiel dans la construction d'une justice équitable.