L'économiste Ridha Chkoundali est intervenu, vendredi 4 juillet 2025, sur les ondes de Jawhara FM afin de revenir sur le déficit de la balance commerciale, et plus précisément sur celui de la balance énergétique. L'invité de l'émission Politica, M. Chkoundali, a rappelé que, durant les cinq premiers mois de l'année 2025, la Tunisie a enregistré un déficit très important au niveau de sa balance commerciale, estimé à 8,4 milliards de dinars, contre 6,4 milliards à la même période en 2024, soit une augmentation de 2 milliards de dinars. « Avant le déclenchement du conflit israélo-iranien, les prix du pétrole sur le marché international avoisinaient les 60 dollars. Notre déficit énergétique était alors de 4,3 milliards de dinars, soit la moitié du déficit de la balance commerciale, estimé à 8,4 milliards », a déploré Ridha Chkoundali. Il a précisé que ce déficit énergétique aggrave la situation économique du pays, d'autant plus que les deux déficits – commercial et énergétique – sont étroitement liés. Il a ensuite expliqué que cette situation impliquerait un recours accru à l'endettement pour assurer les importations. Il a également indiqué que les réserves en devises baisseraient en conséquence, ce qui provoquerait une dépréciation du dinar face au dollar et à l'euro. Cela entraînerait à son tour une augmentation de l'inflation, et ce, alors même que le conflit israélo-iranien n'avait pas encore éclaté. « Il faut savoir que chaque dollar en moins sur le prix du baril de pétrole représente un gain de 140 millions de dinars pour la Tunisie », a souligné l'économiste. Il a également expliqué que l'Etat dépense 7,1 milliards de dinars en compensations pour les carburants, en plus d'un déficit énergétique évalué à 4,3 milliards, susceptible de dépasser les 10 milliards de dinars d'ici la fin de l'année. « Les carburants constituent un problème majeur pour la Tunisie, un problème qui découle de la mauvaise gouvernance au sein de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) », a-t-il ajouté. Selon lui, le déficit énergétique crée une dépendance et une soumission économiques, notamment parce que la Steg ne peut produire de l'électricité qu'en important du gaz naturel depuis l'Algérie. Ridha Chkoundali a ensuite appelé à la vigilance concernant le bilan énergétique du pays, et à une politique d'incitation claire en faveur des énergies renouvelables, en particulier l'énergie solaire via les panneaux photovoltaïques. Il a donné l'exemple d'un citoyen ordinaire souhaitant investir dans des panneaux photovoltaïques d'une capacité de 4 kW. Selon lui, ce citoyen doit avancer 5000 dinars sur un coût total de 15000, le reste étant financé par un prêt accordé par la Steg. Ce prêt est remboursé via les factures d'électricité, à raison de 326 dinars par échéance, ce qui signifie un total de 13615 dinars remboursés, soit un intérêt de 3615 dinars, équivalent à 36 % des 10000 dinars empruntés. Pire encore, selon lui, la Steg finance ces prêts via des crédits contractés auprès de banques privées, ce qui signifie que ces dernières gagnent 3600 dinars sur chaque tranche de 10000 dinars prêtée à un citoyen voulant produire de l'énergie à petite échelle. « C'est inconcevable que les banques n'adhèrent pas à un projet national de cette ampleur ! Et pourquoi la Banque centrale de Tunisie (BCT) n'intervient-elle pas pour offrir elle-même des prêts sans intérêts aux citoyens ? » a-t-il dénoncé. Il a également suggéré que, plutôt que d'importer du gaz naturel pour produire de l'électricité, il serait plus judicieux d'investir ces montants directement dans la Steg, afin de l'orienter vers une production à base d'énergie solaire. Ridha Chkoundali a également appelé à instaurer une exonération douanière lors des importations des panneaux photovoltaïques.