Dans un communiqué publié mardi 8 juillet 2025, le parti Al Joumhouri a exprimé sa vive indignation face à la condamnation de Ramla Dahmani à deux ans de prison ferme avec exécution immédiate, dans un jugement rendu par contumace en vertu du très controversé décret 54. Pour le parti, cette décision est politique, injuste et gravement attentatoire aux libertés fondamentales. Cette condamnation a été révélée par l'avocat Sami Ben Ghazi, qui a indiqué, dans une publication sur Facebook, que le verdict avait été découvert en consultant les registres du tribunal de première instance de Tunis. Aucune convocation officielle n'avait été notifiée, et la procédure s'est déroulée à l'insu de la principale concernée. Depuis l'arrestation de sa sœur Sonia Dahmani en mai 2024, Ramla Dahmani s'était imposée comme l'une de ses défenseures les plus actives, relayant inlassablement les atteintes à ses droits et dénonçant les dérives du régime. Pour Al Joumhouri, c'est cet engagement courageux qui lui vaut aujourd'hui d'être directement ciblée par le pouvoir. Dans son communiqué, le parti dénonce une instrumentalisation de la justice, soulignant que « condamner quelqu'un à deux ans de prison pour un simple message de solidarité est indigne d'un Etat de droit ». Il considère que le décret 54, adopté sous couvert de lutte contre les fausses informations, est devenu un outil de répression politique, utilisé pour réduire au silence journalistes, militants, avocats, et désormais, les membres de leurs familles. Le communiqué va plus loin, en affirmant que la condamnation de Ramla Dahmani vise à faire peur à tous les Tunisiens : « C'est un message clair : 'taisez-vous, ou la prison vous attend'. » Dans une réaction poignante, Ramla Dahmani a qualifié sa condamnation de punition politique : « Condamnée pour avoir défendu Sonia. Pour avoir raconté ce qu'elle subit. Pour avoir dérangé. Ils m'ont condamnée parce que je ne plie pas, parce que j'expose leur honte. » Déterminée à poursuivre son combat, elle a déclaré : « Rien ne me fera taire. Je ne suis pas une fugitive, je suis une résistante. Tant que je respire, je continuerai à dénoncer, à écrire, à hurler, à me battre. Ce ne sont pas les barreaux qui réduisent une femme au silence. Ce sont les compromis. Et moi, je n'en fais aucun. » Pour Al Joumhouri, cette affaire s'ajoute à une longue série d'atteintes à la liberté d'expression en Tunisie, et marque une nouvelle étape dans la dérive autoritaire du pouvoir en place. Le parti appelle à une action immédiate et exige : * L'annulation du jugement contre Ramla Dahmani et l'abandon de toutes les poursuites ; * La libération immédiate de Sonia Dahmani, arrêtée depuis mai 2024 pour ses interventions médiatiques ; * L'abrogation totale du décret-loi 54, qu'il qualifie d'outil de censure incompatible avec les standards démocratiques ; * L'ouverture d'une enquête indépendante sur toutes les condamnations émises sur la base de ce décret contre des citoyens, journalistes et militants. Al Joumhouri lance enfin un appel à toutes les forces démocratiques, aux syndicats et aux organisations de défense des droits humains, afin d'unir leurs efforts pour mettre fin à cette répression systémique qui, selon le parti, menace la République et les acquis de la Révolution.