On est encore au stade préliminaire de l'enquête et on parle déjà d'une fraude fiscale qui pourrait atteindre les quatre milliards d'euros (7 milliards de dinars). Beaucoup de têtes vont tomber dans ce qui est considéré comme le scandale historique en Allemagne où l'on commence à douter de l'économie et de la société. Récit. Comme d'habitude, dans ce genre d'affaires, le scandale n'arrive que par celui considéré par tous comme un ange. Il s'appelle Klaus Zumwinkel et il est patron de la Deutsche Post, le poids lourd de l'économie allemande. La Deutshe Post est un dinosaure du Dax (l'équivalent de notre Tunindex) qui emploie 500.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 60 milliards d'euros (106 milliards de dinars). M. Zumwinkel a escroqué le fisc allemand d'un million d'euros au moins (1,78 MDT) les plaçant une partie au Lichtenstein, l'un des trous noirs fiscaux de l'Europe. « Quand on a un tel exemple sous les yeux, on ne peut que douter de notre économie et de notre société », a déploré Peer Steinbrück, le grand argentier du gouvernement fédéral. C'est que Zumwinkel est considéré par ses pairs comme l'exemple à suivre. Avec son profil bas, exposant peu sa richesse et intervenant et défendant souvent une certaine morale économique, le patron de la Poste allemande ne prêtait à aucun soupçon. Il a toujours été riche (grâce à sa famille) et son salaire de PDG de la Poste (3,3 millions d'euros par an, soit 5,87 millions de dinars) le mettait, en théorie, à l'abri de tout « besoin » de frauder le fisc. Depuis 19 ans qu'il occupait ce poste, Zumwinkel a toujours été considéré « exemplaire ». Jusqu'à l'éclatement du scandale. L'affaire a commencé avec la BND, les services secrets allemands, qui ont fourni au parquet un CD rempli de milliers de données faisant part de fraudes fiscales commises par un millier de riches et célèbres clients allemands de la LGT Bank, basée au Lichtenstein. Zumwinkel n'est finalement que la toute petite partie visible de l'iceberg et le début du plus gros scandale qu'a connue l'Allemagne. 900 mandats de perquisition vont être délivrés dans les prochains jours pour les besoins de l'enquête qui annonce une fraude d'au moins quatre milliards de dollars. « Quand on a un tel exemple sous les yeux, on ne peut que douter de notre économie et de notre société », regrette Peer Steinbrück, le grand argentier du gouvernement fédéral. L'affaire crée une émotion profonde dans toute l'Allemagne et spécialement le monde des affaires. C'est qu'elle vient suite au scandale du démantèlement de Mannesmann, la corruption des syndicalistes chez Volkswagen, le système de pots de vin chez Siemens et la gestion calamiteuse des subprimes par les banques publiques allemandes. C'est toute la crédibilité des géants allemands qui est ainsi remise en cause au moment même où l'on montrait fièrement ses excellents résultats, sa bonne croissance et son foudroyant succès. "Si l'opinion publique a ceci comme modèle, elle commence à avoir des doutes sur ce système économique et social", a estimé Peer Steinbrück, ministre allemand des Finances. Il n'a pas du tout tort et il ne s'agit pas uniquement de l'opinion publique allemande, vu que de partout, que l'on suit en Tunisie, au Maroc, en France ou aux Etats-Unis, on a toujours cité la rigueur et le professionnalisme allemand en exemple. L'affaire ne fait que commencer et le feuilleton n'est pas près à se terminer de sitôt.