Une visite surprise, une communication unilatérale… et un silence assourdissant côté tunisien. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, s'est rendue jeudi 31 juillet 2025 en Tunisie, pour une rencontre express avec le président de la République, Kaïs Saïed. Une visite qui n'avait pas été annoncée au préalable, ni par la présidence tunisienne, ni par aucun canal officiel. Et à l'issue de l'entretien, toujours aucune déclaration, ni communiqué, ni photo : circulez, il n'y a rien à voir… sauf peut-être du côté italien. Alors que les services de la cheffe du gouvernement italien ont rapidement publié un communiqué listant les grandes lignes de la rencontre, les autorités tunisiennes, elles, ont brillé par leur mutisme. Une situation qui a suscité une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, entre ironie mordante, incompréhension agacée et critiques politiques.
La journaliste Monia Arfaoui a résumé le malaise général dans un post aussi incisif qu'amer : « Avant même qu'elle ne rentre d'une visite aussi brève que discrète, la présidence du Conseil italien publie un communiqué officiel énumérant les grandes lignes de la rencontre. Chez nous, le peuple attend encore. L'information, c'est une forme de respect. Et celui qui ne vous respecte pas ne se soucie pas que vous sachiez ou non… Nous sommes la blague, et nous sommes ceux qui la racontent. Un rire qui ressemble à des larmes ».
Même ton sarcastique du côté de l'ancien député Hichem Ajbouni, qui ironise d'abord sur l'habituelle opacité de la présidence tunisienne : « En attendant le communiqué de la présidence de la République sur le contenu de la rencontre avec la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni — comme d'habitude, on s'attend à ce qu'il soit publié après minuit — et en se basant sur le communiqué italien, la visite éclair et urgente a porté essentiellement sur les points suivants : traitement des eaux usées, création d'un centre de formation agricole, coopération migratoire et énergie verte ». Et de poursuivre, plus mordant encore : « Imaginez Giorgia Meloni, en visite éclair pour la cinquième fois à Tunis, sans aucun ministre technique dans son équipe (ni Agriculture, ni Affaires étrangères, ni Industrie), pour discuter… de traitement des eaux usées et de centre de formation agricole ! (…) On aurait pu croire qu'ils évoqueraient la Palestine, la Libye ou les tensions géopolitiques mondiales. Mais non, centre de formation et eaux usées ». L'avocat Anas Kadoussi, de son côté, parle carrément d'une stratégie bien rodée des autorités tunisiennes : « Parmi les tares de la politique, il y a ce que l'on appelle la politique des trois T : Ta'tîm (omerta), Ta'mîm (généralisation) et Ta'wîm (flou) ». En somme, entre le fait accompli diplomatique et le black-out informationnel, nombre d'internautes dénoncent un mépris de l'opinion publique et une communication institutionnelle défaillante, qui cultive l'opacité plutôt que la transparence. Et pendant que les communiqués italiens tracent leur feuille de route, les Tunisiens, eux, continuent d'attendre… ou de plaisanter pour oublier.