La Tunisie marque, ce 16 septembre 2025, le troisième anniversaire de l'adoption du décret-loi 54, un texte décrié depuis sa promulgation pour ses atteintes aux libertés. À cette occasion, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a publié un communiqué réaffirmant son rejet catégorique de ce décret, décrit comme un « outil de répression et de bâillonnement ». Adopté en septembre 2022, le décret-loi 54 relatif aux infractions liées aux systèmes d'information et de communication avait suscité dès le départ de vives inquiétudes, en raison de ses formulations jugées « vagues » et « ambiguës ». Celles-ci offrent aux autorités une large marge d'interprétation et permettent d'engager des poursuites judiciaires pouvant aboutir à des peines de prison pour de simples opinions.
Selon le SNJT, ce texte a été utilisé au cours des trois dernières années « de manière systématique » pour cibler journalistes, blogueurs, opposants politiques et défenseurs des droits humains. Des centaines de personnes ont ainsi été poursuivies pour « diffusion de fausses informations » ou « atteinte à autrui », ce qui a installé un climat de peur et d'autocensure dans les médias. Dans son communiqué, le SNJT rappelle que la liberté d'expression et de la presse est un droit constitutionnel et souligne que la lutte contre la désinformation ne peut se faire par des lois répressives, mais plutôt par la promotion du journalisme professionnel, l'accès à l'information et l'éducation aux médias.
Le syndicat avance une série de revendications : la réforme rapide du décret par le Parlement, l'arrêt des poursuites engagées contre les journalistes et blogueurs, l'ouverture d'un dialogue national sur les politiques publiques en matière de médias, le respect des engagements internationaux de la Tunisie et le renforcement des instances de régulation indépendantes, notamment la Haica. « La liberté de la presse n'est pas un luxe, mais la garantie essentielle de la démocratie et de la transparence », conclut le SNJT, qui met en garde contre toute régression dans ce domaine, assimilée à un recul de l'Etat de droit.