Le bâtonnier des avocats, Boubaker Bethabet, a reçu vendredi 19 septembre 2025 le président de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmaïdi. Ce dernier est venu le féliciter pour son élection à la tête de l'Ordre national des avocats et saluer les nouveaux membres élus du Conseil de l'Ordre. Elu dès le premier tour le 13 septembre 2025 avec 57 % des suffrages, soit 2 193 voix sur plus de 4 000 votants, Boubaker Bethabet succède à Hatem Mziou. Sa victoire a été largement saluée, de nombreux avocats et personnalités du monde juridique y voyant un tournant majeur pour la profession. Il s'est distingué par son engagement dans les procès à caractère politique, notamment lors de l'arrestation de Sonia Dahmani et de Mehdi Zagrouba. Inscrit au barreau depuis 1994, il a occupé plusieurs responsabilités au sein de l'Ordre et avait déjà frôlé le poste de bâtonnier en 2022, lorsqu'il avait été battu par Hatem Mziou. Il s'était alors fermement opposé aux décisions du président Kaïs Saïed, notamment à la révocation par décret de 57 magistrats.
Lors de la passation de pouvoir, Boubaker Bethabet a réaffirmé son attachement à la liberté et à la démocratie. Il a dénoncé le décret 54, qu'il estime nuisible à l'image de la Tunisie : « Ce qui se passe aujourd'hui est totalement contradictoire avec la réputation de la Tunisie en matière de démocratie, et nous n'arrêterons pas nos revendications pour la libération de nos collègues emprisonnés. » Il a annoncé que son mandat serait consacré à la restructuration des organes de l'Ordre, au suivi des dossiers des juges révoqués souhaitant intégrer la profession d'avocat, et à toute initiative visant à défendre la justice et les libertés.
L'Association des magistrats tunisiens (AMT) n'a également eu de cesse de tirer la sonnette d'alarme face à la « dégradation du système judiciaire ». Elle a dénoncé l'ingérence croissante du ministère de la Justice, la paralysie du Conseil provisoire de la justice judiciaire et l'absence d'un Conseil supérieur indépendant. L'AMT a également pointé des mutations arbitraires, une surcharge chronique dans les tribunaux et des nominations opaques liées à la proximité avec la ministre de la Justice. Dans ses communiqués, elle critique les révocations et suspensions prononcées sans garanties légales, tandis que l'absence de critères objectifs pour les promotions a affaibli les droits matériels des juges. L'AMT a appelé à la mise en place d'un Conseil supérieur de la magistrature indépendant et élu, exhortant les jeunes magistrats à défendre leur indépendance et à protéger les droits et libertés. Pour l'organisation, l'intégrité de la justice reste une condition incontournable de l'Etat de droit.