Un comité de quatorze avocats a été formé pour défendre « le droit des élèves à disposer de salles de prière dans les établissements scolaires ». Parmi eux figurent plusieurs noms connus, dont certains spécialisés dans de grands dossiers liés au terrorisme. La journaliste Monia Arfaoui a réagi à cette annonce dans une publication sur sa page Facebook, ce vendredi 26 septembre 2025. Elle souligne que, si la liberté de constituer une telle commission ne se discute pas, il est frappant de constater que, bien qu'ayant une grande notoriété, beaucoup de ces avocats – hormis un ou deux noms – n'ont jamais pris la parole dans des affaires emblématiques de défense des droits humains ou des libertés fondamentales en Tunisie. Elle cite en exemple le silence de ces personnalités sur des dossiers comme celui de Rayan Khalfi, jeune victime d'injustice, ou encore les décès controversés de Hazem Amara et Mohamed Amine Jendoubi en détention. Ces avocats ne se sont pas non plus fait entendre pour défendre des prisonniers d'opinion ou des défenseurs de la liberté d'expression, même lorsque les causes étaient proches de leurs convictions idéologiques.
Selon Monia Arfaoui, cette absence répétée dans les combats pour la justice et les droits civiques contraste fortement avec leur mobilisation immédiate sur la question des salles de prière, ce qui, à ses yeux, révèle une instrumentalisation idéologique plutôt qu'un engagement désintéressé pour les droits des élèves. Pour la journaliste, cette mobilisation dépasse la simple question éducative et constitue un « assaut idéologique » destiné à servir un projet précis. Elle estime que l'affaire, qui aurait pu être traitée comme un problème scolaire classique, a été transformée en enjeu de « sécurité nationale », alimentée par des fractures sociales et l'absence de projets nationaux clairs.
Monia Arfaoui dénonce également la dérive de certains acteurs de la société civile qui utilisent le statut de « victime » pour attaquer toute opinion divergente. Selon elle, cette logique révèle un manque de maturité civique et un déficit de conscience des libertés individuelles dans le pays. Elle conclut que ce type d'instrumentalisation idéologique fragilise le débat public et détourne l'attention de véritables enjeux de justice et de droits humains, tout en laissant le champ libre aux conflits identitaires et aux tensions sociales.