L'Institut national de la statistique (INS) a organisé, lundi 29 septembre 2025, la sixième réunion de la Commission nationale du recensement général de la population et de l'habitat pour l'année 2024. Cette rencontre a permis de présenter et de discuter les résultats globaux du recensement, notamment en ce qui concerne la situation matrimoniale de la population tunisienne. Les chiffres révèlent une tendance à la baisse de la proportion de célibataires âgés de quinze ans et plus, par rapport aux recensements de 2014 et de 2004. Cette diminution s'explique notamment par le recul relatif du nombre de jeunes atteignant l'âge du mariage. À l'inverse, la part des veufs et des divorcés progresse depuis deux décennies. Cette évolution s'explique par l'augmentation de l'espérance de vie, qui entraîne un vieillissement de la population. Les femmes sont particulièrement concernées : elles représentent à elles seules près de 10 % de la catégorie des veufs et veuves. Répartition par état matrimonial en 2024 : * Célibataire : hommes 38,7%, femmes 29,6%, total 34% * Marié(e) : hommes 58,5%, femmes 57%, total 57,7% * Veuf(ve) : hommes 1,4%, femmes 10,6%, total 6,1% * Divorcé(e) : hommes 1,4%, femmes 2,8%, total 2,1% Le taux de divorce a fortement progressé en vingt ans : de 0,8% en 2004, il est passé à 1,3% en 2014 puis à 2,1% en 2024.
L'analyse par tranche d'âge met en évidence des évolutions contrastées: * Tendance générale : la proportion de célibataires a augmenté dans toutes les tranches d'âge au cours des quarante dernières années, sauf chez les 35-39 ans et quarante-44 ans, où une légère baisse est observée entre 2014 et 2024. * Ecarts hommes-femmes : jusqu'à 40 ans, les hommes sont proportionnellement beaucoup plus célibataires que les femmes. o trente-34 ans : 65% d'hommes contre 28,3% de femmes (écart de 36,7 points). o 35-39 ans : 35,1% d'hommes contre 15,7% de femmes (écart de 19,4 points). * Inversion après 45 ans : à partir de 45-49 ans, les femmes deviennent proportionnellement plus nombreuses à rester célibataires (11,1% contre 10,3% chez les hommes). Cette tendance se renforce après 60 ans : 4,7% de femmes contre 2,6% d'hommes. Par génération : * Jeunes (quinze-24 ans) : quasi-universalité du célibat (plus de 90 %). * Tranche charnière (25-34 ans) : forte baisse du célibat chez les femmes (–32 points). * Seniors (soixante ans et plus) : le célibat est marginal, mais 1,8 fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
L'INS a également présenté l'évolution de l'âge moyen au premier mariage, calculé selon la méthode de Hajnal. Cette approche repose sur la proportion de célibataires par âge et fixe la limite supérieure à 55 ans pour les deux sexes depuis 1994. Les résultats montrent une tendance claire : les Tunisiens se marient de plus en plus tard, prolongeant leur période de célibat. Une progression continue depuis six décennies : * 1966 : hommes 27,1 ans – femmes 20,9 ans – écart 6,2 ans * 1975 : hommes 27,2 ans – femmes 22,6 ans – écart 4,6 ans * 1984 : hommes 28,1 ans – femmes 24,3 ans – écart 3,8 ans * 1994 : hommes 30,3 ans – femmes 26,6 ans – écart 3,7 ans * 2004 : hommes 32,7 ans – femmes 29,1 ans – écart 3,6 ans * 2014 : hommes 33,0 ans – femmes 28,6 ans – écart 4,4 ans * 2024 : hommes 35,3 ans – femmes 28,9 ans – écart 6,4 ans Ces données mettent en évidence deux tendances majeures : * Un report progressif du mariage : en moyenne, les hommes se marient aujourd'hui plus de huit ans plus tard qu'en 1966, et les femmes près de huit ans plus tard également. * Un écart qui se creuse à nouveau : après avoir diminué entre les années 1970 et 2004, la différence entre l'âge moyen au premier mariage des hommes et des femmes est repartie à la hausse pour atteindre 6,4 ans en 2024. Cette progression illustre une transformation profonde des comportements matrimoniaux en Tunisie, influencée par des facteurs sociaux, économiques et démographiques.