Claudia Cardinale s'est éteinte hier en France, à l'âge de 87 ans. L'actrice, figure du cinéma italien et français, était pourtant née à Tunis en 1938, où elle avait grandi à La Goulette. Dans ses souvenirs comme dans son identité, la Tunisie occupait une place particulière. Elle parlait l'arabe tunisien, le français et le sicilien avant même d'apprendre l'italien, et elle n'a cessé de rappeler qu'elle se sentait « toujours un peu tunisienne ». En 2022, La Goulette avait même baptisé une rue à son nom, en hommage à cette enfant du pays devenue star mondiale. Elle avait aussi honoré de sa présence l'inauguration de la Cité de la Culture à Tunis et avait tourné à Djerba dans « L'Île du Pardon » de Ridha Behi, confirmant ce lien profond avec sa terre natale. Mais alors que le monde du cinéma international salue sa mémoire, le silence du ministère tunisien des Affaires culturelles interpelle. Aucune déclaration officielle n'a été publiée, aucun hommage national n'a été rendu à celle qui portait en elle une part de l'identité tunisienne au-delà des frontières.
La Cinémathèque tunisienne, elle, a réagi aujourd'hui, en exprimant sa reconnaissance et son admiration pour une artiste qui a marqué l'histoire du 7e art et qui n'a jamais renié ses origines. Ce contraste met en lumière l'indifférence d'une institution censée incarner la mémoire et la fierté culturelle du pays. Claudia Cardinale restera dans l'imaginaire collectif comme une étoile internationale née à Tunis. Mais son décès rappelle aussi combien la Tunisie officielle peine parfois à reconnaître et à célébrer ceux qui, par leur talent, ont contribué à façonner son rayonnement à travers le monde.