Le 1er octobre 2025, la chambre criminelle du tribunal de première instance de Nabeul a prononcé une condamnation à mort contre Saber Chouchane, un citoyen originaire du Cap Bon. Son « crime » : des publications Facebook jugées offensantes envers le président de la République. Saber Chouchane, 41 ans, était un travailleur journalier et père de trois enfants. Son parcours scolaire s'était arrêté en deuxième année secondaire (ancien régime). Sur Facebook, il utilisait le pseudonyme « Kaïs Ettais » [Kaïs l'infortuné] pour partager des publications, parfois satiriques et critiques, sur l'actualité dans le monde et pas uniquement sur le président de la République. Sa page, pourtant, était loin d'avoir un réel impact. Suivie par seulement 260 personnes, elle ne générait généralement qu'une dizaine de réactions par publication. Parfois moins. Seules quelques publications à caractère personnel ou en lien avec la situation en Palestine généraient quelques dizaines de likes. Des écrits au retentissement limité, partagés dans un cercle réduit, mais qui ont suffi à attirer l'attention des autorités et à déclencher une procédure judiciaire lourde de conséquences.
Arrêté et présenté devant le pôle judiciaire antiterroriste, son dossier avait finalement été renvoyé devant la juridiction ordinaire de Nabeul, le pôle ayant écarté la qualification terroriste. Mais le jugement rendu par la chambre criminelle est d'une sévérité inédite : la peine capitale pour des écrits sur les réseaux sociaux. Les charges retenues contre lui étaient lourdes : « outrage au président de la République », « atteinte visant à modifier la forme de l'Etat » et « publication de fausses nouvelles visant un fonctionnaire public ». Une décision qui soulève une onde de choc et d'indignation...