Avec une hausse des prix du logement d'environ 8% par an en moyenne, le marché de l'immobilier en Tunisie est entré depuis quelques années dans une véritable spirale inflationniste. Malgré une offre aussi abondante que diversifiée, le climat de surchauffe semble encore loin de son épilogue. La demande qui ne faiblit pas en est la raison principale. Revers de la médaille: à l'heure où les promoteurs et les banques se frottent les mains, le Tunisien moyen éprouve de plus en plus de difficultés à accéder à un toit. Tel est le paradoxe du secteur de l'immobilier : son boom fait aussi bien le bonheur des uns que le malheur des autres. Le taux des ménages propriétaires de leurs logements flirte avec les 80% en Tunisie. Le pays ressemble, depuis quelques années, à un immense chantier à ciel ouvert. De la capitale, aux communes rurales de charme en passant par les stations balnéaires huppées et les villes enclavées dans le centre du pays, des quartiers entiers et de nouvelles villes continuent à jaillir du sol. Le nombre des sociétés de promotion immobilière se multiplie à une cadence vertigineuse. Ce sont des signes qui ne trompent pas sur le dynamisme que vit le bâtiment. Ce secteur est généralement perçu comme un indicateur de la bonne santé de l'économie. Il y a seulement une trentaine d'années, la Société Nationale Immobilière de Tunisie (SNIT) était l'unique intervenant sur la marché. Aujourd'hui, on dénombre quelque 1470 sociétés, appartenant en majorité à des investisseurs privés, selon les données de la chambre syndicale des promoteurs immobiliers relevant de l'UTICA. Cette structure estime l'augmentation des prix des logements à 8% en moyenne par an. Une hausse qui cache toutefois des disparités entre les régions. Le prix moyen du mètre carré fini d'un appartement de haut standing a plus que doublé entre 1994 et 2007 passant de 600 à plus de 1400 dinars en moyenne à Tunis et dans la plupart des villes côtières du pays. Au niveau de certains quartiers huppés de la capitale comme la cité Ennasr, Aïn Zaghouan ou encore La Marsa, les prix ont pulvérisé tous les records, avec une hausse de 15 % pour le haut satnding par an. Dans les régions de l'intérieur, l'augmentation ne dépasse pas les 5%. Même le logement dit social n'a pas été épargné par la tendance haussière. Le prix du mètre carré fini de ce type de logement réservé aux salariés dont le revenu est inférieur à 400 dinars par mois, a atteint 800 dinars contre à peine 300 il y a quinze ans. Conséquence: la propriété du logement devient de plus en plus un rêve inaccessible pour le Tunisien moyen. Le manque des réserves foncières et l'envolée des prix des matériaux de construction sur le marché international expliquent en grande partie la flambée des prix des logements dans la capitale et les villes côtières, selon Moncef Koôli, président de la chambre syndicale des promoteurs privés. Mais, en dépit d'une offre de plus en plus abondante et divesifiée, la demande reste très forte. En témoignent, les délais de commercialisation qui n'ont jamais été aussi courts. La demande est telle que nous démarrons la construction avec des taux de précommercialisation de près de 60 %, notamment au niveau des quartiers huppées de Tunis, révèle un promoteur spécialisé dans le haut satnding à Tunis. Le démarrage de la consruction de nouveaux complexes immobiliers, au luxe féérique, dans la région du Lac de Tunis par des groupes émiratis contribuera -t-il à inverser la vapeur dans les années à venir? Nul ne le sait. Les banquiers semblent toutefois confiants quant aux bonnes perspectives de croissance du marché de l'immobilier. Ahmed El Karam, Vice-Président d'Amen Bank, avait répondu aux actionnaires qui s'inquiétaient d'un volume important des crédits accordés aux promoteurs immobiliers, que la promotion immobilière constitue désormais l'activité la moins risquée pour les banques. L'attachement des Tunisiens à être propriétaires de leurs logements, synonyme d'une certaine réussite sociale, constitue un facteur clé de l'immense potentiel de croissance de l'immobilier, avait-t-il ajouté lors de l'Assemblée générale de la banque. Les banques, qui assurent l'acquisition de logements neufs ou anciens à hauteur de 93% selon le dernier rapport annuel de le Banque centrale de Tunisie (BCT), rivalisent en effet d'offres pour conquérir de nouveux clients. Même si les taux d'intérêts restent un tant soit peu dissuasifs, plusieurs d'entre elles ont allongé la durée de remboursement à 25 ans au lieu de 15 auparavant. En 2007, le système bancaire tunisien a débloqué près de 5 milliards de dinars de crédits logement, dont près de 40% proviennent de la Banque de l'Habitat. Le marché de l'immobilier semble en somme avoir encore de beaux jours devant lui, même s'il a toujours échappé à toutes les prévisisons. Copyright photo : Nicolas Fauqué - Images de Tunisie Walid Chedly