Alors que l'économie des pays riches est en train de chuter, des experts internationaux considèrent que la relève sera assurée par les pays émergents. Walt Macnee, président des marchés globaux de MasterCard International le confirme, dans une interview accordée à Business News : « Ces pays prendront place sur la scène mondiale », a-t-il déclaré lors d'un symposium réunissant à New York 150 journalistes venus du monde entier. Il se base sur les résultats de l'étude "Index des marchés émergents", réalisée par les centres de commerce de Mastercard International. D'ailleurs, M. Macnee s'est montré beaucoup plus incisif. Car, d'après lui, « l'économie mondiale va croître l'année prochaine de 3 %. Mais le plus important est que ces résultats émaneront des marchés émergents. Ils seront le moteur du développement ». Les leaders de cette croissance seront les « BRIC cities » ou les BRIC villes ; le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine. D'autres figurent également sur la liste des 65 villes étudiées, dont Tunis, Le Caire et Istanbul. « C'est l'effet de l'interconnexion mondiale et de la création d'un cycle économique évolutif », d'après Macnee. « Nous traversons des moments très difficiles, les turbulences économiques se propagent dans le monde », déclare Walt Macnee en parlant de la crise financière. Des moments, certes difficiles pour les pays développés, en revanche, de nouveaux horizons s'annoncent pour les pays émergents. Le jeu sera en fait mené par ces pays lors des prochaines années. C'est ce qu'a prouvé l'étude "Index des marchés émergents", réalisée par les centres de commerce de Mastercard International. Elle a pour finalité d'identifier ces nouveaux marchés à travers 65 villes clefs et déterminer les facteurs de croissance dans ces villes. Mais, d'où provient la force de ces pays ? Pour répondre à cette question, M. Macnee précise qu'ils disposent d'un ensemble d'atouts, dont le capital humain. « 300 milliards de dollars sont versés dans leurs caisses grâce aux travailleurs à l'étranger. Le capital n'a pas de frontières », enchaîne-t-il. Autres atouts, la richesse des sites touristiques, les services de santé En fait, plus de 150 mille touristes est-européens se sont rendus en Inde l'année dernière. La Croatie attire aussi les touristes. Leur nombre a triplé lors des dix dernières années, selon le président de MasterCard. Par conséquent, mieux comprendre ces marchés est plus que jamais important pour les multinationales. Comment les identifier, est également très urgent. C'est dans ce cadre que s'inscrit notamment l'étude. Pour ce faire, Mastercard s'est basé sur huit dimensions primordiales. Il s'agit ainsi de « l'environnement économique et commercial, de la croissance économique et du développement, de l'environnement des affaires, de l'environnement des services financiers, de la connectivité commerciale, de la connectivité de l'éducation et des TIC, de la qualité de la vie dans la ville et de la sécurité », précise M. Macnee qui ajoute : « Une des caractéristiques des marchés émergents est leur connectivité au développement. Ils sont intensément connectés au développement économique mondial ». D'ailleurs, les dimensions environnement des affaires, la croissance économique et le développement et la connectivité commerciale occupent les premières positions en termes d'évaluation de ces pays. Les villes chinoises dominent les indices en la matière, toujours d'après Macnee : « Chaque ville présente des opportunités. Elles ont des facteurs majeurs ». Pour mieux comprendre ces villes-clef et les classer, l'étude s'est basée sur quatre éléments fondamentaux : les mesures d'index, l'histoire, la politique et le contexte d'affaires. La première catégorie est celle des meilleures, "Top-tier cities". Si elles occupent les premières positions, c'est parce que ces villes ont déjà fondé des centres commerciaux, selon les normes internationales. Elles disposent de plate-forme adéquate. « Shanghai, est la ville la plus importante depuis le 20ème siècle. Elle résume cette réussite. Elle joue également un rôle central dans le commerce international et occupe la première position sur la liste, soit 66,01en terme de valeur d'index ». D'autres villes offrent de nouvelles opportunités pour les investisseurs internationaux, notamment Moscou, Sao Paulo, Bangkok, Kuala Lumpur, Buenos Aires, Mexico City et Santiago : « Elles rayonnent en fait aux niveaux national et régional et ont un rôle très important dans le développement économique », soutient M ; Masnee. La deuxième catégorie incorpore des villes reconnues en tant que leaders du commerce dans leurs régions et ce à l'instar de Shanghai et Sao Paulo. « L'Inde présente des perspectives dans le domaine. Bangalore, Chiennai et Hyderabad pourraient fonctionner en tant que générateur de développement et croissance économique mondiale dans les quelques années à venir, à moyen terme », prévoit M. Macnee. Pour ce qui est de la troisième catégorie, elle pourrait être « la plus intéressante en termes de perspectives. Ces villes ont des marchés fiables et de grands facteurs de croissance. Toutefois, elles n'ont pas encore rayonné en tant que centres d'activité économique aux niveaux régional et international ». Ces villes sont qualifiées de « villes douces ; risque élevé/ rentabilité élevée pour des sociétés cherchant un bel emplacement ». (Sweet spot cities; high-risk/high reward locations for companies seeking cutting-edge location). En fait, les risques qui se présentent dans ce contexte pourraient être d'ordre politique, économique ou social. Mais ils sont faciles à gérer et ne sont pas très importants, ce qui offre la possibilité aux investisseurs de réaliser des gains économiques très rapidement. Cette catégorie comprend notamment, Tunis, Ankara, Bucarest, St Petersburg Il est à remarquer que la région d'Afrique ouvre des perspectives de développement au niveau international. « C'est la capitale de l'Afrique du Sud (Johannesburg) qui occupe le devant de la scène », d'après Macnee. Elle est classée 7èm. « Ceci reflète la croissance du pays ainsi que l'importance de ses institutions financières et économiques ». Ces résultats imprévus - car cela a été "une surprise", d'après l'étude - démontrent que des villes de la région sont en croissance. « Tunis et le Caire sont bien notés. La région attire ainsi les investisseurs internationaux », explique M. Macnee. La lecture du Top 10 du classement par dimensions, indique que la ville de Tunis figure parmi les dix premiers sur deux dimensions seulement. Elle est en fait classée 6ème en terme d'environnement économique et commercial avec 8,50 juste après Johannesburg, comme elle occupe la 8ème position en ce qui concerne la qualité de vie. Une note de 7,58 lui a été attribuée. Notre capitale est classée juste après Istanbul. La liste finale de l'index des villes regroupe celles freinées par des obstacles d'aspect culturel, politique ou économique. Elles sont généralement sous développées et présentent des risques politiques et sociaux. Ces barrières limitent leur développement et n'offrent pas de terrain favorable pour l'investissement. Il est question dans ce contexte de Beyrouth, Karachi et Medellin. L'étude effectuée par Mastercard International a prouvé, assure à Business News le président des marchés globaux de l'institution, que le jeu sera mené par les pays émergents dans le futur. Ils sont passés du stade d'acteurs mineurs à celui d'acteurs déterminants. De larges opportunités se présentent ainsi pour notre pays, d'où l'importance de les saisir.