Le département d'intelligence économique de Price-Waterhouse-Coopers (PWC) a publié récemment les résultats de son étude prospective sur « Le monde en 2050 ». Cette enquête s'appuie sur les analyses et projections macroéconomiques de 30 pays, ayant totalisé ensemble en 2006 85% du PIB mondial. Selon PWC, d'ici à 2050, l'équilibre économique mondial va connaître des bouleversements majeurs. Ainsi, la Chine deviendra dès 2025 la première puissance économique mondiale. Au-delà des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), de nouveaux pays émergents afficheront des potentiels de croissance considérables, tel que le Vietnam, 9,8% de croissance par an entre 2007 et 2050, tandis que la croissance de l'Europe serait plafonnée à 2%. Selon les projections de PWC et à l'horizon 2050, l'économie mondiale serait dominée par trois grandes puissances qui seront dans l'ordre la Chine, les Etats-Unis et l'Inde. Le PIB de la Chine représenterait alors 130% du PIB américain, celui de l'Inde près de 90%. Pour le PWC, le centre de gravité du monde économique se déplacera sans doute vers la Chine et l'Inde, mais pas seulement ! D'autres marchés émergents vont jouer aussi un rôle majeur. Le rééquilibrage des moteurs de la croissance mondiale est beaucoup plus large et complexe qu'on ne l'a supposé jusqu'à présent. En 2050, au-delà des BRIC, il faudra compter avec les nouveaux pays émergents. Dans ce groupe, nous devons en effet distinguer la Chine et la Russie dont les taux de croissance devraient ralentir dans les prochaines 40 années en passant respectivement de 9,2% et 4,6% en 2007 à 2,8% et 1,2% en 2050. Ce ralentissement de croissance est directement lié au vieillissement de leurs populations ( surtout à cause de la politique de l'enfant unique pour la Chine). À l'inverse, les jeunes pays comme l'Inde, l'Indonésie, le Brésil, la Turquie et le Mexique connaîtront une croissance de leur population active. En effet, les 7 pays émergents qui sont les BRIC avec le Mexique, l'Indonésie et la Turquie devraient ensemble dépasser de plus de 50% la taille des économies du G7 en 2050. D'ici là, les PIB du Mexique ou de l'Indonésie dépasseraient celui de chacun des pays européens. Le pouvoir d'achat moyen d'un Chinois, d'un Brésilien, ou d'un Turc serait équivalent à celui d'un européen aujourd'hui. En termes de taux de croissance, d'autres marchés vont jouer un rôle moteur. Le Vietnam en particulier afficherait à horizon 2050 une croissance de 9,8% et serait susceptible d'atteindre le PIB italien. Le Nigeria disposerait du potentiel pour dépasser l'économie de l'Afrique du Sud, et ainsi devenir la plus importante économie africaine en 2050. Les Philippines, la Tunisie et l'Egypte ont également un fort potentiel de croissance. À horizon 2050, les pays du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada et Russie) afficheraient une croissance de 2%, contre 6,4% pour le groupe des 7 pays émergents cités ci-dessus. Face à ce rééquilibrage des puissances économiques dans les prochaines décennies, le défi pour les économies émergentes comme la nôtre est de se positionner dès à présent sur les secteurs porteurs et d'adopter les bonnes stratégies de développement et d'investissement pour rester dans la course économique mondiale. Il s'agit bien souvent de savoir être local, d'identifier avec précaution les bons partenaires commerciaux et de recruter des ressources humaines adaptées. Parmi les secteurs porteurs, la grande distribution est un des secteurs les mieux placés pour tirer son épingle du jeu. Les distributeurs pourraient en effet bénéficier à la fois des nouveaux foyers de consommation des pays émergents en même temps des faibles coûts de production locaux pour importer vers les marchés occidentaux. D'ici 2020, la Chine, en particulier, sera le deuxième foyer de consommation au monde. Idem, d'ici là, les classes moyennes des pays émergents auront le pouvoir d'acheter des biens et services occidentaux à forte notoriété internationale. À l'inverse, les perdants potentiels seront les fabricants de produits de masse qui seront de plus en plus concurrencés par les nouveaux centres de production à bas coûts, tel que le Vietnam. C'est pourquoi, la Chine cherchera en même temps à se spécialiser dans des technologies plus sophistiquées. Ces projections sont autant d'indicateurs décisifs pour les dirigeants et les gouvernements actuels pour faire les bons choix d'investissement et de soutien de l'avenir.
L'ECONOMIE TUNISIENNE A L'HORIZON 2030 L'économie tunisienne est traditionnellement liée à l'agriculture, au tourisme et au textile mais elle a su également développer des secteurs à valeur ajoutée tels l'agroalimentaire et l'électromécanique… Aujourd'hui, pour pouvoir nous positionner honorablement sur le marché mondial, nous devons disposer de nouvelles ressources, renforcer et conforter nos alliances économiques et améliorer davantage nos politiques d'investissement. Dans ce contexte, il apparaît primordial pour notre pays et nos entreprises d'intégrer les pays- locomotives de la croissance de l'économie mondiale de demain ; ne serait ce que par une réflexion sérieuse sur la compétitivité. Selon certains experts, l'Europe même élargi à l'Est, sans intégration de la zone Maghreb, verrait son poids aujourd'hui proche des 30% du PIB mondial, descendre à 12% en 2030 en raison, entre autres de leur courbe démographique défavorable. Par contre, l'économie des pays du Maghreb dont celle de la Tunisie assurerait un taux de croissance supérieur quoique insuffisant pour rattraper le niveau de vie dans l'Union européenne à l'horizon 2030. Car, à l'horizon 2030, un nombre considérable de Tunisiens aurait plus de 60 ans et cela nécessitera forcément une politique sociale adaptée et onéreuse. La crise économique mondiale a prouvé que les modèles économiques suivis à ce jour ne sont pas aussi inefficaces, comme tout le monde aurait pensé. La Crise a eu –à titre d'exemple-- le mérite d'amener un grand nombre d'entreprises tunisiennes à se repositionner et à s'internationaliser. En effet, les opérateurs économiques privés en Tunisie, devraient de plus en plus penser international. Ce qu'il faut aujourd'hui et dans l'urgence, est de reconquérir tout d'abord le marché national et se tourner ensuite vers le régional, en l'occurrence l'Algérie et la Libye qui représentent pour nous des marchés potentiels et extrêmement prometteurs.