Au moment où, les négociations piétinent, au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce, autour de la libéralisation des services et de l'agriculture, la Tunisie poursuit lentement, mais sûrement ses négociations avec son premier partenaire commercial et financier, l'Union européenne. Ces négociations se déroulent sur un thème compliqué et difficile. Mais, les deux partenaires restent confiants et optimistes. En effet, ils se sont fixé pour objectif d'achever les négociations, vers l'été prochain. Aussi bien la Tunisie que l'Union européenne sont convaincus de l'impératif d'élargir le libre échange à l'ensemble des produits et ne pas se limiter aux simples produits industriels. Il est vrai que la libéralisation des capitaux, des produits agricoles et de services impose des défis multiples. Il n'en demeure pas moins qu'elle constitue une opportunité supplémentaire pour les exportations tunisiennes. Cependant, pour réussir, le secteur des services et celui de l'agriculture devront fournir des efforts en matière de compétitivité, de productivité afin de trouver une place respectable sous le soleil de l'Europe. Pour ce faire, la Tunisie aura besoin de l'assistance de son partenaire afin de s'engager dans les restructurations, les réformes et les filets économiques nécessaires à la libéralisation de secteurs aussi porteurs. On ne peut nier que les négociations sont une phase très délicate mais, il faudrait sauter le pas et élargir la zone de libre échange à l'ensemble des produits. Les opérateurs économiques y croient profondément certes, mais non sans appréhensions, voire quelques griefs. Car, autant elle est porteuse d'opportunités, autant la libéralisation des services et des produits agricoles fait peur aux agents économiques. Et, c'est tout à fait normal. Ils passeraient d'une situation de protection, à une situation de liberté totale où les risques exigent la mie en place de gardes fous, de restructurations, et de filets économiques et financiers. Et, là, l'apport de l'Union Européenne est de taille. On ne rappellera pas que les moyens de la Tunisie pour se mettre à niveau sont limités par rapport à ceux de l'Europe, qui en dispose de 10 à 15 fois plus que nous. Cependant, la Tunisie, qui a été le premier pays à signer l'accord d'association, à mettre en place une zone de libre échange avec l'Europe et à ratifier le plan d'action de la politique européenne de voisinage, pourra compter sur son premier partenaire, pour concrétiser le programme de mise à niveau du secteur des services et de l'agriculture. En tous les cas, du côté européen, on avait clairement signifié que le rôle de pionner de la Tunisie donne au vieux continent une responsabilité particulière à son égard. Le pays mérite, à son sens, une reconnaissance de ses efforts, des décisions et des choix courageux et audacieux qu'il a effectués en 1995. D'ailleurs, l'Union européenne a signifié qu'elle est prête à renvoyer l'ascenseur à la Tunisie, en acceptant sa demande de bénéficier d'un partenariat renforcé et avancé avec l'UE. La demande suppose d'abord l'identification des voies et des moyens d'accélérer l'intégration de l'économie tunisienne au marché interne de l'Europe, d'aller plus loin dans la convergence règlementaire, en renforçant l'interconnexion des grands réseaux de télécommunications, de transport et de l'énergie Ce qui d'ailleurs, cadre parfaitement avec les projets structurants, proposés par l'UPM (l'Union pour la Méditerranée). Ensuite, il convient d'envisager une meilleure libre circulation des personnes, sans pour autant piétiner sur le droit de l'Europe de règlementer l'entrée sur son sol pour des raisons sécuritaires. Il est normal de faciliter la libre circulation de ceux qui opèrent avec l'Europe, en réduisant les restrictions administratives et procédurales de l'obtention du visa. En tous les cas, ceci s'avère évident. Car, on ne pourra pas envisager la libéralisation des capitaux et des services sans une libre circulation des personnes. Enfin, il serait judicieux de mesurer le coût de l'absence d'une intégration et d'une coopération régionale. Les deux partenaires, Tunisie/Union Européenne, auront des étapes à franchir, au cours des prochaines années, aux bénéfices de tous. Car, les échanges économiques ne sont pas un jeu à somme nulle et, pour profiter de la mondialisation et en réduire les incidences négatives, l'union est importante, d'autant qu'il faut traverser au mieux la période difficile qu'est la crise économique internationale et se préparer au redémarrage de l'économie mondiale. Cependant, on est en droit de se demander si la crise économique ne constitue pas un frein aux négociations ? Est-ce vraiment le moment opportun pour libérer les services et les produits agricoles ? La libéralisation risquerait, au regard de certains, d'approfondir la vulnérabilité et la fragilité de l'économie nationale ? Du côté de l'Europe, et sans se prétendre être l'avocat de la libéralisation, on estime que la libéralisation apportera des avantages certains aux deux parties. Elle peut, cela va sans dire, avoir des impacts sociaux qu'il faudrait remédier, à travers des mécanismes d'accompagnement qui seraient les amortisseurs de la libéralisation. Il semblerait que l'Europe est disposée à apporter son soutien à la Tunisie pour la mie en place des anti-chocs, tout comme elle l'a apporté au programme de mise à niveau, pour la libéralisation des produits industriels. La volonté politique est évidente. Les eux parties sont déterminées poursuivre les négociations pour la libéralisation et à l'étendre aux investissements, au secteur des services et de l'agriculture dont la valeur ajoutée est inestimable. Or, la libéralisation des produits agricoles ne sera pas des plus faciles. En témoigne l'échec des négociations de Doha, où on n'arrive toujours pas à trouver un compromis. Faut-il rappeler que le secteur agricole revêt une dimension sociétale importante. Dans ce contexte, l'Union Tunisienne de l'agriculture et de la Pêche (UTAP) exige que la libéraliqation ne soit pas réalisée aux dépends des petits agriculteurs. L'UTAP est en faveur d'une ouverture d'un marché légal, avec des mécanismes de soutien en vue d'une mise à niveau du secteur, afin que le petit agriculteur tunisien puisse rejoindre le niveau de son homologue européen. La corporation des agriculteurs tunisiens demeure convaincue des défis et des opportunités q'offre la libéralisation de son secteur d'activité. La position de la Tunisie en matière des négociations pour la libéralisation du secteur agricole est claire. L'ouverture doit répondre à certains fondamentaux solides du secteur lui-même ; les fondements de la compétitivité de l'agriculture tunisienne ainsi que les fondamentaux de la sécurité alimentaire. Car, s'il est vrai que l'agriculture tunisienne a franchi des pas importants. Il lui reste encore du chemin à faire pour embrasser une agriculture moderne et être préparéé à la concurrence interne et internationale. S'agissant des opportunités, elles concernent essentiellement l'amélioration de la compétitivité de l'agriculture tunisienne. Celle-ci sera renforcée par la mise en place d'un programme de mie à niveau qui, d'ores et déjà, a été lancé et qui concernera dans une première étape, (2009/2011), une centaine d'exploitations agricoles. Ensuite, dans une seconde étape, à partir de 2012, il s'étendra à 350 exploitations. AU cours de la période 2012/2016, environ 2000 exploitations, d'une superficie supérieure à 50 hectares, seront concernées par le programme, sur un total de 14 mille. La libéralisation du secteur agricole permettra par ailleurs, aux produits tunisiens un plus grand accès au marché européen dont le pouvoir d'achat est assez conséquent.