De plus en plus indispensables, les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont loin d'être utilisées efficacement par les chefs d'entreprises. Ils n'en tirent pas profit, faute de moyens et aussi par ignorance. D'après certains, les prix des outils informatiques et des logiciels sont excessifs. C'est ce qui les décourage à adopter le « e-business ». Pire encore, l'usage d'Internet est limité à la lecture des courriers électroniques. Nos chefs d'entreprises maîtrisent-ils assez les nouvelles technologies de l'information et de la communication ? Le e-business est une pratique qui permet au chef d'entreprise de moderniser ses interventions internes et externes. Se basant sur l'outil informatique et les technologies nouvelles de la communication, cette méthode n'est pas encore enracinée dans la culture entrepreneuriale. Une enquête menée par un groupe de chercheurs au pôle technologique d'El Ghazala auprès de 311 entreprises a démontré que son utilisation est très limitée à cause de la hausse du prix du matériel et des logiciels. En fait, 65 % des chefs d'entreprises interviewés considèrent que ce facteur représente un handicap. D'autres ne maîtrisent pas convenablement ces supports et trouvent que les NTIC sont compliquées, soit 25 % de l'échantillon. Les plus avertis, du moins que l'on puisse dire, refusent d'avoir recours à l'informatique par précaution. En effet, 20 % ne s'alignent pas à ces technologies par mesure de sécurité. Si quelques uns ont avancé des raisons en quelque sorte logiques, d'autres ne sont pas convaincus de la nécessité d'introduire ces technologie dans leur pratique quotidienne. Ils considèrent qu'il n'est pas indispensable de développer le e-business au sein de l'entreprise. Ils trouvent même qu'ils n'ont pas besoin des solutions offertes par cette technique de travail. D'ailleurs, ils ne comptent pas changer de méthode lors des prochaines années ou acquérir les outils susceptibles de leur offrir les solutions e-business. La plupart des entrepreneurs interviewés n'envisagent même pas de réserver un budget pour cette composante dans les prochaines années. Il est clair que nos chefs d'entreprises négligent les avantages des technologies. Celles-ci offrent pourtant des solutions idoines à même de contribuer à la relance et à l'essor de l'entreprise aux niveaux interne et externe. Le e-business a fait ses preuves de par le monde, mais pas encore chez nous. Les mesures prises par le gouvernement pour promouvoir le e-commerce restent limitées et sans résultats. Ainsi, les professionnels passent à côté des avantages, notamment la gestion des relations clients, la planification des ressources de l'entreprise, la gestion des connaissances, le contrôle des opérations internes, les conférences virtuelles, les forums, le mailing D'ailleurs, ce que les chefs d'entreprises utilisent le plus se réduit au courrier électronique L'enquête a démontré que l'usage Internet se limite essentiellement sur la consultation du courrier électronique. 80 % des entre eux utilisent le web pour cet objectif. Toujours dans la même optique, seules, 4 % des entreprises ont recours au web pour effectuer des services en ligne. 12 % l'utilisent pour réaliser des recherches. Usage toujours limité à quelques activités sans valeur ajoutée. D'ailleurs, 9,3 % de l'échantillon ont fait des achats en ligne, 7,3 % des ventes et 18,3 % des commandes. Quant au paiement il reste limité, soit, 3,8%. Cela s'explique par les lacunes enregistrées dans les systèmes appliqués en Tunisie. Les professionnels ne disposent pas de moyens efficaces pour effectuer ces opérations, ni de garanties et encore moins de facilités. D'ailleurs les réclamations en la matière sont nombreuses, notamment, en ce qui concerne les identifiants. L'enquête a également révélé que 3,9 % des professionnels font des publications d'appels d'offres sur le net, 11,1 % des stocks. 7,4 % nouent des liens avec d'autres entreprises sur la toile. Autre conclusion relevée par l'enquête, les budgets alloués aux technologies nouvelles de l'information et de la communication sont encore très faibles. D'ailleurs, la quasi-totalité, soit 91,3 % réservent moins le quart de leur budget à ces outils. Les entrepreneurs « avertis » sont minoritaires. 1,6 % seulement consacrent entre 75 et 100 % au TIC. Cela s'explique toujours par la hausse des prix. L'informatique est classée ainsi parmi les charges difficiles à gérer par les entrepreneurs, d'où l'importance de leur accorder des facilités d'acquisition, sans pour autant oublier l'amélioration de l'infrastructure de base. En dépit des tentatives de simplification des procédures d'importation des équipements électroniques, les entreprises trouvent encore des difficultés en la matière. Le gouvernement ne cesse de parler de réduction des délais d'importation des équipements électroniques, des facilités, des procédures administratives Mais ces privilèges ne sont pas saisis par tous les entrepreneurs faute de moyens, certes. Quant à l'infrastructure de base, elle ne répond pas toujours aux attentes des professionnels. Des coupures d'Internet, des pannes répétitives par exemple à l'intérieur du pays. Les entreprises, celles exportatrices, trouvent de temps en temps des difficultés à gérer les affaires à cause des coupures ADSL. Mais, le ministère est toujours rassurant. El Hadj Gley, ministre des Technologies de la Communication a indiqué, lors des débats budgétaires, que la Tunisie a multiplié par quatre la capacité de raccordement au réseau Internet. Il a signalé que l'objectif est d'atteindre 12 giga bits par seconde au cours des premiers mois de l'année 2009. Il a précisé également que le secteur a enregistré une croissance vertigineuse qui est de l'ordre de 100 % en 2008. Idem pour le haut débit, mais à un rythme moindre. Au total 35 mille internautes sont abonnés à l'ADSL de plus d'un méga bits par seconde. Ils n'étaient que de l'ordre de 6 mille en 2007, d'après le ministre. El Hadj Gley a par ailleurs précisé que les prix des abonnements Internet ont enregistré une réduction de 25 % au cours de l'année 2007 et entre 25 et 30% en 2008. Si le gouvernement ne lésine pas sur les moyens, beaucoup reste à faire notamment, en matière de sécurité informatique pour encourager les professionnels à intégrer les nouvelles technologies. C'est ce qui explique d'ailleurs la faible diffusion des processus internes électroniques et du e-business. Pire encore, l'infrastructure des TIC n'est développée que dans quelques secteurs, entre autres, l'aéronautique, l'agroalimentaire, viennent par la suite les secteurs financiers et des industries mécaniques et électroniques. Cette infrastructure est moyenne dans les secteurs de la distribution, du tourisme, du textile et du bâtiment qui constituent des vecteurs de l'économie nationale.